Mako, ingénieur du son en exploration à la Presqu’île

Mako ingénieur son
Prise de sons en milieu naturel, composition musicale et tournages font partie du quotidien de Mako, de retour au Fenua, où il a passé une partie de son enfance (Photos : ACL/LDT).
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L’appel de la nature

Le calme du lagon rompu par des chants d’oiseaux, sur les hauteurs de Toahotu. C’est le décor quotidien qui fait le bonheur de Bertrand Blais, alias Mako, surnom hérité de son enfance à Mahina, qui ne l’a jamais quitté. À 51 ans, cet ingénieur du son originaire des Pyrénées est aussi passionné par son métier que par la Polynésie. « Mes grands-parents se sont installés à la Presqu’île dans les années 1960 en tant qu’enseignants. Depuis tout petit, la musique me passionne. J’ai été bercé par les tonalités polynésiennes et occidentales en grandissant », se souvient-il. Après le lycée, un BTS audiovisuel à Bayonne lui ouvre les portes d’un premier emploi à Paris, à la chaîne Eurosport. Le besoin d’aventure reprend pourtant le dessus quelques années plus tard. « J’ai tout plaqué pour devenir intermittent du spectacle. J’ai travaillé en studio et je suis parti en tournée, des petites salles aux grands festivals », confie-t-il, collaborant avec des artistes comme Étienne Daho ou Charlotte Gainsbourg. L’appel de la mer le mène ensuite sur la côte basque, à Biarritz. Formateur, il travaille également au studio d’enregistrement de Quiksilver, où des groupes du monde entier viennent jouer et surfer pour les films de la marque.

Mako ingénieur son
Mako en prise de son à Teahupo’o.

Les micros au cœur de la vague

D’une vague à une autre, le voici en Polynésie. « L’année dernière, je me suis décidé à revenir en famille. J’avais envie d’être pas trop loin des spots de surf. En termes de lieu de travail et de source d’inspiration, la Presqu’île, c’est parfait ! Je rêvais de me retrouver à Teahupo’o sur un bateau avec mon micro pour enregistrer les sons de cette superbe vague… J’ai eu la chance de contacter Tim McKenna au moment où il venait d’avoir cette demande d’Oxbow de faire un film de surf particulier, axé sur le son : Raw », se remémore Mako, tout juste remis de ses émotions. « C’était un vrai travail de prise de son sur le bateau, puis en jet-ski, pour être au plus près de la vague avec le moteur coupé, prêt à redémarrer à tout moment avec Tahurai Henry. J’ai aussi utilisé un hydrophone et j’en ai profité pour expérimenter d’autres systèmes de prise de son en immersion à 360 degrés, dit ambisonique. La petite astuce pour en profiter, c’est de regarder et d’écouter le film avec un casque audio ou des écouteurs. On peut aussi jouer avec la hauteur et la profondeur grâce à ce genre d’outils », précise-t-il.

Si l’univers marin l’inspire autant, ce n’est pas un hasard. « Le son se propage dans l’air exactement comme les vagues se propagent dans l’eau. C’est une impulsion d’énergie qui se déplace dans la matière. C’est un parallèle que je fais souvent, car les vagues sont un moyen visuel parfait pour comprendre le son ». Entre prises de son et mixage, le professionnel ne manque pas de projets. Prochain rendez-vous inscrit à son agenda : un tournage avec une équipe de l’émission Thalassa entre Apataki et Teahupo’o.

Un road trip musical de Tautira à Teahupo’o

Mako est aussi musicien. S’il joue de la guitare, du ukulele et du kamaka, depuis trente ans, il s’est aussi pris de passion pour la musique assistée par ordinateur. Un domaine dans lequel il peut laisser libre cours à sa créativité. « Je viens juste de finir l’enregistrement d’un EP, un album de 6 titres que j’ai composé ici, avec cette vue magnifique sur le lagon. Ce sont des musiques instrumentales qui intègrent des instruments réels, pensées comme un road trip qui suit le soleil, de son lever à Tautira jusqu’à son coucher à Teahupo’o. Chaque morceau est une étape jusqu’à la vague. J’ai fini la partie musicale, maintenant, il me reste à prendre mes micros et à partir en exploration pour enregistrer des sons pour créer cette bande originale qui met en avant la nature », détaille-t-il. Road to Teahupo’o, c’est le nom provisoire de cet album. Il sera disponible sur les plateformes digitales dans les prochains mois, à l’image d’une précédente création, Scuba Diving.

Un métier d’avenir ?

Pour Mako, sans hésitation, la réponse est oui, d’autant que deux de ses trois enfants se sont engagés sur la voie de l’audiovisuel. Il nuance toutefois ses propos, entre atouts et inconvénients selon le profil de chacun : « Il y a moins de travail qu’à une époque. C’est dû à l’évolution des outils : aujourd’hui, on peut même faire un film avec un téléphone portable. Mais il y a des domaines où il y a encore beaucoup de travail, comme la sonorisation des concerts, des spectacles, des conférences, etc. C’est un métier de passion, les journées sont longues et c’est physique. Quand j’étais formateur en France, j’ai croisé beaucoup de jeunes, mais aussi des personnes qui entamaient une reconversion à 50 ans, parce qu’elles n’avaient pas osé plus tôt. Et le côté créatif est sans fin : c’est un métier qui correspond bien aux personnes qui n’ont pas envie de faire tous les jours la même chose. On peut faire ce métier pendant trente ans et ne jamais s’ennuyer ! ».