New tech – Pourquoi Meta ne s’intéresse plus aux metavers

"Les métavers ne rapportent pas assez d’argent car ils ne répondent pas à un vrai besoin."
"Les métavers ne rapportent pas assez d’argent car ils ne répondent pas à un vrai besoin." (Photo DR)
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Le 14 avril dernier, Mark Zuckerberg a écrit une lettre aux employés du groupe Meta (anciennement Facebook). Cette lettre est intéressante à trois égards sur le “virtuel”.

Premièrement, M. Zuckerberg écrit : “In-person time helps build relationships and get more done”, ce qui se traduit en “le travail présentiel permet de construire des relations et de produire plus”.

C’est toujours cocasse de voir ce qui nous est vendu par les grandes entreprises, et ce que ces mêmes entreprises font pour elles-mêmes. Ce serait intéressant de savoir à quelle fréquence les patrons des chaînes de fast-food mangent ce qu’ils vendent. Et on ne le rappellera jamais assez, la Silicon Valley met ses enfants dans des écoles où l’usage des smartphones et tablettes est très limité, voire interdit.

Deuxièmement, le président de Meta insiste sur l’efficience et la rationalisation des coûts, ce qui signifie chez les américains : “on va licencier”. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas semblant. Après avoir “remercié” 11 000 collaborateurs en novembre 2022 (soit 13% des effectifs), Meta a annoncé se séparer de 10 000 en 2023. C’est-à-dire 21 000 personnes en quelques mois. Et 5000 offres d’emplois ont été retirées. Pour rappel, en 2022, le groupe Meta employait 82 000 personnes.

Enfin, le plus important est dans ce qui n’est pas dit. Depuis des mois, le fondateur de Facebook vantait à tout va les mérites des métavers. Aujourd’hui, il n’est en plus guère mention. La réalité est simple et triviale : les métavers ne rapportent pas assez d’argent car ils ne répondent pas à un vrai besoin. Entre l’équipement nécessaire, la technologie balbutiante et l’aspect captif d’un métavers, le client lambda n’est visiblement pas intéressé.

Et surtout qu’en face, il y a la coqueluche du moment : ChatGPT et toutes les autres IA de génération de conversation, d’images, de son, etc. La valeur de ces outils est réelle, là où le métavers a pour seul but de nous afficher une énième fois de la pub alors que nous voudrions nous divertir. Les jeux vidéo font bien mieux l’affaire.

Pour conclure, une recommandation de lecture : “Antifragile”, de Nassim Taleb, un livre sur le concept d’anti-fragilité, i.e. la capacité d’un système à se renforcer lorsqu’il est soumis à des chocs. Mark Zuckerberg vient de faire un magnifique croche-pied au métavers, nous allons pouvoir vérifier dans les mois à venir si ce dernier arrivera à se relever, et ainsi démontrer qu’il n’est pas que du vent.

Pita