
Bientôt à Paris pour quatre mois. L’artiste designer, Orama Nigou, est lauréate d’une résidence d’artiste, à la Cité internationale des arts, à partir du 3 août. Organisée par la direction de la culture et du patrimoine, la sélection, qui a été révélée jeudi 27 avril 2023, a aussi retenu Evrard Chaussoy, artiste peintre (programme de quatre mois), Jonathan Mencarelli, artiste sculpteur (trois mois) et Vahaeinui Doom, artiste illustrateur connu sous le nom de Vashee (trois mois).
« C’est une grande joie et un soulagement parce que je mettais beaucoup d’espoir dans cette résidence pour mes projets de la fin de l’année et du début de la prochaine », reconnaît l’ancienne élève du Centre des métiers d’art (CMA) de Papeete, titulaire d’une licence en design textile, obtenue en 2021, en France.
La Cité internationale des arts, qui accueille depuis sa création en 1965, des artistes du monde entier leur permet de travailler dans un environnement favorable à la création, éloigné des tracas matériels du quotidien.
« Je suis très excitée. C’est une aventure à vivre et potentiellement une grosse opportunité de développement de carrière », reconnaît Orama Nigou, qui attend beaucoup des rencontres avec les professionnels du milieu de la culture et le public. « Je suis très productrice de pièces pour l’instant. Mais j’ai envie de développer l’aspect performance de mon travail parce que ce que j’aime de plus en plus, c’est continuer à me poser des questions avec ces pièces et donc à les mettre en scène, à les faire interagir avec un maximum de situations différentes. J’ai donc regardé tout ce que la Cité des arts pouvait apporter en termes de danse, de théâtre. »
Éveil à l’art dès l’enfance
La jeune artiste de 24 ans, née à Raiatea, dessine depuis qu’elle sait tenir un crayon. L’éveil à l’art d’Orama Nigou lui a été insufflé par ses parents, grands amateurs de documentaires culturels, qui l’emmenaient avec son frère dans les musées partout où ils allaient en voyage.
« Puis c’est au CMA que j’ai découvert mon appétence pour tout ce qui est matériaux organiques. À partir de là, j’ai identifié dans quelle catégorie ces matériaux m’intéressaient et c’est la création de textiles qui revenait le plus souvent. »

de la plume qui attire
l’artiste et designer d’objets
du patrimoine polynésien.
Photo : DR
« Depuis que j’ai lancé ma carrière artistique, je travaille sur les objets du patrimoine polynésien, notamment les objets textiles et en particulier ceux qui font intervenir la plume. À partir de ces objets, je crée ma propre pratique et mes propres questionnements, notamment comment la création contemporaine utilise, réinvestit et communique avec le patrimoine et comment ce rapport existerait dans le futur », détaille l’artiste, fascinée par l’anthropologie. Elle tire son inspiration des objets du patrimoine culturel polynésien donc, « de lieux, d’artistes, de monuments, de livres, de réflexions ». « Ça peut vraiment venir de tout. »
L’amour de la plume
Son intérêt pour la plume s’est développé lors de ses stages en licence. « C’est un élément qui me trottait dans la tête depuis un petit moment et qui est très important dans le patrimoine polynésien. Le travail des matières organiques me fascine de plus en plus. C’est peut-être leur rapport au corps et à la sensualité qui m’attire. J’ai découvert le métier d’art qui est la plumasserie et je me suis dit que ce serait un très bon moyen pour moi d’aborder cette matière. Je suis tombée amoureuse de la plume. »
Après six ans d’études, l’épidémie de Covid pointe son nez et Orama Nigou rentre au fenua, où elle monte son entreprise, l’atelier Tamau et participe à la septième promotion de l’incubateur de projets, Prism de la CCISM, avec « le projet de développer des textiles fabriqués en Polynésie française faisant intervenir des matériaux végétaux (tapa, more, fibre de coco) et animaux (plume) et les savoir-faire locaux, avec une approche de développement durable ».
Orama Nigou a déjà pris part à la Tahiti Fashion Week avec ses créations parce qu’elle « trouve important de varier les contextes dans lesquels nous montrons nos travaux ». L’artiste va avoir quatre mois à Paris pour en profiter.
T.I.
