Territoriales – Nouvelle majorité : les attentes des partenaires sociaux

Les syndicats de patrons comme de salariés insistent sur l'importance de la bonne santé économique du pays. (Photo : archives LDT)
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Deux jours après le second tour des élections territoriales et au lendemain du 1er mai, jour de la Fête du travail, La Dépêche de Tahiti s’est intéressée aux attentes futures des partenaires sociaux du Pays, patronat et syndicats de salariés, quant à l’arrivée du nouveau gouvernement au pouvoir dans une dizaine de jours.

Pour Frédéric Dock, président du Medef-Polynésie, la priorité est que les représentants des entreprises soient rapidement reçus par le nouvel exécutif. Cette rencontre, toujours selon le patron du Medef, sera importante pour rassurer le monde économique local, national mais aussi international. Il nous informe d’ailleurs que le président national du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, sera en visite dès ce mercredi 3 mai en Polynésie française. Il sera reçu en sa présence par Moetai Brotherson ce vendredi 5 mai.

Pour le Medef, la fiscalité est point important à voir rapidement avec le futur gouvernement. Le syndicat patronal et le Tavini qui a remporté les élections sont d’accord : priorité au développement économique du Pays. Pour Frédéric Dock, “le taux d’emploi est trop faible. Il va falloir ramener les gens éloignés du travail, leur faire retrouver une forme d’activité. C’est la seule solution. Augmenter le nombre de travailleurs, c’est favoriser le développement économique.” Sur le plan fiscal, il estime qu’une “augmentation de la fiscalité sans croissance économique serait anti-productive, voire destructrice pour l’emploi .”

Pour Christophe Plée, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), il est préférable d’attendre que le nouveau gouvernement soit formé avant de rencontrer les vainqueurs des élections territoriales. Il est important, selon lui, que le débat avec les prochaines personnes au pouvoir s’oriente aussi sur les très petites entreprises (TPE) ainsi que sur les petites et moyennes entreprises (PME) polynésiennes.

La CPME admet une grande attente en matière d’aide au développement des entreprises, d’aide au lancement/création d’entreprises par les jeunes entrepreneurs et aussi à la sensibilisation sur les problématiques des petites structures comme par exemple la retraite des chefs d’entreprise (proposition par la CPME de la création d’un fond de retraite pour les non-salariés). Le président de la CPME espère surtout “que les PME/TPE seront écoutées.”

Du côté des syndicats de salariés, la confédération CSTP/FO, via son secrétaire général Patrick Galenon, pointe l’emploi comme priorité à évoquer rapidement avec le prochain gouvernement : “Il faut ramener les personnes sur le chemin de l’emploi. Facile à dire, pas facile à faire. Le nouveau gouvernement devra s’atteler à cela.” Plus que la CPS ( contribution pour la solidarité, dite “TVA sociale”), l’organisation syndicale estime également que le futur gouvernement devra s’interroger sur les prix des produits et leur contrôle.

Patrick Galenon prend en exemple les variations/augmentations de prix sur le punu pua’atoro, et cela bien avec la promulgation de la contribution pour la solidarité. Le syndicat juge nécessaire un contrôle des marges. La CSTP/FO souhaite également que le prochain gouvernement réfléchisse à la question d’un amortisseur social, notamment lorsqu’un employé perd son emploi par exemple. La question de la santé, notamment le dossier sensible des maladies radio-induites, devra être évoqué avec le futur exécutif.

Du côté d’A Tia I Mua, et de sa secrétaire générale Avaiki Teuiau, il est question de revenir sur le courrier de quinze doléances envoyé par toutes les organisations syndicales du Pays le 4 octobre 2022. Doléances qui se sont soldées par une fin de non-recevoir de l’ancien gouvernement, selon elle. Elle appuie surtout sur trois points  : les discussions sur les grilles salariales du secteur de l’industrie ; la prime d’ancienneté et son déplafonnement ; le “et/ou” de la reforme des retraites de 2019 sur le cumul “conditions âge + durée de cotisations” pour partir à la retraite. Pour la confédération, le “et” doit disparaître et laisser place au “ou”. Autre dossier important pour A Tia I Mua, celui préparé par Christelle Lecomte de la Confédération syndicale des agents communaux de Polynésie française (Cosac), sur les revendications au niveau des communes : revalorisation des salaires des fonctionnaires communaux, rajout d’échelon pour certaines catégories, révision des salaires des contractuels de +1,5 % en juin 2023 et +2 % au 1er janvier 2024. Les réponses relèvent de la compétence de l’État mais la confédération compte sur le nouveau gouvernement pour intervenir en soutien. Avaiki Teuiau, espère surtout avoir “des discussions constructives” avec le gouvernement Tavini.

Du côté de la Confédération des syndicats indépendants de Polynésie (CSIP) de Cyril Le Gayic, il faut laisser le temps au gouvernement de se mettre en place, d’apprendre à connaître les ministres api, notamment ceux du Travail et des Finances. L’objectif sera alors de rediscuter des quinze doléance envoyées au précédent gouvernement en octobre dernier.

Au niveau du port et du syndicat des travailleurs de la manutention portuaire, représenté par Mahinui Temarii, la priorité, comme beaucoup, sera de favoriser la santé économique du Pays.

Concernant le pouvoir d’achat des ménages, avant de vouloir augmenter la CST… peut-être faudrait-il, selon le leader syndical, revoir les taxes de transports et autres. Au niveau du port, il faut, selon Mahinui Temarii, accompagner les employeurs de la manutention qui investissent pour garantir l’emploi et le bien-être au travail, notamment en matière de sécurité.

Enfin, pour Atonia Teriinohorai, secrétaire général de la confédération O Oe To Oe Rima, il faut d’abord laisser le nouveau gouvernement se mettre en place. Ensuite, l’un des ses axes prioritaires sera l’accès à l’emploi, notamment dans les secteurs porteurs que sont le bâtiment et l’hôtellerie. Atonia Teriinohorai estime qu’il serait nécessaire d’apporter un coup de pouce à l’embauche dans les TPE/PME qui représentent la grande majorité des entreprises polynésiennes.

Des sujets comme la protection sociale généralisée, l’éducation, le coût de la vie ou encore la réduction des dépenses publiques sont aussi à soulever selon lui. La question de la route traversière sur Tahiti ne devra pas non plus être mise de côté, afin de désengorger les routes de Tahiti et faciliter la vie des salariés. Pour conclure, Atonia Teriinohoarai insiste sur l’importance du mot “contrôle” dans les discussions avec le prochain gouvernement : contrôle sur les prix, contrôle sur les arrêts-maladie…

Il n’a pas été possible de joindre Otahi.

Propos recueillis par Sébastien Berson.