Le président du Medef national à la rencontre des chefs d’entreprise de la Presqu’île

La série de visites au sud de Tahiti a débuté par la zone industrielle de Faratea, aux portes de Taravao (Photos : ACL/LDT).
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Du poisson à Papeete au mono’i à Faratea

Après une première visite au port de pêche de Papeete, en début de matinée, le président du Mouvement des Entreprises de France (Medef) national, Geoffroy Roux de Bézieux, a pris la direction de la Presqu’île de Tahiti, ce mercredi 3 mai 2023, pour une série de rencontres qui a débuté à la zone industrielle de Faratea, aux portes de Taravao.

Avec Jérémy Biau, gérant de Tahiti Oil Factory.

Accompagné du président du Medef en Polynésie, Frédéric Dock, le représentant national a été sensibilisé aux rouages de la filière du cocotier, via quelques productions emblématiques, telles que le mono’i et l’huile de coco vierge. Pour Jérémy Biau, gérant de Tahiti Oil Factory et membre de l’association Mono’i de Tahiti, cette rencontre a permis de souligner plusieurs enjeux. « Pour nous, il s’agissait d’apporter un éclairage sur le fonctionnement de notre filière et ses problématiques, comme les difficultés à l’export, les délais et coûts du transport, l’accès aux solutions écoresponsables limité par notre insularité, de même que les positionnements des prix de vente. On est plein de bonne volonté pour se développer avec des produits à valeur ajoutée, qui ne suffit pas à l’international dans un marché concurrentiel. Ce n’est pas parce que ça vient de Tahiti qu’on peut se permettre d’être 50 ou 100 % plus cher », nous a indiqué le chef de cette entreprise de trois salariés, qui cherche également à investir dans des solutions d’étiquetage et d’embouteillage plus efficaces.

Contribuer au développement économique

Dans le second hangar en cours de finition de Bylie.

Une deuxième rencontre était programmée à Faratea avec Éric Alga, propriétaire de l’entreprise d’impression Bylie, comptant parmi les trois principales PME spécialisées dans le domaine avec une dizaine de salariés. Prochainement inauguré, son second site viendra diversifier une production en essor depuis 1992 à la Presqu’île. Particularité de ce nouveau hangar financé sur fonds propres : il sera autonome en eau et en électricité pour s’inscrire dans l’air du temps. « J’ai pu évoquer plusieurs problèmes, comme les panneaux solaires qui ne sont pas défiscalisés par rapport aux groupes électrogènes, le recyclage des matières premières et les investissements non-aidés. Le Medef Polynésie nous offre une vraie écoute, avec un président accessible. Ça fonctionne bien, mais on n’est pas toujours entendu plus haut ensuite », remarque le chef d’entreprise et président du Syndicat des Ennoblisseurs Textiles de Polynésie française, qui n’a pas hésité à investir dans de nouvelles machines à la pointe de la technologie 3D et laser pour aller de l’avant.

La suite du programme de cette tournée au sud de Tahiti était chargée avec plusieurs étapes au site olympique de Teahupo’o (voir interviews ci-dessous), chez le producteur de crevettes Aquapac, à l’Ifremer de Vairao, au chantier de construction navale et de charpentes métalliques Nautisport Industries en baie de Phaëton, ainsi qu’auprès de la communauté de communes Tereheamanu pour une vision globale des perspectives de développement économique de la zone. D’autres rencontres sont prévues à Tahiti jusqu’au vendredi 5 mai 2023.

Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef national :

« L’économie doit être au cœur des préoccupations des pouvoirs publics »

  • Vous arrivez en Polynésie française dans un contexte de crise économique et au lendemain de la victoire du parti indépendantiste aux élections territoriales. Quels sont les objectifs de votre visite ?

« Je suis d’abord là pour connaître et comprendre. C’est la première fois qu’un président du Medef national vient en Polynésie, donc il s’agit de comprendre comment fonctionne l’économie locale et ses problèmes, notamment en lien avec l’économie insulaire, en termes d’autonomie et de possibilités de fabrication locale. Il n’y a rien de mieux que de visiter des entreprises pour comprendre les enjeux. Notre point de départ, ce matin, c’était le port de pêche, puis nous avons continué avec deux plus petites entreprises au sud de Tahiti. Vu la taille de la Polynésie, c’est par les TPE et les PME que l’activité croît ».

  • Quel bilan dressez-vous de ces premières rencontres ?

« Nous ne sommes qu’en début de visite, mais ce qui est clair, c’est qu’il y a un tissu entrepreneurial très actif et dynamique. Pour autant, 53 % de la population active travaille. C’est déjà bien, mais ça pourrait être plus, notamment au niveau de la jeunesse. L’économie doit être au cœur des préoccupations des pouvoirs publics ».

  • En ce sens, quel rôle peut jouer le Medef ?

« Le Medef Polynésie est le porte-parole des entreprises, avec la difficulté de représenter tous les secteurs et toutes les tailles d’entreprises. Au niveau national, je vais repartir avec un certain nombre de messages pour les ministres de l’Intérieur, des Outre-mer et des Finances, auxquels je ferai une synthèse en fin de séjour ».

  • Outre les visites d’entreprises, vous venez aussi voir le futur site olympique de Teahupo’o et rencontrer le comité organisateur local. Dans quel but ?

« Je suis membre du conseil d’administration des Jeux Olympiques, où je représente le monde économique. Je profite de ce séjour pour aller voir le site, qui a malheureusement été endommagé. Ce n’était pas prévu, mais ça va me permettre de me rendre compte des dégâts. Les JO sont une formidable occasion pour Tahiti et la Polynésie de se faire connaître par le monde entier. Ce coup de projecteur est une opportunité extraordinaire pour le tourisme ».

Frédéric Dock, président du Medef en Polynésie :

« L’opportunité des Jeux Olympiques peut profiter au développement économique »

« C’est un honneur de recevoir le président du Medef national, qui est une grande figure en métropole, reconnue par l’ensemble du monde économique et politique. Aujourd’hui, nous sommes venus visiter plusieurs entreprises du sud de Tahiti, où nous avons plusieurs adhérents. C’est aussi l’occasion de voir de quelle manière cette extraordinaire opportunité des Jeux Olympiques 2024 peut profiter au développement économique, en attirant des touristes et des investisseurs dans la zone, malgré les terribles événements de ces derniers jours. Nous allons aussi rencontrer la communauté des communes du sud de Tahiti qui va nous présenter ses projets de développement. Nous avons eu l’occasion de parler des enjeux d’exportation au port de pêche ce matin, mais aussi des difficultés en termes de compétitivité pour le mono’i, par exemple. C’est d’ailleurs un des gros axes de travail du Medef Polynésie : réduire les charges sociales et fiscales des entreprises, tout en encourageant un gros travail d’image et de communication à l’échelle mondiale ».