
Une frustration immense s’est emparée du public de Toata, ce vendredi soir 5 mai, à l’occasion de la première édition du Tahiti Fighting Championship. Annoncé en grande pompe, l’évènement avait à cœur de promouvoir des rencontres internationales et professionnelles, entre nos aito et l’avant-garde du MMA étranger. Mais sur les 15 combats annoncés, seulement 12 ont eu lieu.
Une amertume légitime pour les Polynésiens qui attendaient depuis de nombreuses années de voir combattre leurs champions à domicile. À l’image du petit prince de Moorea, Henry Burns, dont l’adversaire n’a pas souhaité se présenter au combat.
Suite à un désistement, Raihere Dudes a également dû se trouver un adversaire au pied levé en la personne de Julio Aguilera, un ami de longue date, venu tout droit des États-Unis. De quoi faire grincer les dents des spectateurs au vu des prix des billets…
Fort heureusement, la soirée n’a pas souffert du manque de talent. Les combattants locaux, amateurs ou professionnels, s’en sont donnés à cœur joie dans l’octogone pour le plus grand plaisir d’un public finalement rassuré.
Vaitehau Otcenasek et Natua Toofa hors-pairs
Les huit combats préliminaires n’avaient d’amateur que le nom. Issus du taekwondo, du muay thaï, de la boxe ou du jiu jitsu brésilien, la qualité technique des différents combattants n’était pas à prouver. Dès les premiers combats, “jab”, “high & low kick”, “take down” et “choke” ont ponctué le spectacle.
Dans la première rencontre, Mael Superbie-Cousy affichait un bagage technique impressionnant, debout et au sol. Une approche tranchante qui n’a laissé aucune chance à son adversaire, Manutea Tainoa, qu’il finit par soumission : étranglement arrière depuis le dos.
Tout aussi saisissant, le combat opposant Kevin Tehiva à Manaia Dauphin fut expéditif. Manaia à l’assaut s’est fait surprendre par un magnifique contre de Kevin, qui profitait de l’occasion pour renverser la situation et finir son adversaire au sol contre la cage. Arrêt de l’arbitre, victoire pour Kevin.

Très apprécié du public pour sa générosité dans l’effort, Tuki Reid est revenu dans l’octogone avec un certain sens du devoir : montrer à tous qu’il peut jouer les premiers rôles. Opposé à Jonathan Vahapata, le jeune aito de “Almost Island BJJ” a montré une boxe affutée et incisive. Agrémentée d’une technique au sol bien supérieure à celle de son adversaire, il ne laissait aucun doute. Victoire logique pour Tuki.
Autre sensation de la soirée, Vaitehau Otcenasek. Sans l’once d’une hésitation, le jeune phénomène s’est montré intraitable face à Nohotua Flores. Issu du jiu jitsu brésilien, Vaitehau a fait parler sa science du sol : contrôle contre la cage, emmenée au sol, contrôle du dos puis étranglement arrière. Une copie parfaite rendue par le jeune combattant qu’il faudra suivre de très près dorénavant.
Toutefois, le KO de la soirée revenait à Natua Toofa. Son adversaire, Matahi Lai, avait pourtant l’air en grande forme, mais il n’aura fallu qu’un seul coup pour mettre fin à la rencontre. Une frappe nette, foudroyante, qui laissait Matahi “sans vie”. Le public conquis ovationnait le aito, à juste titre.
Une “main card” en demi teinte
Combattants absents, annulation de dernière minute… pas facile pour le public de digérer tous ces désistements. Encore une fois, les organisateurs ont pu compter sur leurs athlètes pour faire passer la pilule. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nos aito n’ont pas démérité.
En effet, si le courage avait un visage, il aurait celui de Tehanahana Bernardino. Coincée dos au sol durant les trois rounds, la Tahitienne a encaissé de lourdes frappes. Et pourtant, face à la double championne du monde amateur de MMA, Gase Sanita, la Tahitienne n’a jamais pensé abandonner et est allée au bout. Victoire logique de la Néo-zélandaise, mais le courage et la résilience de Tehanahana ont ému le public.

Au combat suivant, Julian Schlouch ne s’est pas laissé distraire par les circonstances. Teanihau Poroiae, combattant émérite en muay thaï, représentait pourtant un challenge non négligeable. Mais fort de son expérience au sol, Julian capitalisait sur ses atouts. “Take down”, contrôle au sol puis frappes au visage, suffisant selon l’arbitre pour arrêter le combat. Le jeune Julian n’en finit pas d’impressionner.
Très attendu, le champion local Teiki Nauta a eu fort à faire face à l’américain Chace Eskam. Si le Tahitien dominait sans partage les phases debout, ce fut une tout autre histoire au sol. Heureusement pour le jeune aito, le gong l’a sauvé plus d’une fois. Mais l’Américain a également souffert, en témoignait son tibia gauche, rouge sang, martelé par Teiki. Impossible à départager, les juges déclaraient le match nul.
Le combat de Henry Burns étant annulé, le public assistait directement au combat final entre Raihere Dudes et Julio Aguilera. Les deux amis, peu enclins à se donner à 100%, ont essayé tant bien que mal de faire le show. Hélas, les coups étaient retenus et le public ne s’est pas laissé tromper. Pour autant, la technique était bien là et c’est avec conviction que Raihere s’imposait face à Julio.
