Les voitures en cours de repêchage dans le lagon de Teahupo’o

Sortie voiture lagon Teahupoo
Une barge armée d'une drague et d'un treuil hisse les véhicules un par un (Photos : ACL/LDT).
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Six ou sept véhicules à des profondeurs diverses

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Nicolas Brigato coordonne les opérations.

Suite aux inondations, une société spécialisée dans les travaux maritimes a été missionnée par la commune de Taiarapu-Ouest pour procéder au repêchage des véhicules emportés dans le lagon du PK 0 de Teahupo’o. Les manœuvres de retrait ont débuté ce mardi 9 mai 2023. Escortée par les pompiers municipaux, une équipe de cinq personnes était à l’œuvre pour parvenir à sortir une première voiture vers 10h30, suivie d’une deuxième à 12h45. « Six voitures ont été repérées, plus un septième écho en profondeur pour lequel nous ne sommes pas encore fixés. Nous allons devoir aller vérifier avec un ROV, un petit sous-marin dirigé, car c’est à une profondeur supérieure à 60 mètres. Trois voitures sont sur le récif, deux autres sont entre 4 et 6 mètres de profondeur et la première sortie était à plus de 20 mètres de fond », explique Nicolas Brigato, gérant de Ti Ai Moana et coordinateur des opérations.

Un protocole et des outils spécifiques

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Treuillage en cours.

Un protocole précis et des outils spécifiques sont mis en œuvre dans le cadre de ce chantier atypique, plusieurs véhicules devant être ramenés à la surface. « Un hydrographe est venu repérer les voitures grâce à un écho-sondeur tracté à l’arrière de son bateau pour établir les points GPS. Nos plongeurs ont ensuite posé des jalons. Nous avons armé la barge, puis nous avons envoyé les plongeurs en repérage pour poser des sangles sur les voitures et des parachutes de levage pour que tout soit prêt quand la barge arrive sur poste. On hisse les voitures à la surface, si besoin, puis on les lingue sur le treuil associé à une drague, qui sert à écarter la voiture de la porte de la barge lors de la remontée à bord », détaille le responsable, quant aux étapes de repêchage. Comme ses collègues, le capitaine de la barge compose avec les conditions naturelles : les courants et le vent ne facilitent pas la stabilisation de l’embarcation de 16 mètres de long sur 8 mètres de large, tandis que l’accès n’est pas toujours simple, notamment par faible profondeur.

Une deuxième journée de manœuvres sera probablement nécessaire pour rapatrier tous les véhicules à la marina de Teahupo’o, avant leur transfert à Taravao pour expertise. Une dépollution en profondeur serait aussi envisagée, des déchets de toutes sortes ayant été disséminés dans le fond du lagon par la crue.

Morgan Calabuig, plongeur professionnel : « C’est un travail qui demande une bonne coordination »

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« On est dans la passe, donc c’est une zone où il y a pas mal de courant, ce qui a tendance à soulever les voitures de 50 à 60 cm quand on veut passer les sangles de levage. Les conditions météo ne sont pas trop mal, même si la visibilité n’est pas géniale. Bien qu’elle soit blanche, la première voiture que nous avons sortie ce matin à 25 mètres de profondeur, on ne la voyait pas à 3 mètres devant nous. C’est un travail qui demande surtout une bonne coordination entre les différents membres de l’équipe, tous expérimentés. Après des cyclones, on a déjà eu des interventions sur des renflouages de bateaux, mais autant de voitures d’un coup, c’est plutôt rare ».

Quels dédommagements pour les propriétaires ?

Si cette sortie de l’eau est un soulagement pour les propriétaires des véhicules, le dossier est encore loin d’être clos. Soudainement privés de leur moyen de locomotion, tous restent dans l’attente. « J’avais garé ma voiture en bord de rivière dans le chemin. Entre les travaux et la houle, il n’y avait plus de place sur le parking », nous a confié Hinatea Boosie, en fin de semaine dernière. « J’ai contacté mon assurance, qui m’a indiqué que ma voiture serait expertisée une fois sortie de la mer pour savoir à quelle hauteur je serai remboursée. L’enlèvement de l’eau ne pouvait pas être pris en charge, donc heureusement que la commune a géré ça pour nous ! Mon beau-père a lui aussi perdu sa voiture, qui était garée au parking de la fin de la route, en bord de mer. J’ai pu me faire prêter une voiture pour un mois par une connaissance, en espérant qu’on aura des nouvelles de l’assurance d’ici là pour racheter une autre voiture ».

Angie, une voisine résidant également de l’autre côté de la rivière, avait stationné son véhicule principal à proximité de celui de Hinatea, faute de pouvoir franchir le passage à gué. « C’est allé très vite : le courant était tellement fort qu’une fois les voitures dans la rivière, en une minute, elles étaient déjà dans le lagon », se souvient-elle, toujours dans l’incompréhension face à ces débordements. « J’ai fait ma déclaration : étant assurée tous risques, ce sera pris en charge, ce qui est vraiment une bonne nouvelle ! L’état de catastrophe naturelle, ça aide, mais on ne m’a donné aucun délai. Nous avons un deuxième véhicule qui ne fonctionne pas super bien, donc on se débrouille en attendant », précise la jeune femme, indiquant que des voitures de location seraient également concernées.