Sans concurrence, Antony Géros s’installe au perchoir de l’assemblée

Antony Géros, " couronné", après son élection à la tête de l'assemblée de Polynésie française. ( Photo : WC)
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Il en avait été décidé ainsi depuis longtemps. En cas de victoire du Tavini huiraatira aux élections territoriales de 2023, Antony Géros serait le président de l’assemblée de Polynésie française. C’est chose faite. Le maire de Paea a été élu ce 11 mai 2023 au perchoir pour les cinq prochaines années. Il devient le 27ème président de la troisième institution du Pays et revient présider Tarahoi, 17 ans après l’avoir quitté.

Effervescence dans l’hémicycle avant le début de la première séance avec les 57 nouveaux représentants. ( Photo : SB)

“C’est une maison bleue”…. le titre de la chanson de Maxime Le Forestier caractérisait parfaitement l’assemblée de Polynésie française (APF), ce jeudi 11 mai, pour la première séance des 57 nouveaux représentants élus et pour l’élection de son président.

Dès l’arrivée dans le hall de l’institution, c’est l’effervescence bleue… des dizaines voir une centaine de sympathisants Tavini huiraatira sont présents et accueillent le public et les politiques, avec drapeaux aux couleurs du parti vainqueur des dernières élections mais aussi en musique et chanson.

Les sympathisants Tavini huiraatira, venus nombreux soutenir leurs représentants à l’assemblée de Polynésie française. (Photo : DG)

A l’intérieur de l’hémicycle, beaucoup de personnalités politiques et civiles sont présentes. On retrouve, Teva Rohfritsch, sénateur de Polynésie française, le Haut-commissaire, Eric Spitz, Eugène Sommers, président du Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec) ou bien encore Hervé Leroy, procureur de la République en Polynésie française ou Thomas Pison, procureur général près la Cour d’appel de Papeete. Le président indépendantiste du Congrès de Nouvelle-Calédonie, Roch Wamytan, a également fait le déplacement jusqu’à Tahiti pour assister à la prise de pouvoir de son homologue au Fenua.

Les représentants du Tavini sont ponctuels et font leur entrée à 9h. La vague bleue, au sens propre, continue à l’intérieur de l’assemblée. Tous les élus Tavini sont en effet vêtus des mêmes chemises bleues pour les hommes, des mêmes robes bleues pour les femmes. Tous sauf un, Antony Géros. Ce dernier pressenti pour la présidence de l’assemblée est vêtu d’une chemise blanche. Comme si déjà prêt à siéger au perchoir…

Oscar Temaru en maître de cérémonie pour cette première séance

Les élus Tapura font ensuite leur entrée, suivis des trois représentants A Here Ia Porinetia, que sont Nicole Sanquer, Nuihau Laurey et Teave Chaumette. Tous ont pris place sur d’anciens sièges du Tavini huiraatira.

Oscar Temaru, doyen des représentants élus (qui s’en amuse…) préside la premier séance comme le prévoit la législation. Il invite dans un premier temps l’audience à se recueillir une minute en mémoire du défunt Teina Maraeura, qui fut pendant 36 ans tavana de Rangiroa, décédé ce jeudi 11 mai des suites d’une longue maladie.

Après l’appel des nouveaux représentants et le rappel de procédures électorales, il est temps de passer à l’élection du président de l’assemblée de Polynésie française.

Du côté du Tavini, Antony Géros est le candidat tout choisi. Edouard Fritch, revenu dans les rangs des représentants, demande la parole. Il déclare que le Tapura ne présente pas de candidat au perchoir. Pas de candidat non plus chez les non-inscrits.

Et c’est sans surprise qu’Antony Géros est élu à la majorité au perchoir. Tous les Tavini ont voté pour le candidat désigné. Les élus Tapura, eux, ont voté blanc. La petite surprise vient des trois représentants non inscrits du parti A Here Ia Porinetia. Tous ont soutenu la candidature de Géros. Au final, 41 voix sont donc exprimées en faveur du candidat Tavini. 16 votes blancs, ceux du Tapura, sont décomptés.

Antony Géros, après son élection comme président de l’Assemblée de Polynésie française. ( Photo : SB)

Antony Géros : “Pour comprendre le présent et anticiper
l’avenir, il faut en savoir assez sur le passé”

Après son élection au perchoir, Antony Géros a insisté, lors de son premier discours comme président de l’assemblée, sur l’histoire et le combat du Tavini huiraatira et de son leader durant toutes ces années. Destinataires principaux de ce discours : les 33 nouveaux représentants Tavini, sur les 38 que le parti compte à Tarahoi. Le nouveau peretetini de l’Assemblée leur rappelle d’ailleurs: “Pour comprendre le présent et anticiper l’avenir, il faut en savoir assez sur le passé.”

Le maire de Paea débute son discours en citant Lee Kwan Yew, le père fondateur de Singapour. La transition est toute trouvée. Cet homme et Oscar Temaru ont des idéaux et une lutte en commun. Et c’est donc sur le parcours politique du leader indépendantiste que le maire de Paea poursuit. Le combat d’un homme, le combat d’une vie, le premier Taui de 2004, jusqu’à la victoire aux législatives 2022 et aujourd’hui…

Bien que pendant toutes ces années le Tavini huiraatira ne suscitait guère, ni l’attention, ni une quelconque appétence de l’Etat, la désignation en 2004 d’un président indépendantiste à la tête de l’assemblée de Polynésie française et celle d’un autre indépendantiste à la tête de l’exécutif du Pays, ne ne pouvait laisser l’Etat indifférent. Un Etat qui va user de son autorité pour faire et défaire une majorité, au gré de son intérêt jusqu’à venir instrumentaliser les élus de Tarahoi, en expliquant qu’il est nécessaire de trouver dans la modification de la loi électorale, la bonne formule pour lutter contre l’instabilité. C’est ainsi que les indépendantistes du Tavini huiraatira, ont été, a la faveur d’une énième modification statutaire et électorale, exclus du pouvoir en 2013. Avec la perspective non avouée, qu’avec cette stratégie, le risque indépendantiste allait être écarté de l’échiquier politique du Fenua. Le Tavini connaitra alors une longue traversée du désert, 10 ans, 10 ans durant lesquels les autonomistes auront gouverné sans inquiétude. Dix ans de plein pouvoir sans entrave ni embuche de la part de la seule vraie opposition que représentait le clan indépendantiste au sein de l’hémicycle. (…) Ce déterminisme idéologique du Tavini huiraatira a finalement payé avec l’élection en juin 2022 de nos trois députés indépendantistes et ce, malgré les manœuvres d’intimidation de l’Etat, décidé a utiliser la voix judiciaire pour stopper et mettre fin à la carrière politique de notre leader indépendantiste, Oscar Manutahi Temaru …”

Son discours se poursuivra par des remerciements aux élus Tavini qui ont voté pour lui mais aussi aux trois nouvelles voix qui se sont rajoutées à son élection à la tête du perchoir. Celles de A Here Ia Porinetia. Remerciements aussi aux personnes présentes dans l’hémicycle.

Félicitations également pour les élections menées par le Tapura huiraatira et par A Here Ia Porinetia. Il aimera rappeler d’ailleurs : “Je suis le président de tous les représentants de l’assemblée de Polynésie française.”