Vaheana Temaui, agricultrice connectée

Vaheana Temaui agricultrice Tautira
L'une des quatre variétés de taro cultivées par Vaheana Temaui à Tautira (Photos : ACL/LDT).
Temps de lecture : 2 min.

Une tradition familiale

Vaheana Temaui agricultrice Tautira
Comme son arrière-grand-père et sa grand-mère.

À Tautira, sur les terres fertiles situées à proximité de la rivière Vaitapiha, rien n’arrête Vaheana Temaui. Qu’il vente ou qu’il pleuve, elle plante, entretient et récolte quotidiennement ses fruits et légumes, comme ses ancêtres. « Je ne l’ai pas connu, mais mon arrière-grand-père faisait le fa’a’apu sur cette terre familiale, surtout de la vanille et du café. Ma grand-mère aussi, mais pas mes parents. Quand je rentrais de l’école, j’aidais dans les champs de taro et de légumes chez un papy sur un terrain juste à côté. J’aimais bien, alors quand j’ai arrêté l’école, je me suis lancée à mon tour avec ma grand-mère », se souvient la jeune femme de 32 ans, quant à cet héritage qui a sauté une génération.

Vaheana Temaui privilégie les produits locaux : patates douces, manioc, bananes, fei, haricots longs, ananas et concombres, sans oublier sa production principale : le taro. « Il y a beaucoup de demande pour les taro. Je cultive quatre variétés : vehi, rarotoa, veo et veo manaura. Comme il faut attendre 8 à 9 mois pour récolter, je plante d’autres légumes qui poussent plus vite, pour compléter », explique-t-elle. Vaheana Temaui assure n’utiliser aucun pesticide, mais s’autorise un peu d’engrais. Avec son compagnon, ils ont aussi pris pour habitude de fabriquer leur propre engrais de poisson. « Avant qu’il trouve son travail, c’était l’inverse : il plantait et je m’occupais de la vente, mais maintenant, je gère un peu plus toute seule. Ce n’est pas tous les jours facile, mais j’y arrive », confie la jeune agricultrice.

La vente en direct via Facebook

Vaheana Temaui agricultrice Tautira
Récolte à la demande sur cette parcelle de pota.

Depuis l’an dernier, Vaheana Temaui est parvenue à augmenter sa production et ses revenus en créant une page Facebook à vocation professionnelle. Grâce à la visibilité offerte par les réseaux sociaux, la vente en direct a pris une autre dimension. « J’ai rapidement eu beaucoup de nouveaux contacts. Je ne peux pas livrer, parce que je n’ai pas mon permis de conduire. Alors ce sont les gens qui viennent à moi, de la Presqu’île et même de la zone urbaine. C’est à la demande : ils passent commande et ensuite ils récupèrent ce dont ils ont besoin », précise-t-elle. Cette initiative permet à cette mère de deux enfants de 5 et 6 ans de subvenir davantage aux besoins de sa famille.

Humble et courageuse, Vaheana Temaui est aussi une source d’inspiration. « Les temps sont durs et je vois beaucoup de jeunes qui trainent dans la rue. Je les incite à faire pareil s’ils ont un peu de terrain. Le taro, ça ne demande pas beaucoup d’entretien. Il faut débrousser autour, mais ça pousse tout seul », encourage la jeune femme. Pour sa part, les projets de développement ne manquent pas. « Avec mon tane, on aimerait bien se lancer dans la production de vanille », conclut-elle. Ce serait en effet une belle façon de rendre hommage à son arrière-grand-père.