Vaihau Bottari, champion en lever de pierre en 80 kg, défend les tu’aro ma’ohi

"La préparation pour les sports traditionnels passe par la maîtrise de la technique. Elle doit être parfaite parce que tu n’as que deux essais. Il faut répéter le mouvement parfait pour avoir le moins de chance de le rater le jour J", partage le champion 2022 en lever de pierre 80 kg. (Photo : T.I.)
"La préparation pour les sports traditionnels passe par la maîtrise de la technique. Elle doit être parfaite parce que tu n’as que deux essais. Il faut répéter le mouvement parfait pour avoir le moins de chance de le rater le jour J", partage le champion 2022 en lever de pierre 80 kg. (Photo : T.I.)
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La deuxième manche des championnats de sports traditionnels, prévue hier 13 mai, est reportée. “Forcément, je suis déçu“, commente Vaihau Bottari, leveur de pierre et grimpeur de cocotier. “Déjà que nous n’avons pas beaucoup de journées pour nous affronter.” Mais son attitude positive prend très vite le dessus. “Ça nous fera plus de temps pour nous préparer.”

Lors de la première manche des championnats de sports traditionnels samedi 18 mars, Vaihau Bottari a réalisé son lever en 1’92, avec une pierre de 80 kilos, à son premier essai. “C’est un temps moyen. Je tourne entre 1’50 et 1’65 plutôt. Mais je suis blessé.” (Photo : T.I.)

La fédération des sports traditionnels a été contrainte de reporter la manche de samedi “à cause d’un problème administratif, suite au changement de gouvernement”, explique Enoch Laughlin, président de cette fédération. “La troisième journée était prévue le 18 juin, ça va sans doute devenir la deuxième et on calera une nouvelle date pour la dernière manche, avant le Heiva Tu’aro Ma’ohi.”

À 33 ans, Vaihau Bottari ronge donc son frein en attendant d’en découdre avec ses opposants. Il pratique le Cross-Fit et les sports traditionnels (lever de pierre et grimper de cocotier) depuis six ans maintenant. “Ce sont deux disciplines qui me correspondent parce que j’aime bien tout ce qui est explosif, qui ne dure pas longtemps et où il faut envoyer la patate.” Le lancer de javelot, autre discipline des sports traditionnels, demande par exemple “plus de concentration que de force”.

De corpulence moyenne tout en muscles, Vaihau Bottari peut soulever une pierre de 140 kilogrammes en 12 secondes. “Porter les mêmes pierres que les grands costauds, c’est une fierté.”

L’athlète a découvert les sports traditionnels parce que dans la salle où il pratiquait le Cross-Fit, il y avait notamment Eriatara Ratia, celui que l’on surnomme le géant de Tubuai. “Je l’ai suivi, j’ai accroché et je n’ai plus lâché”.

“J’aime le partage avec les autres athlètes qui sont des copains parce que nous appartenons tous à une petite communauté” confie Vaihai. “J’aime aussi quand on ressent le mana, quand nous sommes tous réunis. À terme, ce qui me plaît, c’est de retrouver tous les athlètes des autres îles du Pacifique en juillet et vivre encore plus cette force, ce pouvoir.”

Lors de la première manche des championnats de sports traditionnels samedi 18 mars, ce coach sportif qui enseigne le Cross-Fit a réalisé son lever en 1’92, avec une pierre de 80 kilos, à son premier essai.

“C’est un temps moyen. Je tourne entre 1’50 et 1’65 plutôt. Mais là, j’ai une blessure faite au Cross-Fit, donc c’était un peu compliqué. Mais j’ai voulu être là parce qu’en venant participer, tu soutiens la fédération et ça me tient à cœur”, partage celui qui a gagné, l’année dernière, au Heiva Tu’aro Ma’ohi, en lever de pierre catégorie 80 kg et qui est arrivé troisième au grimper de cocotier. “Les autres îles du Pacifique sont très fortes en grimper. Alors chaque année, le combat est rude.”

“Ça aide pour la vie”

Alors Vaihau Bottari s’entraîne pour représenter fièrement Tahiti. “Le Cross-Fit est vraiment complémentaire des sports traditionnels, donc ma pratique du premier me sert pour le second. La préparation pour les sports traditionnels passe par la maîtrise de la technique. Elle doit être parfaite parce que tu n’as que deux essais. Il faut répéter le mouvement parfait pour avoir le moins de risque de le rater le jour J. C’est vraiment beaucoup de technique et donc beaucoup de répétitions. Par contre, peu de cardio, parce qu’on a besoin d’être frais pour performer dans ces disciplines. Il faut être au taquet et avoir tout ton jus dès que le go est donné.”

Au-delà des performances, celui qui a reçu avec “beaucoup de fierté” le prix Tu’aro Ma’ohi des Trophées du sport 2023 “aimerait bien motiver la population à venir participer aux sports traditionnels, parce que c’est notre culture”.

“D’année en année, je vois que de plus en plus de monde s’y intéresse, mais c’est dur d’attirer les jeunes surtout” déplore Vaihau. “Je les encourage à venir parce qu’il y a des choses à apprendre avec les sports traditionnels. Peut-être que les rencontres avec les participants de ces disciplines les feront sortir de leur milieu, de leurs habitudes plus ou moins saines. Parce que si on veut performer, il faut faire attention à son alimentation, à son sommeil, bref à son hygiène de vie. Ainsi ça aide pour la vie, ça donne un équilibre.”

Avec le report de la deuxième journée des championnats de sports traditionnels, les participants qui hésiteraient à embrasser cette discipline ont un mois de plus pour se décider. Ou quand l’attitude positive de Vaihau Bottari continue de prendre le dessus.

T.I.