Justice – Frustré après un “plan à trois”, il s’en prend à sa copine

Le prévenu a obtenu ce qu'il voulait : retourner en prison... (Photo archives LDT)
Le prévenu a obtenu ce qu'il voulait : retourner en prison... (Photo archives LDT)
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Un homme de 33 ans, originaire de Moorea, avait été interpellé et placé en garde à vue le 14 mai après un appel de sa concubine aux forces de l’ordre. La soirée “échangisme” dans un hôtel de Papeete s’était terminée par une dispute et un début de bagarre. Déjà condamné deux fois pour violence, il évite la prison et est placé six mois sous bracelet électronique, une mesure qui va lui permettre de conserver son emploi.

Un couple de trentenaires de Moorea a programmé sa soirée à Papeete. Ils ont réservé une chambre à l’hôtel Sarah Nui, tout proche du quai pour embarquer dès le lendemain matin. Ils consomment de l’alcool à outrance et fument un peu d’ice.

Ils ont surtout rendez-vous avec un autre couple “pour une soirée échangisme” dit le Président du tribunal qui présente le contexte. Le prévenu le reprend instantanément : “un plan à trois”. C’est la première chose qui contrarie le prévenu dans la chambre, la présence d’un homme qui les regarde. Lui est donc couché avec sa copine et une autre femme.

Le président du tribunal enchaîne : “les choses commencent bien, mais elle vous pince et ça vous énerve c’est ça ?”. En effet, on lui pince vigoureusement le torse et il n’aime pas ça. Le fantasme qu’il veut réaliser pour faire plaisir à sa copine, explique-t-il, commence à mal tourner. Il retourne tout de même à son activité libertine, mais très vite se sent alors délaissé.

Il semble que les deux femmes soient totalement disposées à se passer de lui. La dispute commence alors dans la chambre, selon la victime qui dit avoir reçu des gifles puis être sortie de l’hôtel le visage rouge de colère. “Je les laisse finir leurs affaires” dit-il au tribunal, niant les claques.

Quelques instants plus tard, la jeune femme a visiblement conclu sa partie fine. Elle sort le chercher, le retrouve sur le parking et le conflit reprend. Le prévenu affirme qu’il ne l’a pas frappée, seulement repoussée. Il sait, dit-il, que ses anciennes condamnations pour violence, notamment sur son ex-petite amie, le ramèneront directement en cellule en cas de nouvel incident.

Il explique qu’il a tenté de la maîtriser, car il a déjà reçu des coups lui aussi, notamment des coups de balai, dit-il, montrant au tribunal une cicatrice sur son cuir chevelu. La présidente du tribunal lui demande alors s’il a bien lancé une bouteille vide en sa direction. “Pas une bouteille, une brique de jus vide”.

La jeune femme remonte dans la chambre et appelle les gendarmes. À leur arrivée, ils trouveront l’homme allongé somnolant sur un muret. Près de deux heures après les faits, il affiche encore un taux de 0,79 gramme d’alcool dans le sang. Il est positif à l’ice.

Une grosse griffure dans le cou

La jeune femme fait constater de légers hématomes et une coupure dans le cou. Une grosse griffure confirmée par le rapport des gendarmes sur les lieux. Cela lui vaut cinq jours d’Interruption temporaire de travail (ITT). À la question du juge sur cette blessure légère, l’homme ne se souvient pas l’avoir griffée. “C’est peut-être pendant les ébats” suggère son avocate.

Si la jeune inconnue a pu pincer, pourquoi n’aurait-elle pas griffé… “Je n’avais pas pensé à ça” avoue la Présidente du tribunal.
Après ce petit moment de détente, la procureure rappelle que le prévenu est un homme violent, il l’a frappé dans l’hôtel puis une seconde fois à l’extérieur. Elle rappelle son casier et les deux peines avec sursis qu’il contient, pour, déjà, s’en être pris à des femmes.

L’avocate du prévenu tente d’expliquer la colère de l’homme frustré qui a subi, dit-elle, “une petite atteinte à sa virilité”, “il a mal vécu le fait d’avoir été rabaissé”. Le précédent placement de son client sous bracelet électronique s’est bien passé, elle en suggère un nouveau.

Le tribunal la suit et le condamne à 10 mois de prison, dont quatre avec sursis probatoire. Les 6 mois restants pourront être effectués un bracelet à la cheville. Il reçoit l’obligation de soigner ses problèmes d’alcool et doit indemniser la victime à hauteur de 30 000F. Le tribunal prononce une interdiction de contact avec celle qui est désormais son “ex”. Une autre jeune femme l’attend déjà dans la salle.

Compte-rendu d’audience Y.P