Edito – “Ice : l’appât du gain plus fort que la peur de la prison” par Karim Ahed

Présentation des moyens de lutte anti-stupéfiants aux autorités judiciaires.
Présentation des moyens de lutte anti-stupéfiants aux autorités judiciaires. (Photo arch. Damien Grivois)
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L’ice a depuis longtemps envahi le marché polynésien, et touche toutes les couches de la population. Les autorités policières, douanières, judiciaires et pénitentiaires ont eu quasiment 10 ans de retard à l’allumage.

Malgré une mobilisation désormais affichée, elles apparaissent dépassées par le phénomène de société. L’effrayante vague de consommateurs et de trafiquants s’invite tous les jours au palais de justice et inonde nos centres de détention.

Prison ferme, amendes qui se chiffrent en milliards de francs, saisies de tous les biens… la sévérité des peines prononcées, bien qu’incontestable, semble ne pas fonctionner, ou très peu ! L’appât de gain reste le plus fort. La “pirouette” bénéficiaire reste sans égal : la métamphétamine vendue en Californie ou au Mexique s’achète pour quelques milliers de francs le gramme, mais s’écoule à des prix surréalistes sur le marché local : plus de 500 000 F le gramme pendant la crise Covid…  

Alors que faire ? Il reste la pédagogie et la prévention, à l’école, dans les foyers, à travers les organismes sociaux et les médias. Le problème concerne tout le monde : autorités judiciaires, forces de l’ordre, autorités religieuses, associations, universitaires…

Comment un gardien de prison peut-il, comme à Tatutu, être filmé en train de consommer de l’ice avec un détenu au sein même de l’institution, censée surveiller et s’assurer de la bonne mise en œuvre des sanctions prononcées ? Deux autres agents de l’administration pénitentiaire viennent d’être mis en examen pour des raisons identiques.

Des policiers, des gendarmes, des fonctionnaires ont été aussi inquiétés et jugés : le mal est profond, le remède complexe. Puisque les efforts de l’État et du Pays pour venir à bout de ce fléau semblent dans l’impasse, une réflexion est-elle à mener au niveau du partage des compétences ? Probablement.
“La drogue est le nomadisme de l’exclu” dit le proverbe. Faisons en sorte, quoi qu’il en soit, d’intégrer les victimes et de punir les marchands de dépendance.

Karim Ahed