Mereana Reid-Arbelot : la nouvelle députée de Tahiti prête à décoller…

Mereana Reid-Arbelot remplacera Moetai Brotherson au poste de député de la 3ème circonscription de la Polynésie française à l'Assemblée nationale, au mois de juin prochain.
Mereana Reid-Arbelot, contrôleuse du ciel de profession, remplacera Moetai Brotherson au poste de député de la 3ème circonscription de la Polynésie française à l'Assemblée nationale, au mois de juin. (Photo : Sébastien Berson)
Temps de lecture : 3 min.

C’est chose faite et confirmée. Depuis l’élection de Moetai Brotherson à la présidence de la Polynésie française le 12 mai dernier, c’est bien Mereana Reid-Arbelot, aiguilleuse du ciel de profession, qui remplacera le nouveau chef de l’exécutif, en sa qualité de suppléante lors des dernières législatives de 2022, sur le poste de député de la troisième circonscription (Raromatai, Faa’a, Punaauia) à l’Assemblée nationale à Paris. La prise de fonction est prévue courant juin.

Avant la campagne des législatives de 2022, elle est alors inconnue du grand public. A cette époque, Mereana Reid-Arbelot exerce son métier d’aiguilleuse du ciel, à l’aéroport de Faa’a, avec passion. Avant ce premier réel engagement politique, jamais la nouvelle députée n’avait alors adhéré à un parti. Mais, comme elle le confie à La Dépêche de Tahiti, elle a alors des affinités pour les idées portées par le Tavini huiraatira.

C’est à la fin des années 80, alors qu’elle est étudiante à Paris, que le fait nucléaire en Polynésie française éveille en elle les notions de “liberté” et “d’indépendance”. Bien que très occupée par ses études, elle trouve le temps de participer, avec d’autres étudiants du Pacifique, à des réunions, durant lesquelles sont abordés le nucléaire et l’indépendance des peuples du Pacifique.

Elle participe aussi à des marches anti-nucléaires. Elle indique que des événements, comme la prise d’otages à Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, la marquent également. Moetai Brotherson est aussi étudiant à Paris à la même période. Elle confie : “J’étais convaincue que mon pays devait un jour devenir indépendant.”

Sur la question de la souveraineté, Mereana Reid-Arbelot précise que “si on se prépare bien, de façon intelligente, qu’on cherche à développer le pays et à vivre de nos propres ressources, et bien peut-être qu’un jour on pourrait penser à cette éventualité. Mais jamais dans un esprit révolutionnaire ou en colère.”

Cette opportunité arrive souvent zéro fois, rarement une et jamais deux”

Rien ne prédestinait la future députée à occuper ces nouvelles fonctions. Elle informe d’ailleurs que, lorsque Moetai Brotherson lui téléphone pour être sa suppléante, alors qu’il brigue un second mandat comme député à Paris, il lui faut plusieurs jours de réflexion avant d’accepter. Mais attention, elle dit oui à deux conditions : “je lui ai demandé de ne pas prendre de mandat incompatible avec le mandat de député et de ne pas mourir”. Moetai Brotherson lui répond alors à l’époque que ni l’un ni l’autre ne sont prévus…

Si ce dernier contacte celle qui est alors contrôleuse aérienne pour être sa suppléante, c’est qu’il connaît sa façon de penser et le rapprochement idéologique qu’elle peut avoir avec le Tavini huiraatira. Autre point qu’ils ont tous deux en commun : ils sont des Raromatai. Moetai Brotherson de Huahine, Mereana Reid-Arbelot de Raiatea.

Moetai Brotherson est désormais président du Pays. Il doit alors démissionner de ses fonctions de député. Mereana Reid-Arbelot, “après mure réflexion” accepte de prendre les responsabilités de députée. Comme elle l’indique, “cette opportunité arrive souvent zéro fois, rarement une et jamais deux.”

Nucléaire et citoyenneté

Moetai Brotherson a désormais trente jours pour choisir entre son poste de député ou de président. Le nouveau président et la future députée se rendront à Paris début juin. Moetai Brotherson n’optera pas pour le poste de député. Mereana Reid-Arbelot prendra alors ses nouvelles fonctions 24 heures après que l’ex-député ait opté pour la présidence de la Polynésie. Cela devrait se réaliser vers le 9 ou 10 juin prochain, précise la future députée.

Sur ses nouvelles fonctions, la future parlementaire indique vouloir travailler en étroite collaboration avec les deux autres députés de Polynésie française, Tematai Le Gayic et Steve Chailloux. Pour Mereana Reid-Arbelot, “un travail concerté permet un travail efficace.”

L’élue devrait reprendre les fonctions de Moetai Brotherson à la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Concernant la présidence de la délégation des outre-mer, poste également occupé par Moetai Brotherson, une nouvelle élection aura lieu. Elle indique que les trois députés du Pays pourraient d’ailleurs se porter candidat.

Parmi les dossiers prioritaires : le fait nucléaire. Le projet de loi proposé par le député Brotherson lors de sa première mandature sera d’ailleurs retravaillé, complété et devrait être de nouveau présenté à l’Assemblée nationale en 2024. Concernant la citoyenneté polynésienne, la députée indique que cette question sera aussi probablement abordée mais qu’elle doit avant tout être rediscutée avec le président du Pays et l’assemblée.

Autre point important qui doit être soulevé et pris en compte à Paris : les spécificités locales. Mereana Reid-Arbelot donne l’exemple de son métier, aiguilleuse du ciel, et précise que la réglementation nationale ne s’adapte pas forcément aux spécificités locales, comme par exemple la prise en considération de la superficie de la Polynésie française.

Est-ce que Mereana Reid-Arbelot a déjà des projets politiques d’après fin de mandat en 2027 ? Elle préfère ne pas s’avancer et indique vouloir, dans un premier temps, se consacrer pleinement aux quatre prochaines années sur ses nouvelles fonctions. Priorité pour madame la députée : “porter la voix des Polynésiens”.