Le Bon Samaritain, un foyer essentiel pour l’application des décisions de justice

Une convention élargie vient d'être signée entre les magistrats du parquet, ceux du siège, le service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) et l'association Emauta, qui regroupe six foyers d'accueil pour personnes en détresse, notamment Le Bon Samaritain, qui héberge d'anciens détenus, mais aussi des auteurs de violences conjugales.
Une convention élargie vient d'être signée entre les magistrats du parquet, ceux du siège, le service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) et l'association Emauta, qui regroupe six foyers d'accueil pour personnes en détresse, notamment Le Bon Samaritain, qui héberge d'anciens détenus, mais aussi des auteurs de violences conjugales. (Photo YP)
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Le 23 mai 2023, une convention élargie a été signée entre les magistrats du parquet, ceux du siège, le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) et l’association Emauta, qui regroupe six foyers d’accueil pour personnes en détresse, notamment Le Bon Samaritain, qui héberge d’anciens détenus, mais aussi des auteurs de violences conjugales.

Ce partenariat mis en place en 2019 permettait la possibilité pour la justice de placer une personne sous contrôle judiciaire pour des violences au sein du foyer. La nouvelle convention permet désormais d’en accueillir trois, homme ou femme.

Depuis plusieurs années, lors de problèmes de violences conjugales, les victimes trouvent parfois refuge en foyer, comme au centre Pu o te Hau de Pirae par exemple, afin d’éloigner rapidement les femmes battues de l’auteur des coups. Depuis 2019, l’objectif de la justice est toujours de protéger les personnes vulnérables, mais en inversant la méthode. L’objectif est de pouvoir maintenir les victimes à leur domicile, et de procéder, selon les mots du procureur Hervé Leroy, à “l’éviction de l’auteur” du lieu de résidence de la victime.

“Le Bon Samaritain est de longue date un partenaire essentiel pour la justice”. Composé à près de 50% d’anciens détenus, le foyer, créé il y a près de 30 ans par le diocèse catholique, va aussi désormais pouvoir accueillir trois personnes auteurs de violence à qui la justice a interdit le retour au domicile conjugal.

Un foyer et son personnel qui fournit le gîte et le couvert, mais surtout, un accompagnement personnalisé pour chaque personne placée. Le but premier est d’éviter la récidive, pour cela le personnel est régulièrement formé pour aider les pensionnaires à comprendre les raisons de leur passage à l’acte, à lutter contre leurs éventuelles addictions ou encore effectuer un suivi psychologique pour apprendre à gérer leur colère.

“La prise en charge de l’auteur est essentielle pour la protection de la victime.” Ces mots sont de Laure Camus, présidente du Tribunal de Première Instance, qui ajoute que sans ces associations, beaucoup de décisions de justice seraient “vides de sens”. Il est, en effet, très souvent compliqué pour le tribunal correctionnel de condamner à des interdictions de contact auteurs et victimes de violence lorsqu’ils partagent le même domicile.

Le Bon Samaritain pour les hommes, la Samaritaine pour les femmes, sont aussi des partenaires importants pour éviter ce que la Présidente du tribunal appelle “les sorties sèches” de prison. L’association Emauta permet à beaucoup d’anciens détenus d’éviter de devenir SDF à leur libération, et de les accompagner dans un vrai projet de réinsertion.

Autre amélioration de ce partenariat apportée par cette nouvelle convention, l’intégration des personnes vulnérables au système. En effet, les violences intrafamiliales ne se limitent pas aux couples. L’auteur de violences sur une personne handicapée ou sur une personne âgée dans sa maison pourra, lui aussi, bénéficier de ce genre de placement si une interdiction de contact ou une interdiction de se rendre au domicile de la victime était prononcée. 

Manutea Gay, le président de L’association Eumauta se déclare “armé” pour continuer à “redonner espoir” à ces justiciables, toujours avec les mêmes objectifs : lutter contre l’exclusion et faciliter la réinsertion de leurs pensionnaires dans la société.

Y.P