Une exposition de 96 tifaifai en hommage aux victimes décédées du sida

L'exposition "Aore Tabu" rend hommage aux 96 victimes décédées du virus du VIH. (Photo : CHPF)
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Alexander Lee présente “Aore Tabu” jusqu’au 5 juin prochain dans la nef du Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF). Une exposition de 96 tifaifai pour notamment sensibiliser la population polynésienne sur les risques de l’infection et rendre hommage aux victimes emportées par le sida. 

Depuis le milieu des années 80, le virus du VIH s’est propagé partout dans le monde, y compris en Polynésie française. À ce jour, le fenua déplore 99 décès dus au virus depuis 1985 et près de 150 patients séropositifs. Des chiffres qui rappellent l’importance des différentes campagnes de prévention mises en place par les associations et le Pays.

Dans cette démarche de sensibilisation, Alexander Lee présente, en collaboration avec les associations Cousins Cousines de Tahiti et Agir contre le Sida, “Aore Tabu” jusqu’au 5 juin prochain dans la nef du CHPF. Pour son exposition personnelle, l’artiste présente huit panneaux cousus, chacun constitué de huit œuvres textiles peintes. Au travers de ces 96 pans de tissus, Alexander rend hommage aux victimes décédées du virus du VIH sur le fenua et tend, par la même occasion, à prévenir les comportements à risque contre les conséquences relatives au virus.

Afin d’enrichir son exposition, Alexander Lee invite, dès à présent, les familles des victimes à venir habiller les tifaifai exposés avec des noms et des images. Une initiative engagée pour honorer la mémoire de leurs proches disparus, de ces 96 pères, mères, amies, enfants, voisins et voisines, cousins et cousines.

Une initiative engagée pour honorer la mémoire de leurs proches disparus, de ces 96 pères, mères, amies, enfants, voisins et voisines, cousins et cousines. (Photo : Lana Chaine)

Sensibiliser au maximum pour prévenir les comportements à risque

Alors que toute la priorité sanitaire était concentrée sur la Covid-19 au cours de ces trois dernières années, certaines actions de prévention contre le sida ont été mis en pause.

En 2022, 21 cas supplémentaires d’infections au VIH ont été répertoriés, dont un décès. “Une augmentation de cas de VIH par rapport aux autres années” que déplore le docteur Lam Nguyen. À présent que la crise sanitaire est révolue, le taux de dépistage reste toutefois peu élevé : “nous notons un relâchement comportemental de la population polynésienne et le taux de dépistage reste faible comparé aux autres années. Nous devons remettre de nouvelles actions de prévention, de sensibilisation et de médiatisation autour de ce thème. Pas seulement le VIH, mais aussi les infections sexuellement transmissibles de manière globale puisqu’elles s’attrapent de la même façon. Nous devons reprendre notre bâton de pèlerin, faire de la prévention auprès des jeunes et des moins jeunes, et auprès des populations vulnérables. Il faut tout recommencer maintenant que nous avons moins de charges concernant la Covid-19. Il faut que nous reprenons nos options antérieures“, explique Lam Nguyen.

Toutefois, les maladies sexuellement transmissibles qui touchent en majorité la population polynésienne demeurent, de manière générale, la chlamydia et la syphilis, qui sont, en terme de transmissibilité, les plus contagieuses à l’opposé du VIH. “Nous avons beaucoup de cas de chlamydia ou de syphilis. Le sida n’est pas si fréquent parmi les différentes infections sexuellement transmissible mais il ne faut cependant pas l’ignorer. Il faut savoir qu’en terme de transmissibilité, le VIH est l’une des infections les moins contagieuses. À titre d’exemple, la syphillis c’est au moins 20 fois plus contagieux que le VIH ou l’hépatite B. C’est pour cela que lorsqu’il y a un relâchement de comportement et que les personnes commencent à prendre des risques, nous voyons d’abord augmenter l’incidence des autres maladies sexuellement transmissibles les plus faciles à transmettre”, prévient Lam Nguyen.