Economie – Toimata Leverd mise sur le jus de vi tahiti

Jus vi tahiti Toimata Leverd
Toimata peut compter sur le soutien de sa grand-mère, Pitipiti, pour la vente en direct (Photos : ACL/LDT).
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La fibre familiale

C’est un arbre immense qui trône au milieu de la cour des parents de Toimata Leverd, au PK 3,5, à Toahotu. Planté par son père, Léonard, le pied de vi tahiti est devenu grand au point de surplomber la maison familiale.

“On voulait le couper, mais il n’a jamais voulu”, s’amuse la jeune femme de 28 ans. Et pour cause : cette petite “mangue” locale (ou pomme Cythère) au goût acidulé que certains adorent quand d’autres la fuient, elle a appris à l’apprécier et à la valoriser. “L’idée est venue de ma maman, Martine, qui a commencé à intégrer les vi tahiti dans des jus à base d’ananas ou de papaye, par exemple. Un jour, elle n’avait plus que ce fruit sous la main, donc elle a décidé de faire un jus 100 % vi tahiti. Personne ne voulait goûter à la maison, mais au final, on s’est rendu compte que c’était très bon !”, se souvient Toimata Leverd.

Il y a quatre ans, la jeune femme décide donc de se lancer dans une production de jus frais pour écouler une importante quantité de fruits, impossible à consommer au sein de la famille et difficile à vendre.

Jus vi tahiti Toimata Leverd
Toimata et son père, Léonard, lors de la cueillette… sportive !

“Ni eau, ni sucre”

Aujourd’hui, toute la famille s’y met. La cueillette s’effectue entre Toahotu, Vairao et Teahupo’o, chez les sœurs et les tantes de Toimata Leverd, où d’autres arbres s’épanouissent. L’exercice est physique : il dure plusieurs heures avec son père en équilibre sur les branches et sa mère à terre pour récupérer les fruits collectés à bout de bras à la perche. “Il faut encore les trier, les rincer, les éplucher et les dénoyauter“, explique Martine Leverd, au sujet de la préparation.

Lauréate de la troisième édition de l’émission Ohipa Maitai avec ce projet, Toimata Leverd a pu s’équiper. Une centrifugeuse professionnelle lui permet de transformer ses vi tahiti en jus pur. “Je n’ajoute ni eau, ni sucre. C’est mon argument de vente. Pour sucrer, le secret, c’est de mélanger des fruits verts et des fruits à maturité. Je veux me démarquer avec un produit local et sain”, précise-t-elle.

Jusqu’à 150 litres par semaine

Le jus est conditionné en bouteilles d’un litre, vendues 1000 F l’une. Signalée par une pancarte, cette production atypique ne manque pas d’intriguer les passants. “Il y a ceux qui aiment ce fruit et qui nous prennent plusieurs bouteilles d’un coup. D’autres s’arrêtent pour goûter et finissent par revenir !”, confie Toimata Leverd.

Il faut dire que ce goût de fruit “vert et herbacé”, comme le décrit la jeune productrice, détonne et saisit le palais, notamment lorsqu’il est consommé bien frais. La saison des vi tahiti s’échelonne de mars à juin. Toimata Leverd les transforme en jus jusqu’à épuisement des stocks.

Au plus fort de la saison, elle peut produire et écouler jusqu’à 150 bouteilles par semaine, en ajoutant une livraison aux particuliers autour de l’île. À Toahotu, elle peut compter sur une vendeuse de choix : sa grand-mère, Pitipiti, 81 ans, qui aide sa petite-fille avec plaisir.

Avec le soutien inconditionnel de sa famille, Toimata Leverd a planté d’autres pieds de vi tahiti. Elle envisage de développer son projet en construisant un point de vente pour mettre à l’honneur d’autres fruits sous forme de jus, quand la saison des pommes Cythère sera terminée.

Quels bienfaits ?

Outre les vitamines et les fibres, le vi tahiti recèle plusieurs vertus selon les usages traditionnels. “À titre personnel, j’ai pris l’habitude de l’utiliser avec de la canne à sucre pour soigner la toux et les angines de mes 8 enfants et je continue avec mes 22 petits-enfants”, confie la mère de Toimata Leverd. Les jeunes feuilles de l’arbre peuvent être consommées comme légume, en salade. Plus couramment, le fruit vert est saupoudré de bonbon chinois… par pure gourmandise !