Justice – Une mère livre du paka à son fils au parloir de la prison de Tatutu

Alors qu'il devait être libéré le 4 juin, le prévenu avait demandé à sa mère de lui livrer du paka au parloir du centre pénitentiaire de Tatutu.
Alors qu'il devait être libéré le 4 juin, le prévenu avait demandé à sa mère de lui livrer du paka au parloir du centre pénitentiaire de Tatutu. (Photo YP)
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Un tout jeune détenu à la prison de Tatutu et sa mère, libre, comparaissaient le 25 mai 2023 face au tribunal correctionnel. Deux jours auparavant, alors qu’il devait être libéré le 4 juin après un an de prison pour vol, il avait demandé à sa mère de lui livrer du paka au parloir. De la drogue immédiatement saisie lors d’une fouille après la transaction. Si la mère, au casier vierge, s’en sort avec 117 heures de travaux d’intérêt général (TIG). Le fils lui, multi-condamné, va devoir passer au moins quatre mois de plus en cellule.

Le 23 mai 2023, une femme de 52 ans se rend à la prison de Papeari pour voir son fils. Elle doit prendre le bus plus d’une heure pour s’y rendre, mais essaye tout de même d’y aller une fois par semaine, même si les relations avec le fils détenu ne sont pas toujours faciles.

La femme a huit enfants de plusieurs lits, le dernier a dix ans. Elle vit désormais avec un homme qui, comme elle, ne travaille plus. 31 pieds de cannabis, propriété de son compagnon dit-elle, sont trouvés lors de la perquisition à son domicile. Le fils, lui, commence son parcours judiciaire face au tribunal pour enfants en 2020. Parmi les mentions portées à son casier judiciaire, on trouve toutes les nuances de vols, en réunion, avec violence, avec escalade…

Selon lui, ce sont ses mauvaises fréquentations qui sont la cause de toutes ces embûches. Il a d’ailleurs le projet “de partir faire la légion” pour s’éloigner de tout ça, dit-il. On constate que la mère n’y croit pas, n’y croit plus. A la barre, elle hoche la tête ou soupire à chaque réponse de son fils aux magistrats, parfois les larmes aux yeux. “Pourquoi toutes ces bêtises ?”, demande le président du tribunal au prévenu. “Dans la tête j’ai pas encore grandi” répond-il.

“Il ne va pas arrêter”

Une réponse glaçante de la mère pour les personnes animées de compassion à l’audience. Quand le président du tribunal, après lui avoir suggéré qu’elle aurait pu refuser de prendre la commande de son fils, l’interroge sur les regrets qu’il manifeste, elle répond :“il ne va pas arrêter. Un voleur reste un voleur”.

Le président se mue un instant et très justement en père la morale. Il explique à la mère qu’avec un fils fumeur depuis ses 16 ans, avoir un compagnon planteur n’est peut-être pas une bonne idée, car cela ne met sans doute pas le jeune homme sur le chemin d’une inespérée sagesse.

La procureure requiert quatre mois de prison pour le fils, une annulation des remises de peine auxquelles il pouvait prétendre et 117 heures de TIG pour la mère. Le tribunal suit les réquisitions.

Compte-rendu d’audience Y.P