Tribune – “Covoiturage ? Pourquoi pas ?”, par Simone Grand

"Les bouchons, c'est pas l'pied..." (photo Damien Grivois)
"Les bouchons, c'est pas l'pied..." (photo Damien Grivois)
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Notre nouveau ministre de l’Équipement invite au covoiturage pour régler les embouteillages autour de l’île et à Papeete où se garer est si galère que nous sommes condamnés à l’incivilité !

Je suppose qu’il a commandé auprès des services ad’hoc les données sur les kms de route, nombre et catégories de véhicules circulants, tranches horaires maudites, accidents,… sommes investies (achat, location, emprunts, assurances, entretien), coût des équipements publics, nombre de rivières sacrifiées, celles à détruire, matières premières non renouvelables… Ceci, justifiant ses instructions pour des résultats précis. Car même en vacances scolaires ça bouchonne dorénavant!

Aussi, question incantations, nous en avons ras le ‘umete.

Le covoiturage implique au moins deux personnes se rendant dans la même direction aux mêmes horaires de boulot, activités et autres contraintes… avec partage équitable des frais d’essence, entretien du véhicule et plus si affinités. Or, même en famille ça ne se fait pas!

Mais pardonnons à notre jeune ministre sa réponse irréfléchie.

Nos gouvernants successifs ont jusqu’ici placé la population dans l’obligation de fabriquer quelques milliardaires en concessions auto, assurances, banques, produits pétroliers, etc. Nous leur sommes devenus totalement dépendants. Ils sont nos ari’i du temps présent.

La population d’origine, alors propriétaire exclusive du foncier, a dû, bon gré mal gré, accueillir au cours du temps, des personnages parfois en haillons. Au fur et à mesure que le PIB augmente, étrangement, les porteurs de haillons et les fenua ‘ore, gens sans terre ne sont plus les mêmes. Au nom de “Liberté, Egalité, Fraternité” sous la protection de la déesse Economie, les désespérés ont changé de couleur de peau et d’origine. La misère des bernés de cette économie qui ne fut et n’est florissante que pour quelques happy few, est hurlante. Ne cherchez pas plus loin les causes de suicides, addictions et  violences intrafamiliales.

Le rééquilibrage indispensable pour une dignité humaine reconquise et partagée ne se trouve pas forcément à l’ONU. Ça commence ici en se posant de bonnes questions et en se remettant en cause.

Organisons donc des transports en commun fiables, réguliers, adaptés aux courtes, moyennes et longues distances. (Plus ces horribles bus chinois!) Imposons des quotas de véhicules autorisés à circuler selon les catégories, jours et horaires. L’anarchie favorise toujours le plus fort.

Si je suis assurée de trouver non loin de mon portail une station de camionnettes trucks, je n’aurais plus besoin de voiture personnelle. Cette actuelle dépense contrainte étant levée, j’en serais d’autant plus riche et planterais des tomates là où je la gare.

Le manque à gagner pour ceux que nous avons rendus multimilliardaires serait compensé par leur conversion dans l’amélioration de notre qualité de vie où ils pourront continuer à y être les gagnants dans un système où l’exclusion des autochtones serait toutefois enfin combattue.

La crise climatique doit nous faire protéger des espaces d’accueil futur pour ceux que l’océan délogera. Notre nouvelle ministre de l’Environnement l’annonce. Prévoyante, elle gouverne donc. C’est rassurant.

Pensons aussi à ces 500 à 600 jeunes qui, chaque année, partent servir la France. A leur retour, ils doivent pouvoir s’installer agréablement.

‘Ia maita’i.”

Simone Grand