Cyberharcèlement : des parents endeuillés dénoncent les réseaux sociaux

La mère et le beau-père de Lindsay, en conférence de presse, à Vendin-le-Vieil, ce jeudi 1er juin 2023. (Photo AFP)
La mère et le beau-père de Lindsay, en conférence de presse, à Vendin-le-Vieil, ce jeudi 1er juin 2023. (Photo AFP)
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“Cette affaire doit être médiatisée”. Tels sont les mots prononcés ce jeudi 1er juin 2023 par le frère de Lindsay. La collégienne de 13 ans s’est donné la mort le 12 mai après avoir été victime de harcèlement. Par le dépôt de quatre plaintes contre l’académie de Lille et Facebook, notamment, la famille de la victime estime que les autorités compétentes et les réseaux sociaux ont échoué dans leurs responsabilités.

“Si chacun avait fait son travail pour protéger Lindsay, elle serait vivante”, a déclaré ce jeudi 1er juin 2023 la famille de Lindsay, l’adolescente qui s’est donné la mort à 13 ans, à Vendin-le-Vieil (Pas de Calais) le 12 mai 2023, après avoir été victime de harcèlement scolaire. Elle a annoncé en conférence de presse avoir déposé quatre plaintes pour “non-assistance en péril”. Elles visent le principal du collège, l’académie de Lille, le commissaire de police de Lens ainsi que Facebook et Instagram.

Le ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye a déclaré que ce drame était un “échec collectif”, jeudi soir, sur BFMTV.

“On n’a pas été aidé par [les] institutions”

Si une information judiciaire a donné lieu à la mise en examen de quatre mineurs “pour harcèlement ayant conduit au suicide” et une personne majeure pour “menaces de mort”, la famille de la victime veut ainsi mettre devant leurs responsabilités les autorités compétentes en matière de harcèlement.

“Il faut que les choses bougent. On n’a pas été aidé avant, pendant, ni après par ces institutions”, a regretté le beau-père de Lindsay, lors de la conférence de presse. La famille juge notamment “insuffisante” la gestion du rectorat dans cette affaire mais surtout le rôle du chef d’établissement. Contacté par l’AFP, le rectorat n’a pas souhaité réagir.

“Betty s’est entretenue avec le principal qui lui a fait la réponse suivante : “la meilleure chose à faire c’est punir votre fille et lui supprimer son portable””, déclare l’avocat de la famille au Figaro.

Le CPE du collège également visé par une plainte

Cette affaire “doit être médiatisée”, a déclaré le frère de Lindsay. “Si justice n’est pas faite, le harcèlement ne sera plus pris au sérieux. Cela incitera d’autres personnes à harceler” car ils constateront “qu’ils n’auront rien en retour”.

D’autres parents d’élèves étaient également présents et ont dénoncé à leur tour le harcèlement subi par leurs enfants. Une mère de famille a annoncé, par ailleurs, avoir déposé plainte contre le CPE du collège qui n’aurait pas pris en compte les plaintes de son enfant.

La modération des réseaux sociaux en question

L’avocat de la famille, Me Debuisson, pointe une “accumulation de dysfonctionnements”. “Toutes les autorités ont été défaillantes”, estime-t-il, toujours dans Le Figaro. Y compris les réseaux sociaux : “Nous attaquons aussi Facebook et Instagram pour non-respect des contrôles de modération. Ils ont laissé les injures et les menaces circuler sur les réseaux sociaux”, déclare l’avocat.

Mais leurs obligations en la matière sont encore floues. “Cela nécessite des moyens humains beaucoup plus importants que ceux dont [la modération] dispose aujourd’hui […] La plate-forme gouvernementale Pharos, dont le but est de lutter contre les contenus illégaux en ligne, manque elle aussi cruellement de moyens”, expliquait en 2020 au Monde Romain Badouard, chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris-II Panthéon-Assas. “Les standards de publication restent ceux d’une politique privée de modération, en dehors de toute procédure judiciaire”.

Le cyberharcèlement continue

Facebook et Instagram sont d’autant plus pointés du doigt que le cyberharcèlement contre Maïlys, la meilleure amie de Lindsay, continue. Sa maman s’est également exprimée en conférence de presse, dénonçant la responsabilité de l’établissement. “On a demandé de l’aide, l’établissement nous a tourné le dos, y a eu des plaintes de déposées. On a été lâchés. Maïlys est en colère contre l’établissement, personne ne les a aidées [Lindsay et elle]”.

Les réseaux sociaux s’avèrent être les lieux de pratique du cyberharcèlement mais aussi le relais de vidéos, parfois violentes, entre élèves. Récemment, les images d’une jeune adolescente violentée à la sortie du collège Marie-Curie, à Tourcoing (Nord) ont suscité l’émoi de parents d’élèves.

AFP