Un oncle condamné à 14 ans de prison ferme pour le viol de ses nièces

Après une procédure de presque cinq années, un sexagénaire a été condamné, ce 7 novembre, à 3 ans de prison ferme avec mandate de dépôt, pour agression sexuelle sur sa petite fille, alors mineure au moment des faits. ( Photos : Archives LDT) (Photo archives LDT)
Après une procédure de presque cinq années, un sexagénaire a été condamné, ce 7 novembre, à 3 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, pour agression sexuelle sur sa petite-fille, alors mineure au moment des faits. ( Photos : Archives LDT)
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Suite à deux signalements distincts d’une psychologue scolaire aux îles Sous-le-Vent, concernant deux adolescentes victimes de viols ou d’agressions sexuelles, un agriculteur de 40 ans, leur oncle, a été reconnu coupable par la cour criminelle et condamné à 14 ans de prison ferme le 7 juin 2023.

Dernière affaire pour cette session de la toute nouvelle cour criminelle. La juridiction mise en place pour désengorger les cours d’assises pour les affaires dans lesquelles les accusés risquent jusqu’à 20 ans de réclusion, est ouvertement critiquée par les magistrats de Papeete. Le Parquet général a même demandé à être exclu de ce système, sans réponse de Paris pour le moment.

Le Président de la cour a d’ailleurs, à plusieurs reprises, dit qu’il espérait que son existence soit “éphémère en Polynésie”. C’est donc en présence de cinq magistrats professionnels, sans jury populaire et donc sans Polynésien, qu’un agriculteur de 40 ans est jugé pour deux viols sur une de ses nièces lorsqu’elle avait 10 et 13 ans, et des agressions sexuelles sur une autre nièce de 13 ans, deux ans plus tard.

C’est à 17 ans qu’une première adolescente, suivie par un médecin généraliste pour des problèmes de poids, est envoyée par ce dernier chez une psychologue. La jeune fille révèle alors s’être fait violer par deux hommes, la première fois par son oncle lorsqu’elle avait dix ans, puis une seconde fois lorsqu’elle en avait à peine 14.

Un signalement est réalisé, mais la procédure se traîne entre plusieurs îles, si bien que le tonton désigné n’est placé en garde à vue qu’un an et demi plus tard. Confus lors de ses premières auditions, il reconnaît certains faits puis les dément. Il mélange tout et “enchaîne les contradictions” selon le gendarme en face de lui.

Pendant que la procédure suit bien trop lentement son cours, la même psychologue scolaire rencontre une autre adolescente, qui elle se plaint d’agressions sexuelles par son oncle au domicile familial. Elle cite son prénom, la psychologue fait immédiatement le lien avec le cas précédent. C’est le même oncle et les deux jeunes filles sont cousines. Un deuxième signalement est effectué et le prévenu, alors sous contrôle judiciaire dans la première affaire, est de nouveau placé en garde à vue en avril 2022 puis amené en détention provisoire.

Paraphilie, érotomanie

L’assistance révise son vocabulaire médical grâce aux nombreux experts psychologues et psychiatres appelés à témoigner. On explique les troubles de paraphilie dont souffre l’accusé, des fantasmes récurrents et des comportements sexuels déviants qui impliquent souvent des enfants ou des adultes non-consentants. Il est aussi diagnostiqué érotomane, il a l’illusion délirante d’être aimé.

C’est d’ailleurs ce qu’il exprime en français en garde à vue, puis en reo tahiti à l’audience. Pour lui, les jeunes filles l’aiment, le séduisent, il prétend même à plusieurs reprises que la première nièce, à seulement dix ans, “l’a forcé” à faire l’amour. À la barre, la courageuse jeune femme nie fermement ces allégations. Il l’a bien violée, et même “de manière sauvage” la seconde fois dit-elle. 

L’homme est aussi qualifié de prédateur par l’avocat général et l’avocat d’une des nièces. En effet, hormis ces immondes pulsions et les menaces faites aux jeunes filles pour qu’elles ne parlent pas, il semble y avoir un mode opératoire. Avant chacune de ces agressions sexuelles ou viols, il a pris soin de faire fumer du cannabis aux fillettes. La seconde victime est d’ailleurs toujours suivie pour traiter son addiction au paka. Elle dit fumer pour oublier, “mais ça revient” ajoute-t-elle.

Tout au long de l’audience, les magistrats, notamment l’avocat général mettent en avant le courage des jeunes filles. “Vous êtes les victimes, ne l’oubliez pas !”. Pour lui, “une société qui ne sait pas protéger ses enfants n’a pas d’avenir”.

Il revient ensuite sur le témoignage de la sœur du prévenu, qui elle aussi dit avoir subi à deux reprises les agressions sexuelles de son grand frère lorsqu’elle avait 10 et 17 ans. Pour l’avocat général, l’homme est donc dangereux depuis 1994. Il requiert une peine de 15 ans. La cour criminelle condamne le prévenu à 14 ans de réclusion avec un minimum de sept années de détention, sept ans de suivi socio-judiciaire et interdiction de rentrer en contact avec des mineurs.

Compte-rendu d’audience Y.P