Exercice tsunami – “Le risque est bien réel”

Le PC crise fait un premier point de situation alors qu'un très fort séisme s'est déclenché à 9h25 le 13 juin 2023 à l’Est des îles Tonga sur la zone de subduction des Tonga-Kermadec. L'exercice avait pour objectif de tester la réponse de sécurité civile en cas de survenu d’un tsunami. (Photo : SG/LDT)
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Les services de l’Etat et du Pays ainsi que le laboratoire de géophysique (LDG) ont organisé mardi 13 juin un exercice de sécurité civile relatif à la gestion d’une crise liée à la survenue d’un tsunami en Polynésie française. Ce sont 3 à 4 exercices de sécurité civile qui sont organisés chaque année, sur table ou sur le terrain, afin de valider les protocoles d’actions et de décisions en cas de cyclone, de catastrophe industrielle ou encore de tsunami. Mardi, l’exercice n’impliquait pas le déploiement de moyens humains et matériels sur le terrain mais a mis en œuvre le bon fonctionnement du Poste de commandement (PC) en mobilisant une soixantaine de personnes.

Le scénario 

9h25 le 13 juin 2023 à l’Est des îles Tonga sur la zone de subduction des Tonga-Kermadec. Un très fort séisme se déclenche. Ce séisme est détecté quelques minutes après par le Laboratoire de Géophysique (LDG) de Tahiti dans le cadre de sa mission de Centre Polynésien de Prévention des Tsunamis (CPPT). La détection détermine une localisation de faible profondeur ainsi qu’une magnitude de 8.6. Tous les critères sont réunis pour la création d’un tsunami qui impactera la Polynésie française dans un délai inférieur à trois heures.

Une alerte est transmise par le CPPT vers le Haut-commissariat 15 minutes après la détection annonçant un impact potentiel. La caractérisation du séisme évolue rapidement au cours de la première heure, la magnitude s’intensifie jusqu’à une magnitude stabilisée à 8.8. Le CPPT peut communiquer 45 minutes après sur la prévision de sur-élévation du niveau de la mer sur les côtes polynésiennes permettant aux autorités d’engager l’alerte de la population.

Le tsunami généré par ce tremblement de terre aura de nombreux impacts dans les archipels de la Société, des Australes et des Marquises. Le niveau d’alerte maximal sera atteint dans de nombreuses îles. Il entraînera une évacuation de la population de la zone littorale de celles-ci. 

10h30. Cédric Rigolet, directeur adjoint de la Protection civile et Emilia Havez, directrice de cabinet du Haut-commissaire, à la tête du Poste de commandement qui gère la crise (PC crise) font un point de situation avec les différents acteurs. Il est décidé de planifier la mise en route des sirènes pour alerter la population. Les 186 sirènes que comptent la Polynésie sont déclenchées 2 heures avant l’arrivée du raz de marée prévu à différents horaires, entre 12h09 et 14h34, selon les archipels. Les maires sont avisés et des communiqués de presse sont envoyés aux médias. 

La DGEE intervient : “une quarantaine d’enfants du collège de Papara font de la pirogue au niveau des grottes de Maraa”. Les autorités annoncent qu’elles vont insister sur l’interdiction des activités nautiques. Il est rappelé aussi aux parents de ne pas aller chercher les enfants à l’école.

Entre deux points de situation, les différentes cellules analysent les conséquences du tsunami d’un point de vue territorial, mesurent l’impact des phénomènes sur les activités afin de les sécuriser ainsi que les personnes et les équipements. Ils préparent également le redémarrage des activités…

Depuis 2000, 8 tsunamis ont impacté la Polynésie française

Cet exercice est l’occasion pour les autorités de rappeler à la population que le risque de tsunami est bien réel en Polynésie française. Un événement sismique ou volcanique dans la zone sensible de la ceinture de feu peut générer un tsunami destructeur qui se propage sur de longues distances.

Historiquement, la Polynésie a déjà subi un épisode marquant en 1946 ayant causé le décès de deux personnes et des dégâts matériels conséquents. D’autres tsunami comme ceux de 1995, 2009, 2011 ou plus récemment 2021 et 2022 ont eu des conséquences matérielles notables. 

Aujourd’hui, c’est près de 40 alertes par an que reçoit la Direction de la protection civile.

Depuis l’an 2000, il y a eu 8 tsunamis impactant significativement une ou plusieurs îles en Polynésie. La Polynésie française dispose d’un centre de détection autonome et spécialisé dans les tsunamis depuis 60 ans. 

Un tsunami n’est pas une vague mais un raz de marée qui se déplace à la vitesse d’un avion de ligne

Les spécialistes Stéphane Quéma, directeur du laboratoire de géophysique et Anthony Jamelot, géophysicien insistent sur le fait qu’un tsunami n’est pas une vague comme certains aiment à le définir un peu rapidement mais bien un raz de marée, précédé par un retrait de la mer, déclenché exclusivement par un séisme, un phénomène de volcanisme ou un glissement de terrain. 

Ces phénomènes géologiques peuvent engendrer un déplacement vertical de l’océan sur une très grande surface. La quantité de déplacement initial de l’océan définira la puissance du tsunami et donc sa dangerosité. Sa vitesse de propagation est dépendante de la profondeur de l’océan, dans le Pacifique, le tsunami se déplace à 800km/h soit la vitesse d’un avion de ligne. 

Le tsunami ne présente aucun danger au large dans les grandes profondeurs mais devient dangereux lorsqu’il atteint les côtes par phénomène d’amplification à l’approche du littoral. Ce phénomène varie en fonction de la pente sous-marine à l’approche des îles polynésiennes. Plus la pente est douce plus l’amplification du tsunami est forte. C’est pourquoi l’impact d’un tsunami est différent pour chaque archipel de la Polynésie mais également à l’échelle d’une île comme Tahiti ou l’amplification du tsunami sera différente pour la côte Ouest et Sud et la côte Nord et Est.