“D’audacieux voyageurs polynésiens, partis avec des Européens ( 1768-1773)”. Ainsi s’intitule le nouvel ouvrage de Corinne Raybaud, sorti au début de ce mois de juin. Docteure en histoire et en droit, elle s’intéresse particulièrement aux explorateurs ayant navigué jusqu’en Polynésie française. Cette fois, dans son nouveau livre, elle retrace la vie de ces Polynésiens qui ont voulu, grâce aux explorateurs, partir à la découverte du monde. Rencontre.
Corinne Raybaud arrive en Polynésie française dans les années 70. C’est par la mer que la future historienne débarque au Fenua avec ses parents. De là naît peut-être son goût pour les grands navigateurs et les explorations maritimes. Son intérêt pour l’histoire de la Polynésie française, et de l’histoire en général, débute dès son adolescence.
Elle devient enseignante en histoire après l’obtention d’un doctorat en histoire, à l’issue de sa thèse L’île de Pâques de 1862 à 1888. Corinne Raybaud obtient également un doctorat en droit après la soutenance de sa thèse De la Coutume à la loi en Polynésie orientale de 1767 à 1945.
Cela fait six ans que l’autrice et historienne s’intéresse aux différents navigateurs ayant posé le pied en Polynésie française. En 2017, elle publie un livre sur les 250 ans de l’arrivée de Wallis sur le territoire. En 2018, c’est sur les 250 ans de l’arrivée de Bougainville qu’elle écrit avant de publier, en 2019, un autre ouvrage sur les 250 ans de l’arrivée de Cook sur le Fenua.
de l’historienne Corinne Raybaud,
sorti début juin.
(Photo : Sébastien Berson)
“Le chef Ereti va confier Ahutoru à Bougainville. A son arrivée en France, il sera présenté à Louix XV…”
Pour son dernier livre, D’audacieux voyageurs polynésiens, partis avec des européens ( 1768-1773), Corinne Raybaud décide de concentrer son travail sur ces Polynésiens qui, contre vents et marées, ont décidé de se joindre aux explorations de grands navigateurs pour ensuite rejoindre l’Europe. Le travail de l’historienne s’applique ici à retracer le parcours de onze Polynésiens, sur une période de cinq ans, de 1768 à 1773.
La découverte de ces “audacieux polynésiens” est notamment rendue possible grâce aux cahiers de bord que tenaient les capitaines de navires mais aussi, tous ceux qui pouvaient accompagner les explorateurs à bord. Sur les onze Polynésiens, dont l’historienne retrace le parcours, on peut retrouver, Tupaia, Hitihiti (décrit comme potentiel serviteur de Tupaia), Ahutoru ou bien encore le plus fameux Mai, communément appelé, Omai.
Corinne Raybaud raconte une partie de l’histoire de Ahutoru : “alors que les navires (de Bougainville, Ndlr) n’ont pas encore jeté l’ancre, Ahutoru s’approche en pirogue de ces derniers et monte dans La Boudeuse de Bougainville. Après quelques jours à bord, il descend pour repartir peu de temps après avec eux. Le chef Ereti va confier Ahutoru à Bougainville. A son arrivée en France, il sera présenté à Louix XV et vivra même chez Bougainville. Il est le premier polynésien à arriver en Europe. Il vivra un an en France mais aussi un an à l’île Maurice, après son départ de la France.“
L’historienne souligne également que parmi ces aventuriers du Fenua, quatre jeunes polynésiens, de la presqu’île accompagnent, en 1772, des explorateurs espagnols, passés par la Polynésie française, en direction du Pérou. Deux périssent au Pérou, deux reviennent. On perd ensuite leur trace à Tautira.
Corinne Raybaud sera en séance de dédicaces ce samedi 17 juin, de 9h à 12h à la librairie Klima, située face à la cathédrale de Papeete.
