Entrée, plat, dessert : les farines locales passent à table

Cooking class farines locales
Sablés salés, gnocchis et coulant au chocolat étaient au menu d'un cours de cuisine à base de farines de 'uru, taro, manioc et patate douce (Photos : ACL/LDT).
Temps de lecture : 3 min.

Des sablés au curcuma agrémentés de fromage de Taravao, suivis de gnocchis au parmesan et aux herbes fraîches, pour terminer par un cœur coulant au chocolat accompagné d’une glace à la banane et au lait de coco. C’était le menu alléchant de la cooking class organisée samedi 17 juin 2023, dans les locaux de Tahitian Tasty, à Faratea, du côté de la Presqu’île de Tahiti.

Avec une particularité : ces trois recettes avaient pour base de la farine de ‘uru, taro, manioc ou patate douce produite sur place. Un régal gustatif qui interroge nos habitudes de consommation.

“Mettre plus de produits locaux dans nos assiettes”

Cooking class farines locales
Hautia Prokop et ses farines locales.

Spécialisée dans l’agrotransformation, Hautia Prokop commercialise ces alternatives locales depuis fin 2019. Les cours de cuisine s’inscrivent dans la continuité de son projet d’entreprise, afin de susciter la curiosité des clients et d’inspirer de nouvelles habitudes alimentaires avec des recettes originales, mais accessibles. “On pensait que les professionnels seraient plus demandeurs. On a quand même quelques acheteurs réguliers, principalement des personnes engagées dans le local. Ça commence, petit à petit, notamment dans l’hôtellerie-restauration pour la clientèle internationale, mais ça reste un marché de niche qu’on aimerait développer”, explique la fondatrice de Tahitian Tasty, qui écoule en moyenne 50 kg de farines locales par mois.

Épluchée et tranchée, la matière première est séchée, puis réduite en poudre fluide prête à l’emploi. “Pour le ‘uru, le prix de vente tourne autour de 2.000 francs le kilo. Nutritionnellement parlant, on n’est pas du tout sur le même produit qu’une simple farine de blé importée à 200 francs le kilo”, remarque la jeune femme. “L’idée, c’est de mettre plus de produits locaux dans nos assiettes au quotidien avec tous les bienfaits qu’ils ont à nous offrir. On ne peut pas se limiter au ma’a Tahiti du dimanche… Cuisiner davantage nos produits locaux, c’est découvrir de nouvelles saveurs avec créativité et dans la bonne humeur !“, encourage-t-elle dans le cadre de ce cours de cuisine grand public.

Rapport qualité-prix

Cooking class farines locales
Manon Coirre, naturopathe en cuisine.

Pour joindre l’utile à l’agréable, Hautia Prokop s’est associée à Manon Coirre, naturopathe et intervenante du jour, convaincue par les atouts nutritionnels des farines polynésiennes. “Elles sont produites à partir de tubercules riches en glucides qui peuvent remplacer les pâtes, le pain ou le riz. Ce sont des produits bruts juste séchés, donc très riches en nutriments, en vitamines, en minéraux et en fibres, ce qui n’est pas du tout le cas de la farine blanche, qui est beaucoup plus pauvre. C’est sans gluten pour les personnes intolérantes ou allergiques, et c’est aussi intéressant pour les diabétiques, car ça va être plus rassasiant”, détaille la professionnelle.

Entre tendances alimentaires et recommandations de santé, mieux manger, plus diversifié et plus sainement, est un idéal à atteindre. Miser sur les produits locaux fait partie de la solution. “En Polynésie, on a des produits hyper intéressants. Ça permet de revenir aux sources, tout en misant sur des recettes simples et actuelles. Le problème, c’est que le blé est subventionné en Europe, donc la farine de blé ne coûte pas cher. Ici, elle est aussi classée PPN (produit de première nécessité, ndlr). Pourquoi ne pas aider localement les entreprises pour que la population puisse se procurer des aliments locaux plus facilement ? Actuellement, ça coûte plus cher, c’est un fait, mais c’est plus intéressant d’un point de vue nutritionnel et écologique. C’est aussi à nous de nous rééduquer et de changer nos habitudes dans notre façon de manger”, conclut la cheffe. À en juger par la dégustation finale, les participants, petits et grands, sont conquis.  

Tehaunui, participant :

Cooking class farines locales

“Varier les apports dans l’assiette et moins dépendre des produits extérieurs”

“C’est l’occasion d’apprendre comment utiliser nos farines locales, car il y a de l’or dans notre nature. C’est aussi une façon de varier les apports dans l’assiette et de diminuer un peu ma consommation de gluten. On a hâte de manger ce que nous avons fait : ça donne envie ! Je suis prêt à acheter ce genre de produit, car ça permet de mettre nos produits locaux, nos producteurs et les agro-transformateurs en valeur. Je suis moi-même agriculteur et, progressivement, notre souhait, c’est de dépendre de moins en moins des produits extérieurs. Nous avons des ‘uru, taro et patates douces à profusion, donc autant en profiter”.