
Amateurs de salades composées et de poisson cru au lait de coco, vous l’aurez sans doute remarqué : tous gabarits confondus, depuis plusieurs semaines, les tomates sont une denrée rare. Depuis environ trois mois, la production locale, principalement concentrée au sud de Tahiti, est en baisse. Selon Marc Fabresse, secrétaire général par intérim de la Chambre de l’Agriculture et de la Pêche Lagonaire (CAPL), la production mensuelle a chuté d’environ 20 % par rapport aux années précédentes : elle est actuellement de 74 tonnes pour une consommation de l’ordre de 90 à 100 tonnes.
Des conditions météo défavorables
« C’est multifactoriel », explique le représentant de la CAPL, dont les agents ont fait la tournée des exploitations. Trois facteurs expliquent cette diminution, à commencer par la météo. « On sort de la mauvaise saison, avec des phénomènes classiques qui se sont prolongés jusqu’à ce mois-ci : le manque de luminosité avec des soucis de floraison et de maturité, et les fortes chaleurs cumulées aux pluies qui impactent les cultures en plein champs et limitent la productivité », poursuit l’ingénieur agronome.
« Chaque année, à cette période, la production de tomates chute. Elles ne mûrissent pas vite parce que les journées sont trop courtes. Avec le changement climatique, les variations de températures sont de plus en plus importantes : soit il fait très chaud, soit il pleut beaucoup, soit il fait froid d’un coup », confirme Moetini Moutame, maraîcher bio à Papara et deuxième vice-président de la CAPL.

Une bactérie et un virus
Les productions sous serres ont également subi des pertes, mais pour d’autres raisons. « De gros serristes ont eu des problèmes liés à des ravageurs, qui n’ont aucun impact sur la santé humaine. Une exploitation a été touchée par une bactérie, la Ralstonia, qui se développe dans les systèmes hydroponiques. Pour la détruire, il faut faire un vide sanitaire, avec un impact de plusieurs tonnes sur la production. Une autre exploitation a été touchée par un virus, le TYLCV, celui qui avait ravagé les parcelles de tomates en 2013, car il empêche la croissance des plants », souligne Marc Fabresse.
Un fléau avec lequel Frédéric Bourgoin a dû composer. « En plus du climat, nous avons eu le problème du TYLCV. J’utilisais cette variété de tomates depuis un moment, mais j’ai quand même eu une grosse parcelle qui a été attaquée par ce virus. D’un coup, je me suis retrouvé avec une perte de 20 tonnes de production », détaille le chef de cultures basées à Mataiea et Papara. « Que les consommateurs se rassurent, c’est un problème passager : les tomates vont vite revenir ! », poursuit l’exploitant.
Amélioration entre fin juin et août
Le cycle de production des tomates étant de deux à trois mois, elles devraient commencer à revenir colorer les étals et les assiettes prochainement. « On commence à observer une amélioration des productions ces deux dernières semaines de juin. On s’attend à une bonne reprise entre fin juin et début juillet pour les problèmes liés à la météo, si le beau temps se maintient, et au mois d’août pour les gros producteurs sous serres impactés par les ravageurs, si tout va bien », annonce Marc Fabresse.
Quant à compenser par les importations, c’est possible, tout en veillant à privilégier les producteurs du Fenua. D’autant que la tomate ferait partie de ces quelques fruits et légumes dont la qualité et la maturité locales sont davantage plébiscitées par les consommateurs. La patience est donc de mise.