Reconnaissables à leur robe noire et blanche unique, les orques sont des mammifères marins présents dans tous les océans, y compris dans les eaux polynésiennes. Depuis deux ans, on sait désormais avec certitude qu’elles sillonnent les cinq archipels. Récemment, plusieurs vidéos ont été partagées par des pêcheurs, qui ont immortalisé leur rencontre avec un groupe de cétacés venus surfer les vagues des bateaux. « On reçoit régulièrement des signalements d’orques. C’est difficile d’affirmer s’il y a plus d’orques, s’il y a plus d’observations ou si on a plus de retours d’observation. Je pense que c’est grâce à la création de notre réseau d’observateurs, mais il n’y a que les anciens qui peuvent confirmer cette hypothèse. J’ai justement commencé à faire des enquêtes : aux Australes, ils en voyaient déjà avant et ils ne semblent pas surpris », commente Agnès Benet, fondatrice de l’association Mata Tohora.
“C’est une chance de pouvoir les apercevoir”
En marge de son engagement en faveur de la tranquillité des baleines à bosse, la docteure en biologie marine tente de percer les mystères des orques du Fenua. « On essaie de mieux les comprendre, car il y a au moins deux populations d’orques en Polynésie : celles qui se nourrissent d’animaux marins, dont les petits dauphins et les baleineaux, et celles qui se nourrissent de poissons, comme aux Marquises. On n’a pas encore suffisamment de données pour pouvoir les identifier. Je lance d’ailleurs un appel à vidéos ou photos aux personnes qui auraient la chance de les croiser. Les orques sont de grandes nomades qui peuvent parcourir 100 à 200 km par jour pour se nourrir. C’est vraiment une chance de pouvoir les apercevoir : je suis moi-même souvent en mer et en Polynésie, je ne les ai pas encore vues ! », remarque Agnès Benet, qui a eu l’occasion d’étudier les orques au Canada.
Respecter les distances d’observation
À l’international, des vidéos d’orques « attaquant » des bateaux ont également circulé. Pour la spécialiste, il ne faut surtout pas céder à la psychose. « L’orque est plus proche du dauphin : ce n’est ni une baleine, ni une tueuse. Toutes les vidéos qu’on voit passer ne sont pas forcément des attaques, sauf pour une à Gibraltar, pour laquelle on m’a demandé une expertise. Il faut se souvenir que c’est un détroit, avec peu de place et énormément de trafic de bateaux. C’est aussi arrivé ailleurs en raison de la surpêche. Je pense que ces situations pèsent sur les animaux qui en ont marre et qui le manifestent. Il y a des orques dans le monde entier, or les attaques sont rares et très localisées. Pour autant, le risque zéro n’existe pas et il faut toujours être prudent, comme avec n’importe quel animal sauvage », analyse Agnès Benet. Comme pour les dauphins, la distance à respecter pour observer les orques depuis un bateau est de 30 mètres minimum, parallèlement au groupe.
À l’aube du retour des baleines à bosse, il est important de souligner que les mesures en vigueur visent notamment à protéger les mères et leurs petits des prédateurs, dont les orques. « Les baleines viennent mettre bas près des côtes, dans les lagons ou les baies, pour se protéger. Si elles sont dérangées, elles repartent au large où elles doivent faire face à leurs prédateurs. C’est pour ça que c’est essentiel de respecter les règles d’approche », rappelle-t-elle inlassablement depuis plusieurs années.