
Contrairement aux semaines passées, la quatrième soirée d’information organisée jeudi 22 juin 2023 à la salle paroissiale protestante de Vairao n’a pas attiré les administrés des quartiers aux alentours. L’équipe composée de Jérôme Debacre, médecin à la Direction de la santé et responsable de la cellule de lutte contre la tuberculose, de Diana Peterano et Laurence Mataitai, infirmières investigatrices, et de Jacques-Olivier Baumy, médecin à l’hôpital de Taravao, était pourtant bien au rendez-vous pour informer la population.
Plusieurs cas ont récemment été détectés à Vairao, tout en sachant que plusieurs communes sont concernées à Tahiti et dans les archipels : chaque année, 50 à 60 cas sont recensés au Fenua. « La tuberculose circule toujours en Polynésie française. Il ne faut pas baisser la garde contre cette maladie qui a tendance à stagner, et pour laquelle on voit apparaître des résistances », explique Jérôme Debacre.
Consulter en cas de symptômes ou de contact
La tuberculose est une maladie infectieuse principalement pulmonaire. La contamination est interhumaine par voie respiratoire, à tous âges, d’où la vaccination des jeunes enfants pour les protéger des formes graves (via le fameux BCG). « Quelqu’un qui tousse depuis plus de trois semaines, qui est fatigué et qui maigrit doit aller consulter un médecin. Et quand on vient chez les gens pour nos enquêtes ou qu’on les appelle pour aller faire un dépistage, il faut le faire : c’est gratuit et ça peut éviter des catastrophes dans les familles. Ce n’est pas une maladie anodine », souligne le médecin référent.
Non traitée, la tuberculose peut être mortelle. « Il y a peu de décès en Polynésie, deux ou trois par an, le plus souvent des personnes qui ont d’autres pathologies », précise-t-il. En 2020, 10 millions de cas de tuberculose ont été recensés dans le monde, entrainant 1,5 millions de décès.
« Il ne faut pas avoir honte d’être malade »
À la Presqu’île, les patients sont pris en charge à l’hôpital de Taravao. « Ce qui est important, c’est de réussir à contacter tout le monde et que chacun respecte ses rendez-vous pour briser la chaîne de contamination grâce à un traitement antibiotique d’au moins trois mois. C’est important d’être très régulier, sans oubli, pour que ça fonctionne. Pour faciliter le dépistage des cas dans les familles, on encourage les gens à motiver les personnes présentant des symptômes comme la toux à venir consulter rapidement. Ça permet de gagner du temps pour tout le monde », recommande Jacques-Olivier Baumy, qui officie au dispensaire de Tahiti iti.
« Ce n’est pas une honte d’attraper la tuberculose. Il ne faut pas avoir honte d’être malade. Ce qui n’est pas bien, c’est de ne pas s’en préoccuper et de ne pas faire attention aux autres », conclut Jérôme Debacre avec bienveillance. Ce type de réunions publiques est organisé plusieurs fois par an à Tahiti et dans les îles, en partenariat avec les communes, selon les besoins.
Pratique
Plus d’infos sur la tuberculose sur le site de la Direction de la santé.