Pueu : légumes à volonté pour 16 familles grâce aux kits potagers solidaires

Kits potagers Pueu CAPL DSFE
La prochaine récolte de salades est imminente chez Vanina Amaru (Photos : ACL/LDT).
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C’est devenu une nouvelle habitude depuis le mois de mars. Chaque matin, Vanina Amaru arrose son potager installé juste à côté de sa maison par la Chambre de l’Agriculture et de la Pêche Lagonaire (CAPL), dans le cadre d’un projet financé par la Direction des Solidarités, de la Famille et de l’Égalité (DSFE) pour venir en aide aux familles modestes de façon concrète et durable. Salades, pota, navets, carottes, concombres, petites et grandes tomates, haricots longs, poivrons, oignons verts, aubergines : la variété des produits est au rendez-vous.

“Tout ce qu’il faut pour se lancer”

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Les semis sont déjà prêts pour le prochain cycle.

“Il y a tout ce qu’il faut dans le kit pour se lancer et pour que ça marche. Des graines, des outils de jardinage, la structure, le terreau, le montage, etc. On a aussi bénéficié d’une formation sur la fabrication de l’engrais de poisson. J’ai fait ma première récole au bout de trois semaines et j’ai pu partager avec toute ma famille, soit une dizaine de personnes”, se réjouit la mère de famille de 48 ans. À la clé : moins de dépenses et une assiette plus saine.

Issue d’une famille d’agriculteurs spécialisés dans les produits vivriers et les agrumes, Vanina Amaru perçoit aussi les bienfaits du retour à la terre. “Beaucoup de personnes ont délaissé l’agriculture. Il y a la question de l’accessibilité aux terres et aussi parce que les jeunes ne prennent pas la relève de leurs parents. Moi la première, j’ai plutôt encouragé mes enfants à faire des études. Pendant le Covid, avec mon mari, on s’est rendu compte qu’on était passé à côté de quelque chose”, confie-t-elle. Ce projet lui tient tellement à cœur qu’elle a accepté d’être référente à Pueu, où 16 kits ont été installés. Elle assure le relais avec la CAPL en tant que conseillère municipale de Taiarapu-Est.

Économies financières et richesse des saveurs

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Un complément bienvenu chez Lauraine Tien-Wah.

Les autres familles de Pueu interrogées sont aussi satisfaites de l’initiative. C’est le cas de Lauraine Tien-Wah, qui entretient ce nouvel espace avec trois autres membres de sa famille. Là encore, la diversité des productions et l’inflation plaident en faveur du kit. “On a tout de suite été intéressé par le concept, car on ne plantait pas tous ces légumes. C’est très utile au quotidien. Ça évite d’aller acheter au magasin et ça complète avec ce que nous avions déjà, comme des ‘uru et des bananes”, explique la jeune femme de 27 ans.

Pour Ramona Teihoarii, c’est le coup de pouce qui lui manquait. “C’est une belle opportunité pour moi de créer un potager. J’avais déjà eu l’occasion d’aider mon frère en agriculture, mais je ne m’étais jamais lancée moi-même”, confie la mère de famille de 30 ans, qui a aussi observé un changement de comportement chez ses enfants. “Je suis contente du résultat : ça fait du bien de manger ses propres légumes. Ma fille de 13 ans et mon fils de 10 ans n’aimaient pas trop ça avant… Le fait de m’aider à entretenir le potager, ça leur a donné goût aux légumes”, se réjouit-elle. Dans la famille, l’engouement pour ce projet est tel que des idées d’aménagements complémentaires ont germé : des bidons de récupération ont été transformés en suspensions pour y semer des herbes aromatiques.

Un suivi d’un an

Au total, 160 kits seront attribués. La moitié des installations a été réalisée depuis janvier dans plusieurs communes urbaines et rurales de Tahiti, en commençant par Arue. Les prochaines implantations sont prévues à Papeete et Faa’a, mais aussi à Moorea et Raiatea. “Le bilan est positif avec des récoltes qui vont dans le sens de l’autosuffisance alimentaire. Tous les deux mois environ, au moins pendant un an le temps que les familles soient pleinement autonomes, les agents assurent un suivi qui est essentiel à la réussite de ce projet”, conclut le deuxième vice-président de la CAPL, Moetini Moutame, tout en soulignant l’importance du soutien des communes sur cette voie.