Six mois d’emprisonnement ferme pour des violences “domestiques”

(Photo : archives LDT)
Temps de lecture : 3 min.

Un homme de 47 ans a été condamné en comparution immédiate le 26 juin 2023 pour s’en être pris à sa compagne vendredi dernier. Des violences qualifiées de “domestiques” par la procureure. Cet employé de la Présidence, régulièrement condamné pour des actes de violence épisodiques sans être habituels a écopé de six mois de prison ferme. Une peine qu’il effectuera sous le régime de la semi-liberté, en rentrant dormir à Nuutania chaque soir après sa journée de travail.  

Il est 19 heures à Faa’a vendredi dernier. Dans une maison familiale, une femme appelle les gendarmes après avoir été frappé par l’homme qui partage sa vie depuis près de 25 ans. Il a un casier judiciaire parsemé de plusieurs condamnations. Depuis une décennie, il est condamné tous les deux ou trois ans pour des violences, rarement sur la même personne. Son dernier passage devant les magistrats remonte à 2020. Il est alors condamné pour s’en être pris à son fils de 15 ans à l’époque. Une correction donnée à l’adolescent car il venait de faire les gros titres pour avoir incendié les deux fare pote du front de mer fraîchement inaugurés. 

Il ne s’agit pas d’un dossier “sur fond d’alcool”, comme on peut fréquemment le déplorer dans ce genre d’affaires. Le couple est inséré socialement, Il travaille tous les deux, lui au service des moyens généraux de la Présidence depuis plus de 20 ans. Le paka et l’alcool ne sont pas un instant évoqués dans l’environnement des disputes du couple, disputes qui n’ont d’ailleurs pas l’air très fréquentes. 

Il voulait 5 000 F pour sa troupe de danse

C’est la genèse du conflit ce soir-là. Il soutient une troupe de danse qui lance une collecte pour ses costumes. Il demande alors 5 000 francs à sa concubine avec laquelle il a trois enfants à charge et qui gère les comptes. Elle refuse. Selon le président du tribunal, il lâche alors un “tito’i“, elle lui répond “toi-même”. C’est le seul motif avancé pour expliquer un premier coup de pied donné dans les jambes de la victime à l’extérieur de la maison. Une fois dans la chambre, quelques instants plus tard, la dispute reprend, la victime rapporte alors trois coups de poing. Elle n’y a pas d’ITT dans le dossier, car elle refuse ensuite de se faire examiner par un médecin. Le tane, coupe de cheveux et moustache impeccable, approuve le récit du coup de pied, mais parle ensuite d’une simple gifle donnée dans la chambre. L’avocate du prévenu rappelle alors qu’il avait, lui, une grosse griffure en plein visage. 

La procureure passe alors un moment à replonger le tribunal dans le contexte de la maison familiale, ou la violence s’est insérée doucement selon elle. Même si les agressions ne sont pas habituelles ou pire, quotidiennes comme dans beaucoup de dossiers, dans ce cas précis, elle les qualifie de “domestiques” d’un subtil trait de langage imagé. Alors qu’elle rappelle les précédentes condamnations pour violence du prévenu, contre son fils ou d’autres membres de sa famille, elle lance : “La violence s’est installée sur le canapé du salon, et prend de plus en plus de place”. Elle admet que l’on a certainement devant nous un homme qui est “un bon employé”, sans doute “un bon ami“. Elle ajoute qu’on a le droit de ne pas être d’accord, d’avoir un conflit, même de se disputer, mais que frapper reste un acte inacceptable. 

L’avocate de la défense s’évertue à sauver l’emploi de son client au sein d’une famille endettée. Elle indique qu’en dehors d’accès de violence “espacés” qui ponctue la vie de son client, ils vivent une vie normale. En face de la peine de prison ferme requise par la procureure, elle plaide pour du sursis, dans le pire des cas, l’avocate demande la possibilité pour le prévenu, qui pleure pour ses derniers mots, d’accéder à un régime de semi-liberté pour préserver son emploi. Le tribunal accède à sa demande, l’homme écope d’une peine de six mois ferme avec maintien en détention. D’ici deux à trois jours, son régime de semi-liberté sera fixé avec le juge des détentions et de la liberté. Il travaillera la journée et rentrera dormir en cellule. 

Y.P