Tahiti Télévisions : des amendes pour l’actionnaire et le directeur

Un ancien pompier de 62 ans a été jugé pour avoir menacé de mort son neveu à plusieurs reprises et l'avoir frappé avec un bâton en mai 2022. (Photo : archives LDT)
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L’idée de Tahiti Télévisions est née en 2014 : proposer une plateforme vidéo incluant des centaines de chaînes de télévision, via un abonnement payant et une box. Ce projet n’avait pas rencontré le succès escompté ; la société Paradise TV Tahiti à l’origine du projet a été liquidée en 2018 pour divers problèmes comptables. L’actionnaire principal et le directeur de cette S.A.S, respectivement Dominique Auroy et Pierre Marchesini, ont été condamnés à 500 000 F d’amende par le tribunal correctionnel le 27 juin 2023.

Alors que Netflix se déploie en France en 2014, c’est Loïc Brigato, déjà à l’origine de Télé Fenua dans les années 90, qui a l’idée de lancer une plateforme VOD à Tahiti via un abonnement payant. Dominique Auroy soutient alors le projet et devient l’actionnaire principal de la société créée l’année suivante, la S.A.S Paradise TV Tahiti. Pierre Marchesini en est le président, Loic Brigato le directeur technique.

La société embauche une personne chargée de la communication et un commercial ; la prospection commence. Tahiti Télévisions propose alors pour quelques milliers de francs par mois d’accéder à des centaines de chaînes. Une société basée à Hong Kong est chargée de récupérer les flux des chaînes essentiellement américaines disponibles en ligne, et de les diffuser à Tahiti via une box. Parmi les canaux, il y a aussi des chaînes métropolitaines comme TF1 ou BFMTV, des poids lourds de l’audiovisuel qui n’ont clairement pas apprécié de se voir diffuser par une société qui ne paye aucune licence de programme ou droits d’auteur. 

L’affaire est portée en justice et la société S.A.S Paradise TV est condamnée en 2017 à payer 60 millions de francs d’amende à chacune des chaînes plaignantes, la société est alors placée en redressement judiciaire avec un passif de 300 millions de francs. La liquidation sera prononcée quelques mois plus tard avec un bilan négatif de 12 millions de francs, après que chacun des investisseurs est remis de l’argent “sur fond propre”, dit l’un des avocats des mis en cause.

Des problèmes comptables ont émaillé l’existence de Paradise TV. Les statuts d’une S.A.S imposaient notamment la certification comptable d’un commissaire aux comptes et sa présence aux assemblées générales. Ce commissaire dit ne pas avoir été convié à certaines assemblées, il n’a pas non plus, selon lui, reçu les documents comptables nécessaires à la validation des comptes pour les années 2015 et 2016. 

“Un retraité joyeux”

Dominique Auroy et Pierre Marchesini se présentent tous les deux comme retraités. “Un retraité joyeux”, dit même l’ancien président de la société Pierre Marchesini, qui “se demande ce qu’il fait là” et se défend d’avoir empêché quiconque de vérifier les comptes. Après s’être renvoyé la balle sur qui prenait vraiment les décisions, les deux hommes ont mis en avant un simple problème de boîte postale pour expliquer que les demandes du commissaire aux comptes soient restées lettre morte. Dominique Auroy s’est même étonné que ce commissaire, qui gère d’autres entreprises de son groupe, ne lui ai pas tout simplement passé un coup de fil. 

C’est aussi ce qu’ont soutenu leurs deux avocats, après que la procureure ait requis 600 000 F d’amende à l’encontre des deux hommes pour des infractions qu’elle considère comme caractérisées. Si le chef d’inculpation “d’obstacle aux vérifications” du commissaire aux comptes n’a finalement pas été retenu, l’ancien actionnaire et l’ancien président écopent chacun d’une amende de 500 000 F pour non-établissement de l’inventaire des comptes ou encore non-convocation de commissaire aux comptes à l’assemblée générale.

Y.P