Heirani Ah Tchoy, 36 ans, résidente de Papara, et Vaimiti Taiarui, 33 ans, résidente de Papeete, originaire de Pueu, se sont liées d’amitié sur les bancs de l’Université de la Polynésie française (UPF). Pendant trois ans, elles ont suivi les mêmes cours du soir dans le cadre d’un Master Comptabilité, Contrôle et Audit (CCA). Si elles ont débuté leur carrière professionnelle en tant que salariée, elles ont finalement souhaité voler de leurs propres ailes en se lançant à leur compte.
“J’ai travaillé à la maison pendant cinq ans, et un jour, j’ai eu envie de sortir de chez moi. J’ai tout de suite pensé au coworking pour partager les frais. Mais les seuls espaces que j’ai trouvés étaient en ville, où ça existe depuis quelques années. Ça ne m’intéressait pas de faire le trajet, donc je me suis dit que j’allais en ouvrir un moi-même et que ça intéresserait d’autres personnes”, explique Heirani Ah Tchoy, comptable libérale et gérante de Business Center Papara, qui s’est donc associée à Vaimiti Taiarui pour mener à bien ce projet.
Confort et convivialité au travail
Après un an de recherches et d’aménagement, le local de 135 m2 a ouvert ses portes le 1er avril 2023, au premier étage du centre commercial Tamanu Iti de Papara. Un choix stratégique à plus d’un titre. “Au départ, il y avait de la demande dans mon entourage et d’autres personnes viennent nous rejoindre petit à petit, des professionnels, des étudiants ou de futurs entrepreneurs. En plus du grand parking et du supermarché accessible à pied, nous mettons tout ce qu’il faut à disposition pour travailler : des bureaux climatisés, un accès à internet, un salon, un coin café, frigo et fontaine à eau, une salle de bain, une imprimante-scanner et un ordinateur sur demande”, détaille Heirani Ah Tchoy.
Les tarifs vont de 3.000 francs par jour à 34.200 francs par mois, ménage inclus, pour un total de dix postes de travail simultanés. Les avantages de la formule sont aussi immatériels : il s’agit de s’inspirer et de se motiver mutuellement. “Nous avons une abonnée qui travaille dans le community management et elle me donne des conseils, et vice-versa pour moi pour la comptabilité. C’est très enrichissant !”, constate Heirani Ah Tchoy.
Décentraliser pour gagner en productivité
La jeune femme va même plus loin en termes de gain de productivité et de contribution au nécessaire effort de décentralisation. “On n’a pas tous besoin d’aller en ville tous les jours pour travailler. J’y vais une fois par semaine pour mes rendez-vous. Ça permet d’éviter les embouteillages et c’est aussi plus écologique. Quand j’étais salariée, je faisais la navette. J’ai calculé : je passais au moins trois heures dans la circulation par jour. C’est énorme ! C’est du temps que je peux maintenant consacrer à mon travail, à ma famille, à mes enfants. J’ai plus de temps pour moi. Et quand j’arrive au travail, je suis zen”, analyse-t-elle.
Pour Vaimiti Taiarui, qui prévoit de proposer ses services de formation en développement et gestion d’entreprise, ce projet résonne aussi comme un changement de vie consécutif à la naissance de sa fille. “C’est lumineux et accueillant, et propice au travail. En ville, tout est à proximité, mais en même temps, le rythme peut être pesant avec des problèmes de circulation et de stationnement”, remarque la jeune femme, qui fait donc ponctuellement la navette dans l’autre sens pour retrouver avec joie le cadre verdoyant de sa Presqu’île natale.
Trois mois après le lancement, le duo d’entrepreneures vient d’investir un second local d’un peu plus de 60 m2, voisin du premier, afin de répondre aux demandes en matière de réunions et de formations, dans la continuité du concept des bureaux partagés.
Léonne Tapea, assistante comptable et usagère régulière :
“On rencontre de nouvelles personnes”
“Travailler dans cet espace, c’est tout à fait différent de ce que j’ai pu connaître avant. J’ai été dans des bureaux fermés où on ne croise pas grand monde, ou alors toujours les mêmes personnes. Ce lieu est très agréable pour travailler. On rencontre de nouvelles personnes et c’est très enrichissant, car on ne travaille pas tous dans le même domaine. Ça permet de voir autre chose ! J’encourage les personnes qui cherchent un lieu inspirant et tranquille à venir tester”.
Donatien Tanret, directeur d’association et usager à la journée :
“Travailler quelques heures entre deux rendez-vous”
“Je suis de Moorea. Quand je me déplace à Tahiti ou à la Presqu’île pour rencontrer des partenaires, c’est bien d’avoir un espace pour travailler quelques heures entre deux rendez-vous avec tout à disposition. C’est un service intéressant et abordable. J’ai déjà eu l’occasion d’utiliser un espace de coworking à Papeete, donc je connaissais déjà le fonctionnement. Ce qui est sympa avec ce concept, c’est aussi de se connecter à d’autres personnes et d’échanger. C’est motivant !”.