Korail Vernaudon, Miss Heiva, est arrivée deuxième derrière Ravahere Silloux, avec 90 points sur 100, à l’élection de Miss Tahiti 2023. Ce jeudi 29 juin, elle assistera à l’ouverture du Heiva i Tahiti, place To’ata. À 24 ans, celle qui vient de rendre ses derniers travaux pour le master 1 de sciences de l’éducation qu’elle suit à distance, invite les associations culturelles ou non à la contacter pour qu’elle aille suivre leurs activités. “Qu’elles n’hésitent surtout pas !”.
“Ce titre de Miss Heiva, c’est finalement comme une suite logique”
Avec quelques jours de recul depuis ton élection vendredi 23 juin, est-ce que tu commences à réaliser que tu es devenue Miss Heiva ?
“Dès le soir de l’élection, j’ai réalisé que je faisais partie des quatre finalistes puis que j’étais élue Miss Heiva. C’est un réel privilège de porter cette écharpe.”
Comment te sens-tu dans ton nouveau rôle ?
“Les représentations officielles ont commencé hier avec la cérémonie d’accueil du nouvel ATR d’Air Tahiti. Ce nouveau rôle est devenu concret. Ce moment a été spécial pour moi parce que mes parents sont tous les deux retraités de cette compagnie aérienne, mon papa était pilote et ma maman hôtesse. Il y avait beaucoup d’émotion et j’étais fière de me retrouver à cet événement.”
Qu’est-ce que représente pour toi d’être, pour un an, Miss Heiva ? Tu danses, quel lien as-tu avec la culture locale ?
“Je fais partie du monde du ori Tahiti depuis 2015 quand j’ai commencé mes premiers concours avec le Hura Tapairu et le Heiva i Tahiti. Depuis 2018, j’évolue au sein de la troupe professionnelle de Hei Tahiti. La danse, c’est le lien que j’ai de plus fort avec ma culture et elle me permet d’être au contact de la langue, des percussions et de la confection des costumes. Ce titre de Miss Heiva, c’est finalement comme une suite logique. C’est une fierté. Miss Heiva est une femme polynésienne qui me correspond, simple, chaleureuse, accessible, accueillante, qui aime le contact avec les autres et qui est engagée pour sa culture.”
Comment comptes-tu aborder cette nouvelle responsabilité ?
“En plus des représentations officielles imposées par le comité Miss Tahiti, auxquelles je prends beaucoup de plaisir à aller, j’aimerais beaucoup que ma présence puisse mettre en valeur d’autres événements comme le Heiva va’a mata’eina’a, le Heiva rima’i, le Heiva Tu’aro ou encore les courses hippiques. Et aussi que, toute l’année, la culture soit mise en avant. J’aimerais bien que des associations culturelles ou non fassent appel à moi pour que je vienne participer à leurs activités. Elles peuvent me joindre par Instagram, c’est le réseau social sur lequel je suis le plus active.”
Si tu pouvais t’essayer à l’artisanat, ce serait plutôt le tressage, la couture, les bijoux, la sculpture, … ?
“J’adore les bijoux en coquillages des Tuamotu et ce serait d’apprendre à les confectionner.”
Tu aimerais qu’on se souvienne de toi en tant que Miss Heiva parce que…
“J’aurais réussi à faire que la population redécouvre ou découvre sa culture et pour ceux qui sont déjà dedans, qu’ils se la ré-approprient. J’aimerais vraiment faire rayonner notre culture.”
Miss Heiva. H comme ? E comme ? I comme ? V comme ? et A comme ?
“H comme hiro’a tumu, arbre des connaissances. E comme ‘ete, panier marché. I comme iho, souffle de vie. V comme vahine et A comme ’a’au, entrailles ou siège des idées, des sentiments, des émotions.”
“Il n’y a pas de hasard dans la vie”
Lors de cette élection, tu as été très soutenue. Pourquoi, selon toi, n’as-tu pas été élue Miss Tahiti ? Qu’est-ce qu’il t’a manqué ?
“J’ai eu la chance depuis le début de cette aventure d’être très soutenue, c’est vrai et je remercie tous ceux qui m’ont suivie. Quand on s’inscrit à un concours, il faut accepter la vie comme elle vient. Il n’y a pas de hasard dans la vie. Je crois fermement que tout arrive pour une raison et ma mission, cette année, c’est d’être Miss Heiva.”
Peux-tu partager avec nous un bon souvenir de cette aventure Miss Tahiti ? Et un moins bon ?
“Ce qui me vient à l’esprit, c’est mon passage en robe de soirée, lors de la soirée d’élection, devant ma famille tout debout avec les lampes de leurs téléphones allumées. C’est une image que je garde en tête et que je chérirai longtemps. Le souvenir le moins bon, c’est que l’aventure avec les autres candidates s’est terminée quand j’ai descendu les marches de l’escalier à la mairie de Papeete. J’ai eu un vrai pincement au cœur parce que nous avons formé une incroyable équipe soudée.”
Tu as dit t’être inscrite à Miss Tahiti pour gagner en assurance, notamment. Est-ce mission accomplie ?
“Franchement oui. J’ai gagné en assurance. Je m’affirme plus, j’ai appris à communiquer aussi, à échanger, à accepter d’autres points de vue, à prendre du recul sur les situations et à être beaucoup plus résiliente. C’est une aventure qui m’a fait grandir énormément. Je m’attendais à évoluer, mais pas forcément dans les domaines où ça s’est produit.”
“Je voue un amour à l’éducation”
Peux-tu partager une info insolite sur toi ?
“J’ai été égérie du spectacle Mana de Hei Tahiti pour le Heiva i Tahiti 2022 qui a remporté le premier prix en catégorie ori hura tau. ce spectacle parlait d’un couple qui cherchait à retourner à l’essentiel, au-delà du superficiel de la société d’aujourd’hui dans laquelle les distractions sont faciles.”
Tu as 24 ans et tu es en master 1 de sciences de l’éducation à distance. En quoi la culture peut apporter à l’éducation ? Peux-tu nous parler de ce projet pilote de la DGEE que tu menais dans les classes de Pirae ?
“Ce projet, d’une durée de trois ans, a pour but de lutter contre le décrochage scolaire, de la maternelle à la cinquième, dans toutes les écoles publiques de Pirae et dans les sections Patitifa du collège de Ta’aone, à raison d’une heure d’initiation à la culture par semaine. Par le biais de la culture, les enfants adhèrent à d’autres apprentissages plus formels. Ils s’épanouissent à travers la danse, le chant, la compréhension des gestes et des mots, la confection des costumes. C’est une approche différente de l’apprentissage. Les instituteurs utilisent ensuite toutes les notions vues pendant cette heure hebdomadaire pour nourrir leurs enseignements. Je suis intervenue pendant cette année scolaire tout en préparant mon master 1 à distance, dont j’attends les résultats mi-juillet. Les enfants ont dû apprendre une chorégraphie qu’ils ont exécutée à To’ata pendant le Taupiti Ana’e. Sur leurs visages, nous pouvions lire leur joie de s’y produire. C’est pour ça que je voue un amour à l’éducation.”
Quel va être ton emploi du temps dans un avenir proche ? et dans un peu plus longtemps ?
“Je suis en vacances. Je vais partir, en tant que Miss Heiva, à la Saga à Huahine. Et à la rentrée prochaine, je vais continuer en master 2 de sciences de l’éducation toujours à distance avec l’université de Paris VIII qui a une spécificité qu’il n’y a pas localement, le parcours éducation tout au long de la vie. Ainsi, mon projet professionnel sera plus tourné vers la réinsertion ou vers la formation pour adultes.”
Tiphaine Isselé
Le comité Miss Tahiti a voulu mettre en avant le titre de Miss Heiva
Cette année, Miss Heiva, Korail Vernaudon, est arrivée à la deuxième place derrière Ravahere Silloux, Miss Tahiti 2023, alors que ce titre est habituellement en quatrième position.
Ainsi, dans le détail des notes obtenues par les quatre finalistes, Ravahere Silloux (candidate n°3) obtient 9 sur 10 au test de culture générale, 40 sur 40 à l’oral devant le jury, 30 sur 30 par le jury lors de l’élection et 18 sur 20 par le public, soit un total de 97 sur 100 et devient Miss Tahiti 2023.
Korail Vernaudon (candidate n°4) obtient respectivement 7 sur 10, 36 sur 40, 27 sur 30 et 20 sur 20, soit un total de 90 sur 100 et est sacrée Miss Heiva.
À la troisième place, Teipotemarama Cabral (candidate n°8) obtient 9 sur 10, 32 sur 40, 24 sur 30 et 16 sur 20, soit 81 sur 100. Elle devient la première dauphine.
Enfin, à la quatrième place, Poeiti Yule-Poroi avec 5 sur 10, 28 sur 40, 21 sur 30 et 6 sur 20, soit 60 sur 100 qui lui offre la place de seconde dauphine.