Ce mercredi 5 juillet 2023, le tribunal administratif se penchera sur deux recours déposés par la Fédération Tāhei ‘auti ia Mo’orea et son président Raihiti Buchin, contre le projet de construction de deux bâtiments commerciaux sur la terre de Paetou à Teavaro sur l’île de Moorea. Malgré un avis défavorable de la mairie et une demande d’expertise du tribunal administratif en février sur les travaux de terrassement réalisés, un permis de construire a tout de même été obtenu en avril.
L’inquiétude des habitants de Teavaro débute en 2019 lorsque le premier projet sur la terre royale dite de Paetou est révélé. Il s’agit alors de la construction par le promoteur qui a racheté le terrain de trois lotissements pour, au total, une cinquantaine de lots sur 57 000 mètres carrés, comprenant avant tout un remblai et déblai de près de 70 000 mètres cubes.
“Un projet pharaonique” selon les riverains qui le dénoncent. Depuis le collectif Paetou tout d’abord, puis désormais la Fédération Tāhei ‘auti ia Mo’orea et son président Raihiti Buchin s’opposent fermement au projet.
De son côté le promoteur, qui avait eu le courage de présenter lui-même le projet initial à la population en août 2019, a plusieurs fois modifié son projet, privilégiant des lots industriels et commerciaux plutôt que des habitations. Ça n’a pas suffi à convaincre le président de la fédération qui, en 2022, dénonce les agissements de la société qui effectue le remblai, au motif qu’elle va au-delà des autorisations prévues.
Le tribunal administratif a déjà donné raison à la fédération en février dernier, en ordonnant qu’une expertise soit conduitee sur les travaux de terrassement réalisés. Une expertise qui aurait dû être rendue dans les trois mois, mais qui selon Raihiti Buchin n’a toujours pas été effectuée.
Une régularisation de permis de construire accordée en 24 heures
La surprise des membres de la fédération “qui passe tous les jours sur place” nous dit son président, est grande lorsqu’ils voient, le 13 mai dernier, que le permis de construire N°22-385-6/VP/DCA a été accordé au mandataire d’un groupe de Nouvelle-Calédonie pour la construction d’un bâtiment commercial qui abriterait donc les enseignes “Tahiti Pas Cher” et “Gémo”.
La fédération apprend alors qu’après que le Pays ait demandé au promoteur de régulariser sa demande de permis de construire, une demande a été faite le 27 avril, et la régularisation obtenue dès le lendemain.
“Un permis de construire en 24 heures, ça n’existe pas“, s’indigne Raihiti Buchin qui a de nouveau saisi en référé le tribunal administratif le 20 juin dernier pour que la justice fasse cesser les travaux, “dont la réalisation s’est faite aux dépends d’un environnement unique et au mépris des règles administratives censées le protéger“. La décision devrait être rendue ce jeudi.
Y.P