En 2022, l’Etat a dépensé 200 milliards de francs en Polynésie française

La restructuration du lycée professionnel d'Uturoa, à Raiatea, a couté 97,1 millions de francs. L'Etat a subventionné les travaux à hauteur de 80%. (Photo : LEP Uturoa)
La restructuration du lycée professionnel d'Uturoa, à Raiatea, a couté 97,1 millions de francs. L'Etat a subventionné les travaux à hauteur de 80%. (Photo : LEP Uturoa)
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Ce mardi 5 juillet, temps est donné au Haut-commissariat de présenter le bilan des dépenses étatiques en Polynésie française pour l’année 2022. Force est de constater que ces dernières augmentent chaque année depuis 2019 et cela sans inclure les dépenses et aides apportées par la France durant la crise sanitaire. Au total, pour l’exercice 2022, la France a participé à hauteur de 199,4 milliards de francs à la vie du Pays, soit 6,6 milliards de plus qu’en 2021.

Ces dépenses, qui se divisent en trois catégories, représentent près d’un tiers du produit intérieur brut (PIB) de la Polynésie française, dont le budget annuel de fonctionnement avoisine les 186 milliards de francs et dont les recettes fiscales annuelles approchent les 112 milliards de francs.

Parmi les catégories de dépenses de l’Etat, on retrouve celles liées à l’exercice des compétences de la Polynésie française, celles liées à l’exercice des compétences des communes et enfin celles liées à l’exercice des compétences régaliennes sur le territoire.

Interrogé sur la continuité des projets actés entre le précédent gouvernement du Pays et l’Etat, Eric Spitz, Haut-commissaire de la République en Polynésie française répond : “le président de la Polynésie française (Moetai Brotherson, Ndlr) et moi-même sommes très attachés à la continuité du fonctionnement du Pays et de l’État. Tous les engagements pris par l’État vont être tenus avec le nouveau gouvernement. Quant au nouveau gouvernement, il ne m’a pas fait part de changements profonds sur des projets qui auraient été initiés par le précédent gouvernement.” (Photo : Sébastien Berson)

100,9 milliards de francs de dépenses liées à l’exercice des compétences du Pays

Ces dernières permettent le financement des activités régaliennes dans le Pays, comme par exemple la justice ou les armées, le paiement des salaires des fonctionnaires d’État, dont 80% d’entre eux, le souligne le Haut-commissaire, sont Polynésiens. Cette catégorie de dépenses représente 84,6 milliards de francs, soit 42 % des dépenses totales.

Ce sont les dépenses liées à l’exercice des compétences du Pays qui sont les plus importantes. Elles pèsent pour plus de la moitié des dépenses totales de l’État en Polynésie française avec 100,9 milliards de francs pour l’année 2022 avec notamment 68 milliards de francs dépensés dans les salaires des enseignants du premier et second degré.

Parmi les investissements et participations de l’État dans le champ de compétences du Pays, on retrouve par exemple le subventionnement du réaménagement du débarcadère de Hereheretue ou de la reconstruction du pont de Opunohu à Moorea. Pour le premier, dont le coût s’élève à 550 millions de francs, la France a participé à hauteur de 70 %. Pour le second, dont le coût est de 271 millions de francs, l’État a participé à hauteur de 62 %.

Pas de recette mais des dépenses qui devraient augmenter en 2023 et 2024

Sur le dernier axe des dépenses, celles liées à l’appui à l’exercice des compétences des communes, elles ne représentent “que” 7 % des dépenses totales de l’État sur le territoire, avec un total de 14 milliards dépensés en 2022. Parmi les aides et subventionnements apportés ici, on retrouve, entre autres, la participation de l’État dans la construction d’abris de survie aux Tuamotu-Gambier, pour un montant de 82,2 millions de francs.

Et les investissements et dépenses de l’État devraient se poursuivre, voir augmenter pour l’année en cours, voir même 2024, informe le représentant de l’État. Alors que l’État ne dégage aucune recette en Polynésie française, si ce n’est, comme l’indique Eric Spitz, quelques-unes provenant d’amendes et condamnations pénales et qui ne représentent pas plus de 1 ou 2 % des dépenses étatiques, les appels à projets comme “France 2030” ou le “Fonds vert” sont sources de futurs dégagements financiers importants de l’État pour les futurs porteurs de projets du Fenua.

Cécile Zaplana, secrétaire générale adjointe du Haut-commissariat et cheffe de la subdivision administrative des îles Australes précise d’ailleurs que “la Polynésie française est un territoire extrêmement sérieux dans son fonctionnement et dans son pilotage de projet, ce qui conduit l’État chaque année à atteindre le plafond, à consommer l’ensemble des crédits pour lesquels l’État s’était tenu prêt à investir.”

Franck Blettery, administrateur général des finances publiques, explique quant à lui que la bonne utilisation des crédits sur des projets aide à en obtenir autant, voir plus, les années suivantes : “si vous êtes sur un territoire où des crédits sont prévus mais non utilisés, lorsque vous revoyez le contrat suivant, c’est difficile. Alors que quand on peut justifier de l’utilisation effective des crédits, c’est plus simple dans la renégociation budgétaire, avec Bercy notamment. En Polynésie française, on est dans une situation stable voir de légère progression.” Ce dernier informe également que les dépenses de l’Etat en Polynésie française sont en légère augmentation sur le premier semestre 2023.

Dépenses de l’Etat en Polynésie en 2022

Eric Spitz, Haut-commissaire de la République en Polynésie française (à droite), ici accompagné de Franck Blettery, administrateur général des finances publiques, à la tête de la direction des finances publiques de Polynésie française depuis le 15 juillet 2022. (Photo : Sébastien Berson)