
Quatre fois par semaine, à la tombée de la nuit, des encouragements résonnent à l’ancienne école élémentaire de Pueu. Depuis fin mai, les licenciés du club Ataaroa MMA s’y entrainent pendant une heure et demie par session. Échauffement, apprentissage des techniques et combats de jujitsu, lutte, pieds-poings et MMA sont dirigés par le président de l’association, Thierry Bonnet, coach et compétiteur de 36 ans, originaire de Mahina.
“Tout a commencé dans notre garage à Tautira, avec des amis. Puis il y a eu des entrainements à Taravao, mais ça faisait loin, car il s’y rendait en vélo. C’est ce qui lui a donné envie d’ouvrir une section à Tautira, en 2019”, se souvient sa compagne, Nihitea Punuaaitua, 32 ans, secrétaire du club, qui porte le nom de la vallée emblématique de leur commune de résidence.


De la paroisse catholique à l’école publique
Trouver un local pour s’établir n’a pas été simple. Après une location à moindre coût auprès de la paroisse catholique de Tautira, la commune de Taiarapu-Est a accepté de mettre à la disposition du club une ancienne salle de classe, ainsi que le préau pour les entrainements extérieurs. “Pueu, c’est central, et ça fait une activité dans le district”, explique Thierry Bonnet, attaché à transmettre sa passion pour les arts martiaux, et les valeurs associées. “On insiste sur le respect entre eux et on essaie de leur donner goût à la compétition. Certains viennent s’entrainer pour le fun. Mon but, c’est de sortir les jeunes de la rue. Avec le sport, on peut faire beaucoup de choses”, souligne l’entraineur, formé au coaching en 2020. L’approche est éducative avec des règles adaptées à chaque âge selon la discipline travaillée.
Cours gratuits et récoltes de fonds
Agriculteurs de métier, Nihitea Punuaaitua et Thierry Bonnet n’hésitent pas à donner de leur temps. Ils ont même fait le choix de ne pas faire payer les cours. “Beaucoup de gens n’ont pas de travail. Certaines familles n’ont tout simplement pas d’argent. Le fait d’avoir un local prêté gratuitement par la commune, ça nous permet de fonctionner comme ça. Le but, c’est d’attirer un maximum de jeunes”, remarque le président de l’association.

“C’est très compliqué de mettre en place des cotisations. Très peu sont capables de payer. Donc, pour pouvoir partager notre passion dans de meilleures conditions, on a décidé de rendre les cours gratuits. En contrepartie, pour remplir les caisses de l’association pour financer l’achat de matériel ou nos déplacements, on organise des ventes de plats et de tee-shirts, et tout le monde est invité à donner un coup de main pour ces récoltes de fonds, en complément des demandes de subvention”, précise la secrétaire du club, qui compte une vingtaine de licenciés réguliers, âgés de 13 à 30 ans.
“L’opportunité d’une belle aventure sportive”
“On leur offre vraiment l’opportunité d’une belle aventure sportive. On invite les jeunes à venir apprendre à canaliser leur énergie au dojo et à entrer en compétition localement, et pourquoi pas à l’étranger par la suite”, conclut le couple. Prochains rendez-vous pour le club : le 22 juillet 2023, à Taravao, pour la rencontre mensuelle entre les membres du Amui JJB, et le 5 août 2023, à Mahina, pour la TXTA 4, compétition de MMA à laquelle un jeune de Pueu de 14 ans prendra part.
Maramaiti Ioane, 18 ans, pratiquant :

“Je m’entraine tous les jours”
“Je viens pour la forme et avoir une bonne condition physique pour peut-être pouvoir monter dans la cage, en octobre. Ça fait deux mois que je pratique au sein du club. Je suis à l’université et actuellement en vacances. J’ai beaucoup de temps libre, donc ça me permet de venir m’entrainer tous les jours. J’ai des amis qui s’entrainent ici, donc je les ai suivis. Le fait que ce soit gratuit, en tant qu’étudiant, c’est intéressant. D’ailleurs, c’est la première fois que je viens en club. J’aime pouvoir me défouler avec toutes les parties du corps, tout en respectant les règles et les conseils qu’on nous donne”.