To’a Nu’uroa veut “aider le corail à reprendre sa place sur le récif”

Le projet To'a Nu'uroa s’inscrit dans un contexte de problématiques environnementales locales : le blanchissement corallien de 2019 ayant favorisé la prolifération de l'algue envahissante turbinaria ornata au détriment de la biodiversité corallienne. (Photo : To'a Nu'uroa)
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To’a Nu’uroa est le nouveau projet écologique en faveur de la restauration du récif corallien. Le programme d’actions de l’association vise à augmenter la couverture corallienne par la technique de micro-fragmentation mais aussi par l’arrachage massif du turbinaria ornata, une algue brune envahissante

Apporter des solutions concrètes et opérationnelles en résilience assistée aux récifs coralliens de Puna’auia” est l’un des objectifs qui coordonnent le nouveau projet écologique To’a Nu’uroa, initié par les associations Tamari’i Pointe des pêcheurs et Tamari’i no te Moana. Ensemble, ils souhaitent “améliorer la couverture corallienne des récifs de Puna’auia suite à un épisode de blanchissement observé en 2019, qui a causé des mortalités chez les coraux et une colonisation du milieu par l’algue envahissante turbinaria ornata“.

Pour cela, l’équipe To’a Nu’uroa a mis en perspective un programme d’action qui s’étend sur deux années (2023-2025). Les écologistes ambitionnent de restaurer les barrières coralliennes de trois sites marins en particulier : le jardin corallien dans le lagon de la Pointe des pêcheurs, le piton de la Source dans la passe de Nu’uroa et la faille St Étienne près de Nordhoff, en pente externe.

Restaurer le corail par la micro-fragmentation

Dans un premier temps, l’enjeu est de restaurer le récif corallien de Punaauia avec le processus de micro-fragmentation. Cette technique, découverte par le scientifique britannique David Vaugh, consiste à couper des morceaux de coraux en petites sections afin d’être transplantés sur des zones coralliennes complètement dépourvues de turbinaria ornata.

En effet, lorsque plusieurs micro-fragments d’un seul corail segmenté sont posés côte à côte, ils se reconnaissent et fusionnent entre eux : c’est scientifique ! Grâce à cette technique, il est possible de ressusciter des coraux en mauvaise santé. “L’avantage de ces micro-fragments, c’est qu’ils vont accroître 20 à 30 fois plus vite la croissance du corail. La technique c’est de mettre ces micro-fragments sur des plug en ciments, de les laisser grandir sur le plug et de pouvoir les transplanter sur le récifs coralliens pour augmenter rapidement la couverture corallienne face à l’envahissement de la turbinaria ornata”, précise Jessica Tran, chargée de la partie scientifique du projet To’a Nu’uroa. 

(Photos : To’a Nu’uroa)

Cette phase d’action a déjà démarré en février dernier. Au cours de cette séance d’expérimentation, une forte mortalité a malheureusement été constatée.

Nos premières transplantations n’ont pas été concluantes. Nous avons fait face à une forte mortalité que nous avons pu rapidement améliorer et optimiser grâce à nos observations et à l’accompagnement des chercheurs partenaires. Nous nous sommes beaucoup adaptés et aujourd’hui nous avons transplantées un millier de micro-fragments qui survivent bien en nurserie“, détaille Jessica Tran. D’ici 2025, ils prévoient de transplanter 1 000 autres micro-fragments coralliens.

(Photos : To’a Nu’uroa)

Limiter la prolifération de l’algue envahissante

Dans un second temps, pour restaurer le récif corallien efficacement, il est nécessaire de limiter la prolifération du turbanaria ornata, qui menace l’équilibre vital des récifs coralliens.

D’abord, les plantes aquatiques sont arrachés à la main “afin de libérer le substrat pour permettre le recrutement de coraux et augmenter la surface pour leur croissance“.

Puis, les turbinaria ornata sont récupérées et transportées à Pacific Biotech, une société de recherche et de développement  afin d’être recyclées : “la turbinaria ornata a de nombreux bienfaits notamment dans le domaine agricole. En tant que bio stimulant, l’algue a vraiment des composés intéressants pour stimuler la croissance des plantes, comme un engrais. Et aussi en bio technologie, notamment en utilisant une molécule qui s’appelle l’alginate, notamment utilisée comme épaississant dans la cosmétique ou encore l’agroalimentaire. L’algue sera vraiment séchée et nous allons extraire les molécules d’intérêt pour l’agriculture et la biotechnologie“, précise Jessica Tran.

À ce jour, l’équipe To’a Nu’uroa a récolté  près de 295 kg de turbinaria. D’ici 2025, les écologistes planifient d’extirper dix tonnes d’algues envahissantes. 

(Photos : To’a Nu’uroa)

Dans la continuité de leur projet, les militants collaborent avec l’association Mata’aveia à l’organisation d’une exposition artistique.

La présentation mettra en forme de manière visuelle et scénographique les résultats scientifiques des deux ans de recherches de l’équipe To’a Nu’uroa, à travers des créations artistiques exclusives d’artistes contemporains locaux. L’évènement est prévu pour avril 2025.

To’a Nu’uroa en chiffre

295 kg de turbinaria récoltés

1 105 coraux fragmentés

26 heures passés sous l’eau

4 014 818 F dépensés

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