Huitres de bouche locales – Une filière ostréicole en bonne voie

On trouve déjà de belles huitres naturelles en Polynésie. La filière devrait être amenée à se développer. (Photos : MV/SG)
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Marotea Vitrac. (Photo : SG/LDT)

 “Faire de l’huitre de bouche en aquaculture, ce serait une première en Polynésie” s’enthousiasme Marotea Vitrac, ingénieur et directeur d’Ostréa Tahiti. Il a créé récemment sa société et lancé aux côtés de l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et de la direction des Ressources marines (DRM) un projet expérimental pour élever des huitres destinées à la consommation.

L’expérience n’en est qu’à ses débuts puisque les premiers élevages installés à la presqu’île ont démarré en mars et il faudra attendre deux années avant de pouvoir déguster ces premières huitres. 

Concrètement, deux “tables” sont installées du côté de la presqu’île, l’une à l’ifremer à Vairao et l’autre dans la baie de Phaëton, sur lesquelles des petites huitres de 2 cm, issues d’une écloserie, ont été fixées sur des cordes avec du ciment. Un système de motorisation solaire, actionné via un logiciel, simule les marées. Objectif : éviter les parasites, stimuler le muscle de l’huitre et en faire un coquillage de qualité organoleptique (arôme, couleur, texture). 

Cette technique brevetée, baptisée “marée solaire” a été éprouvée par son inventeur Florent Tarbouriech, ostréiculteur depuis trois générations sur la Lagune de Thau, en Méditerranée. “J’ai souhaité le rencontrer, nous avons sympathisé et lorsque le sujet des huitres a été déterré par l’Ifremer, j’ai proposé cette solution, capable de lever le verrou du polydora (ver qui parasite les huitres) explique Marotea, intéressé par le sujet depuis de longues années. “J’ai habité 8 ans dans la baie de Phaëton, et l’idée m’est venue de développer un projet en mangeant de très bonnes huitres naturelles” dit-il. 

“L’Ifremer avait déjà fait des essais entre les années 60 et 70 à Taha’a et à Taravao mais cela n’a pas fonctionné principalement en raison du ver polydora qui rend l’huitre impropre à la consommation. Le fait de l’exonder (sortir de l’eau) et de la mettre au soleil chasse le parasite” précise t-il encore. 

Objectif : des huitres locales de bonne qualité et moins chères

“Le but est d’offrir des huitres locales à la population, de bonne qualité et moins chère que les huitres importées” souligne Marotea. Il s’importe 100 tonnes d’huitres par an en Polynésie dont 30 tonnes en frais. “Nous sommes partis sur une estimation de 20 tonnes par an. Le challenge n’est donc pas de les vendre mais de produire de bonnes huitres” ajoute t-il. 

Ostréa Tahiti a obtenu une concession dans la zone biomarine de Faratea, clé de voute du développement de la filière aquacole polynésienne.

On trouve dans nos eaux deux espèces d’huitres : la Saccostrea cucullata qui serait meilleure mais petite et la Saccostrea echinata, plus grosse et plus résistante au polydora. Les chercheurs se penchent sur leur cas afin d’en tirer le meilleur parti. L’Ifremer et la DRM, en marge du soutien apporté à Ostréa Tahiti, ont entamé un programme ambitieux de recherche sur l’ostréiculture tropicale.  La Polynésie semble donc être en bonne voie pour se doter d’une filière ostréicole.

Des petites huitres de 2 cm, issues d’une écloserie, sont fixées sur des cordes avec du ciment. Un système de motorisation solaire, actionné via un logiciel, simule les marées. Une technique brevetée baptisée “marée solaire”.