
Ce vendredi 14 juillet, comme chaque année depuis 1880, on célèbre la fête nationale française avec son traditionnel défilé militaire. Lors du défilé à Papeete, vous pourrez croiser Henri Thuret. Henri est âgé de 93 ans aujourd’hui. Né à Rangiroa en 1930, il a 19 ans quand il s’engage dans l’armée française. Durant sa carrière militaire, le Tamarii volontaire est envoyé sur deux champs de batailles : Indochine et Algérie. Zoom sur cet homme au parcours de vie qui impose le respect.
Le jeune Henri naît aux Tuamotu en mai 1930. Sa scolarité, il l’effectue à l’école des frères (aujourd’hui La Mennais). Il quitte l’établissement à dix-sept ans pour diverses raisons. Sa mère ne l’apprend d’ailleurs que bien après, par un frère de l’établissement, qui l’informe que son fils n’est plus scolarisé. Sa maman lui demande alors si il veut continuer l’école. Il répond que oui et file à l’école centrale (Gauguin aujourd’hui). Il y reste une semaine en tout et pour tout.
Arrivent les petits boulots pour Henri. Il travaille comme docker notamment pour Cowan. Il travaille ensuite pour le général Maxime Léontieff, grand-père d’Alexandre Léontieff, président du gouvernement de la Polynésie française de 1987 à 1991. Maxime Léontieff s’exile, après la victoire de Lénine liée à la révolution russe, en France puis à Tahiti en 1936. Durant son aventure professionnelle pour le général, Henri rencontre son ami Bobby… il se retrouvent tous deux par la suite en Indochine.

Le parcours militaire d’un de ses frères le pousse à s’engager également
Dès l’âge de dix-sept ans, Henri souhaite s’engager dans l’armée. C’est le parcours de son frère Matthieu, engagé dans la Marine durant la Seconde Guerre mondiale, qui le pousse à suivre la même voie. Les histoires que Matthieu raconte à Henri après le conflit mondial et à son retour de d’Europe à Tahiti en 1946, poussent le jeune Paumotu à suivre le même chemin.
Cependant, impossible de s’engager vu son jeune âge. C’est finalement à l’aube de ses vingt ans, en 1950, qu’il rentre dans les parachutistes.
Formé en France, il part rapidement vers l’Indochine. Il débarque dans l’ancienne colonie française en décembre 1950. Henri découvre alors l’enfer de la guerre.
Il raconte les embuscades, les champs de bataille souvent inondés, qu’il décrit comme les “hoa” des Tuamotu, en moins paradisiaques bien évidemment. Il relate aussi les ordres reçus auxquels il admet de pas avoir tout le temps répondu par l’affirmative… Sa conscience le lui interdisait confie t-il. Il n’en dira pas plus.
Parmi ses souvenirs de guerre marquants, Henri raconte une embuscade de l’ennemi près d’un village. Alors que son bataillon se trouve sur une plaine, les tirs commencent à fuser, explique t-il. Dès lors, ses camarades et lui n’ont que des petites diguettes pour se protéger, alors que l’ennemi est à 250 ou 300 mètres.
Ils resteront quatre jours ici. Il faut attendre l’arrivée de l’aviation pour les tirer d’affaire, narre Henri, non sans émotion. Un évènement marquant parmi tant d’autres pour celui-ci.

(Repro : Sébastien Berson)
Après la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie
Il passe deux ans et demi en Indochine, durant le conflit. Alors qu’il pense en avoir terminé avec l’armée, à son retour au Fenua en 1953, Henri ne sait pas encore qu’il n’en est rien. En effet, en 1954, il s’engage de nouveau.
Cette fois-ci, ce sera l’infanterie. Il part alors pour l’Europe. Il sera envoyé en mission en Afrique (Sénégal, Mali, Maroc) de 1956 à 1958 avant de repartir de nouveau dans un pays en guerre, l’Algérie. Henri y sera mobilisé de 1959 à 1962, année marquée par la fin du conflit et par l’accession du pays à l’indépendance.
Après ce nouvel épisode historique, Henri finit ensuite sa carrière militaire à Pontoise en région parisienne, en 1965. A son retour à Tahiti, il entame une belle carrière de vingt-six années comme douanier.
Citation à l’ordre de l’armée avec attribution de la croix de guerre des théâtres d’opération extérieurs avec étoile de bronze, décoré de la croix du combattant volontaire avec barrette Indochine, citation à l’ordre du régiment avec attribution de la croix de guerre des théâtres d’opération extérieurs avec étoile de bronze, décoré de la médaille coloniale et décoré de l’ordre nationale du mérite. Tels sont les honneurs reçus par Henri Thuret pour sa carrière militaire et son engagement. A noter qu’il défile également durant ses années à l’armée pour la fête nationale : le 14 juillet 1950 et le 14 juillet 1954.



