Dossier – Les enfants HPI en Polynésie française, signes annonciateurs (1/3)

On estime que 2,3% de la population, Métropole, DOM-TOM et Collectivités d’outre-mer confondus, serait haut potentiel intellectuel. (Photo : DR)
On estime que 2,3% de la population, Métropole, DOM-TOM et Collectivités d’outre-mer confondus, serait haut potentiel intellectuel. (Photo : DR)
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Les personnes reconnues comme à haut potentiel représenterait 2,3 % de la population, Métropole, DOM-TOM et Collectivités d’outre-mer confondus. Communément appelés “surdoués”, les personnes et enfants reconnus à haut potentiel intellectuel (HPI) ont une dynamique de fonctionnement propre. Être haut potentiel intellectuel ne se résume pas uniquement à posséder une intelligence supérieure. Cela est bien plus profond et comporte des aspects psychologiques bien plus poussés.

Sandrine Lefebvre, psychologue au département “Adaptation scolaire et Scolarisation des élèves Handicapés” (ASH), à la Direction générale de l’éducation et des enseignements (DGEE), informe qu’un élève sur quarante-quatre serait haut potentiel. A partir de quand un enfant est reconnu haut potentiel ? Lorsque le fameux test du quotient intellectuel (QI) indique un résultat de 130, précise-t-elle.

La circonscription 12, à laquelle est rattachée la psychologue, est en charge de la scolarité des élèves à besoins éducatifs particuliers ou en situation de handicap, sur le territoire de la Polynésie française.

La circonscription et la DGEE s’efforcent de mettre en place des aménagements appropriés, quand cela est nécessaire, pour les élèves HPI, afin qu’ils puissent pleinement utiliser et développer leur potentiel et s’épanouir dans le système éducatif dit classique.

Enfants HPI : quels sont les signes annonciateurs, à quel âge faire le test… ?

Sandrine Lefebvre rappelle en premier lieu que “ce n’est pas un handicap, ni une pathologie, ni une identité. C’est un mode de fonctionnement spécifique” et explique qu’il existe plusieurs signes annonciateurs pouvant indiquer qu’un enfant est HPI : apprend à lire rapidement, parle très bien pour son âge, apprend les choses rapidement, est très curieux, comprend rapidement, a une façon de raisonner atypique, a une pensée intuitive, fait preuve une grande empathie… (liste non exhaustive, Ndlr).

A partir de quel âge le test QI est-il fiable? La psychologue rapporte qu’un test de QI peut être effectué chez un enfant à partir de deux ans, mais que “comme le rapporte Jacques Grégoire docteur en psychologie et professeur à l’université catholique de Louvain, spécialiste du diagnostic de l’intelligence et des troubles de l’apprentissage et d’autres spécialistes, c’est vers six ou sept ans que l’intelligence est bien installée.” La professionnelle abonde dans ce sens.

Pour Sandrine Lefebvre, psychologue
à la DGEE,
il est important de rappeler
qu’être HPI
“ce n’est pas
un handicap,
ni une
pathologie,
ni une identité.
C’est un mode
de fonctionnement
spécifique”
(Photo : SL)

C’est le cas par exemple du petit Eimeo*, 9 ans, détecté HPI à l’âge de six ans, au QI de 130, et d’Ethan*, également détecté à 6 ans, au QI de 147, et aujourd’hui en classe de quatrième. Pour le premier, c’est sa façon de raisonner, avancée par rapport à ses camarades, qui soulève des interrogations chez son institutrice de l’époque.

Celle-ci invite ses parents à se rapprocher de spécialistes pour faire un test. Pour Ethan, c’est les questions qu’il se pose, alors qu’il a seulement trois ans, qui laissent perplexe. Sa mère s’inquiète de le voir s’interroger sur des questions existentielles. Un médecin lui conseille alors de se rapprocher de spécialistes pour faire également un test de QI. L’enseignante et le professionnel de santé visent juste dans les deux cas, les enfants sont HPI.

L’école et les enfants HPI en Polynésie française

La psychologue précise qu’on retrouve généralement trois types de profils chez les enfants HPI. Ceux détectés ou non et qui ont une scolarité tout à fait normale. Ceux pour lesquels il faut faire des aménagements spécifiques, en concertation avec les parents et une équipe éducative, comme le programme pédagogique de réussite éducative (PPRE), où l’on prend en compte les forces et faiblesses de l’enfant afin de lui mettre en place un système éducatif épanouissant.

On détecte enfin ceux qui ont ce qu’on appelle une comorbidité psychique/psychiatrique, c’est-à-dire des enfants souvent atteints de troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), sans que cela soit lié à leur profil à haut potentiel.

Pour ces enfants, toujours en concertation avec les parents et le système éducatif, un programme d’accompagnement personnalisé (PAP) ou un projet personnalisé de scolarisation (PPS) est alors mis en place. Souvent, pour ces enfants, un traitement médicamenteux sera nécessaire. C’est le cas par exemple du petit Ethan, qui suit un traitement pour contrôler ses troubles de l’attention.

Les aménagements mis en place ne fonctionnent malheureusement pas tout le temps, informe Sandrine Lefebvre, qui indique aussi que les années les plus sensibles sont généralement les années collège. “On essaie alors de comprendre ce qui ne va pas. Par exemple, le PPRE est un “contrat” qui peut être revu. Si on voit que cela ne fonctionne pas , on cherche de nouvelles solutions. Parfois on a détecté que l’enfant avait besoin d’un suivi en parallèle. Parfois le saut de classe, qui n’est pas automatique pour les enfants HPI, peut s’avérer bénéfique.” A titre d’exemple, Eimeo, n’a pas sauté de classe ce qui n’est pas le cas Ethan qui a sauté sa classe de CE2.

* Noms d’emprunt, les familles ayant souhaité rester anonymes