Des matahiapo enthousiastes apprennent les rudiments de la couture

Adélaïde, une participante à l’atelier de couture organisé par la mairie de Faa’a, et la formatrice, Taputapu Fariki, montre fièrement ce que les matahiapo ont déjà cousu. (Photo : T.I./LDT)
Temps de lecture : 2 min.

Droit fil, patronage et marges de couture n’ont plus de secret pour elles. Au premier étage, à l’arrière de la mairie de Faa’a, huit femmes s’appliquent derrière leurs machines à coudre, dans une grande salle baignée de lumière. 

Âgées de 60 à 69 ans, elles suivent depuis début juillet un atelier de couture, organisé par la commune, via le syndicat d’initiative Taaretu, et le contrat de ville. Son objectif est triple : les sortir de leur quotidien, leur apprendre à réaliser des pièces qu’elles pourront reproduire chez elles et “passer un bon moment entre elles”, explique Taputapu Fariki, leur formatrice.

C’est pour “se faire plaisir” qu’Adélaïde Chung, retraitée, s’est inscrite à ce stage et aussi “pour renforcer ses facultés cognitives et s’ouvrir à de nouvelles amitiés”. “J’ai une machine à coudre à la maison et je cousais déjà des petites choses”, confie-t-elle. Certaines sont débutantes et “elles réalisent après plusieurs jours de pratique que la couture, c’est simple”, partage la formatrice dont la bonne humeur est communicative. Dans la salle transformée en atelier, ça coud, ça repasse, ça surfile, ça découpe avec entrain. “C’est grâce à notre formatrice si nous y arrivons aussi bien”, reconnaît une participante.

“Nous avons commencé par des pièces simples : taies d’oreiller, draps housses et draps plats”, détaille Taputapu. “Après une semaine, nous nous sommes lancées dans la réalisation d’une robe. Nous avons commencé par la théorie. À la fin de la journée, tout le monde avait mal à la tête. Le programme, c’était une robe mama ru’au, mais chaque stagiaire l’a un peu adaptée à son goût pour la porter au quotidien. L’intérêt, c’est que chacune puisse reproduire le modèle chez elle.”

L’amour du travail bien fait

“Elles sont tellement motivées qu’elles ne veulent pas prendre de pause. Je dois les forcer à s’arrêter, sinon ce serait de 8 à 13 heures sans interruption”, confie Taputapu, avant d’ajouter : “Et elles ont intérêt à m’écouter”. Il n’y a pas que pour ménager leur santé que la jeune formatrice leur dit quoi faire. “Quand je vérifie leurs coutures et que ce n’est pas bien droit, je leur demande de tout découdre et de recommencer. C’est comme ça qu’on apprend, mais elles n’aiment pas.”

Déjà aguerrie au maniement d’une machine à coudre, Adélaïde a déjà bien avancé sa robe. Elle a choisi un modèle droit qu’elle a cousu dans un tissu en fibranne dans les tons de violet. Elle a ajouté de la broderie anglaise blanche qu’elle a doublée au niveau du buste et dans le haut du dos. Le col est en V avec un pli d’aisance au niveau de la poitrine. Taputapu a fait découdre et recoudre l’encolure plusieurs fois à Adélaïde. “Ça gondolait. J’ai dit à Adélaïde de tout refaire et de bien cranter pour que le rendu soit joli.” Il lui reste à coudre une petite dentelle au bas de sa robe pour rappeler celle des manches et sa robe sera finie.

Ce mardi 18 juillet, commence un second atelier avec huit autres habitantes de Faa’a de plus de 60 ans. À coup sûr, points droits, surfileuse et découd-vite seront maîtrisés à la fin de cette nouvelle session.

Tiphaine Isselé