
C’est une histoire ancienne mais restée dans les mémoires que La Dépêche de Tahiti souhaite commémorer ce 22 juillet : le crash du Boeing 707 de la compagnie Pan Am au large de Tahiti, survenu le même jour, cinquante années auparavant. Des 69 passagers, dont neuf Tahitiens, et 10 membres d’équipage à bord, un seul survivra.
Nous sommes le 22 juillet 1973, il est 22 heures. Soixante-neuf passagers, dont neuf Tahitiens, embarquent à bord du Boeing 707 de la compagnie américaine Pan Am à destination de Los Angeles.
Environ une minute après son envol de Tahiti-Faa’a, l’aéronef s’incline vers la gauche et perd drastiquement de l’altitude avant de s’écraser en mer, à 22h10, au large de Papeete. Des 69 passagers et 10 membres d’équipage à bord, un seul passager survivra.
Au sol, l’ambiance festive du tiurai est interrompue par le bruit du crash. “J’étais sur la Jonque (restaurant sur un bateau dans le port de Papeete, NDLR) et j’ai vu l’avion décoller en bout de piste. J’ai trouvé qu’il était anormalement bas et ses réacteurs me paraissaient ne pas marcher comme ils auraient dû. Les réacteurs ont eu comme des ratés puis se sont tus et l’avion plongeait dans la mer“, raconte un témoin interrogé par La Dépêche de Tahiti, à l’époque des faits.
D’autres résidents affirment “avoir vu l’appareil en feu, et avoir perçu deux faibles explosions étouffées au moment du contact avec l’eau“, rapporte La Dépêche de Tahiti, dans son édition du 23 juillet 1973.

Neuf Tahitiens périssent dans l’accident
Au total, 78 personnes ont péri lors cette soirée du 22 juillet. Parmi eux, neuf Tahitiens :
- René Siu, né le 9 novembre 1923 à Papeete, naturalisé américain. À l’époque du drame, il était venu à Tahiti pour assister à l’inauguration de la Banque de Polynésie. Trois de ses neveux et nièces l’accompagnaient à bord : Thierry Tcheong, 14 ans, Evan Tcheong, née le 22 février à Papeete et Irina Tcheong, née le 23 juin 1964, à Papeete.
- Charles Bordes, né à Papeete le 24 mars 1955, avait 18 ans. Il était étudiant à Papeete et résidait à Faa’a.
- Wui Kong Kiou, né le 26 mars 1952. À 21 ans, il travaillait dans le commerce et habitait Papeete.
- Ghislaine Chune, 14 ans, née le 19 septembre 1959 à Papeete. Elle était écolière.
- Rose Noella Claret, 21 ans, née le 28 janvier 1952. Elle avait été élue Miss Tiurai 1968. C’était la première fois que la jeune femme prenait l’avion.
- Karin Drollet, 13 ans, née le 26 juillet 1959 à Papeete. Elle était la fille de Jacques Drollet, l’ancien directeur de l’École de Tipaerui.


(Photos : Archives LDT)
À l’exception de James Campbell, seul rescapé de la catastrophe. Le canadien de 28 ans a été repêché sur les lieux du drame. Il témoigne ne pas se souvenir “de l’accident proprement dit, mais s’était réveillé dans l’eau“. Malheureusement, il décède quelques années plus tard dans un accident de la route.
Une chanson inspirée de cet épisode aérien a été composée par le chanteur Coco Mamatui :
Des hypothèses infondées
Les raisons de l’accident n’ont jamais été déterminées, mais l’équipage aurait constaté une légère fissure sur l’un des hublots latéraux du cockpit à son atterrissage sur le sol polynésien. La “boîte noire” de l’appareil, outil essentiel pour connaître l’origine exacte de la catastrophe, n’a jamais été retrouvée, ce qui complique les investigations. Les débris de l’avion comme le train avant du Boeing ou des morceaux de carlingue ont été repêchés, mais aucune explication concrète n’a pu être avancée.




(Photos : Archives LDT)
Finalement, le rapport d’enquête suggère que “le pilote aux commandes aurait pu effectuer des actions volontaires provoquant la perte d’altitude : une défaillance physique expliquerait le fait qu’aucune annonce aux passagers, selon le passager rescapé, ni aucun appel à la tour n’aurait été émis par l’équipage. Le pilote aux commandes aurait pu être perturbé par les lumières de la ville et du port à sa droite et leur absence à gauche”.
On observe, dans les affaires de crashs aériens, que les compagnies ou le constructeur “chargent” quasi-systématiquement les pilotes et se réfugient derrière l’erreur humaine.