

Des poteaux reliés entre eux par des chaînes. C’est le nouveau visage de la plage de Mitirapa, à Toahotu, depuis fin juin. Les travaux d’aménagement ont été réalisés par la commune de Taiarapu-Ouest sur décision du maire, en réponse à des incivilités nocturnes à répétition.
“Ça faisait deux ans qu’on se battait contre les nuisances sonores et l’alcool à cet endroit. Tous les week-ends, dès le jeudi soir, en plein milieu de la nuit, des groupes de personnes qui avaient fait la fête venaient finir leur soirée. Même en étendant les horaires de nos muto’i, on n’arrivait pas à stopper ce phénomène”, confie Tetuanui Hamblin, assailli de plaintes des riverains, un quartier résidentiel et un lotissement privé jouxtant le site en question.
Tous les jours, la police municipale est chargée d’ouvrir à 7 heures et de fermer à 18 heures les deux entrées pour permettre aux usagers de stationner leurs véhicules, complétées par un troisième accès de mise à l’eau pour les propriétaires de petites embarcations.


Cette solution drastique a le mérite d’être efficace, puisque le calme est revenu dans le secteur. “J’espère que ça va durer. On fait en sorte de surveiller les autres sites de la commune pour s’assurer que les groupes ne s’installent pas ailleurs”, remarque le maire, conscient que cette fermeture risque de déplacer le phénomène, comme déjà constaté dans d’autres communes.
Peu pratique, mais “provisoire”

Cependant, l’esthétique et la praticité du dispositif n’est pas au goût de tous. Les familles et les professionnels doivent désormais composer avec ces nouvelles installations. C’est le cas de Taimandra, agricultrice de Toahotu, venue débarrasser la plage des algues pour nourrir ses cultures. “Ça complique l’accès, surtout pour moi avec mon camion à benne. Je comprends aussi les riverains, qui ont le droit de dormir tranquillement”, remarque-t-elle, conciliante.
Interrogé sur ce point, Tetuanui Hamblin reconnaît que “ce n’est pas l’idéal pour la population qui souhaite se rendre à la mer”, mais précise que cette réponse est “provisoire”, sans donner de délai. Des travaux d’aménagement sur ce site de la Direction des affaires foncières (DAF) seraient en projet avec la municipalité, à des fins de valorisation. À terme, les poteaux et les chaînes pourraient donc disparaître, ou le système de fermeture pourrait être pensé différemment pour préserver le charme des lieux.
En sachant que la pollution sonore n’est pas la seule menace qui pèse sur la plage de Mitirapa : des déchets, principalement alimentaires et d’hygiène, sont régulièrement abandonnés sur place. Et ils ne sont probablement pas le simple fait des noctambules.
Théophile Tamarii, riverain et usager du site :

“Le comportement de certains pénalise tout le monde”
“Avec un copain, on vient pêcher tous les jours. Concernant les car-bass, la moindre des choses, c’est de respecter les alentours. La musique ne me gêne pas, mais il faut se calmer sur le volume sonore : ils n’arrivent même plus à communiquer. C’est compréhensible de vouloir s’amuser et se détendre, mais il ne faut pas exagérer. Et je ne parle même pas des bagarres à 2 heures ou 4 heures du matin, en plein milieu de la route ! C’est le comportement de certains qui pénalise tout le monde. On se retrouve avec des poteaux et des chaînes tout le long de la plage. Est-ce que c’est une bonne solution ? Pour moi, c’est de l’argent gaspillé. Il faut sanctionner tous ceux qui ne respectent pas les autres ou la loi, pas ceux qui veulent passer une belle journée à la plage. Dans le fond, je comprends cette décision, mais c’est dommage, parce que c’est un beau site”.