Avec sa carrosserie bleu-lagon et sa plaque à quatre chiffres, elle ne passe pas inaperçue sur les routes de la Presqu’île de Tahiti ! Remise en circulation il y a moins de trois semaines, la Méhari de 1974 de Dominique et Baptiste Halgrain est systématiquement saluée par les passants, qui font un bond dans le passé.
Des réactions entre surprise et nostalgie
“Les plus jeunes sont très surpris, parce qu’ils ne connaissent pas ces voitures-là. Les plus anciens ont un coup de nostalgie : certains ont passé leur permis dessus, d’autres en avaient dans la famille, etc. Il y en avait beaucoup dans les îles et sur les atolls, notamment à Moruroa, via l’armée. Avec le temps, elles ont disparu du paysage”, remarque Dominique Halgrain, résident de Taravao de 43 ans, qui a entrepris ce projet de rénovation avec son fils de 19 ans, il y a cinq ans.
Un projet familial
“Tout a commencé par la passion d’un ami de Moorea, Franck. En 2017, on a manqué une Méhari en vente. Au réveillon du Nouvel An, cet ami nous a offert une Méhari blanche pour nous permettre de mener notre projet père-fils, qui l’avait touché ! On l’a ramenée à Tahiti sur un camion, qui était tombé en panne à Paea, pour l’anecdote, et qui avait dû être lui-même remorqué. Notre chance, c’était d’avoir cette base encore un peu roulante et avec une carte grise”, précise Dominique Halgrain.
“L’envie est venue à la fin du collège, en regardant des émissions TV. Depuis le début du projet, j’ai eu deux diplômes, un bac pro maintenance nautique au lycée de Taravao et un BTS maintenance des véhicules au lycée Diadème, et aussi mon permis de conduire, ce qui m’a encore plus motivé !”, reconnaît Baptiste Halgrain.
Le projet s’est déroulé en deux phases, sur leur temps libre : la rénovation mécanique, puis la carrosserie, en passant par un kit du Méhari Club Cassis, le modèle n’étant plus produit par Citroën depuis 1987. Entre leurs emplois du temps respectifs et la Covid-19, l’aventure n’a pas été de tout repos.
Des détails vintages et modernes
Père et fils ont finalement mis un coup d’accélérateur au projet, il y a trois mois. “On a conservé les roues, les trains avant et arrière, le moteur avec son bruit bien reconnaissable et les suspensions souples typiques. Elle a quatre vitesses, plus la marche arrière. Elle n’est pas faite pour rouler vite, plutôt pour prendre son temps. Elle peut passer de deux à quatre places grâce à la banquette amovible. Et on a ajouté des ceintures de sécurité”, précisent les deux passionnés.
Plusieurs clins d’œil tantôt vintages, tantôt modernes, en font un modèle unique. “La carrosserie sans porte est en plastique, comme à l’origine, mais on a volontairement opté pour une couleur hors catalogue d’origine (vert, blanc, orange ou jaune). On a conservé les logos Citroën de l’époque, mais on s’est aussi fait plaisir avec des touches plus personnelles, comme le volant en bois, par exemple. On a encore des finitions à faire au niveau des tapis de sol et du pare-brise qu’on aimerait rendre rabattable comme sur le modèle d’origine. On a aussi prévu d’ajouter un toit, en cas de pluie !”, s’amusent père et fils.
Une page Facebook pour les passionnés
Malgré quelques pannes minimes, les road trips en famille de Tautira à Teahupo’o s’annoncent plutôt ensoleillés. Pour poursuivre l’aventure, Dominique Halgrain vient de créer la page Facebook Mehari Club Tahiti, “pour essayer de recenser les propriétaires et les passionnés, et tous ceux qui auraient envie d’échanger sur le sujet dans le cadre d’une rénovation”.