Forum – L’Office polynésien de l’habitat veut être “acteur d’une Polynésie durable”

Le projet consiste à interroger beaucoup de personnes de la société civile, des institutions, les maires, les élus pour aider l’OPH à définir de quelle manière il peut être un acteur visible d’une Polynésie durable. (Photo : DG)
Le projet consiste à interroger beaucoup de personnes de la société civile, des institutions, les maires, les élus pour aider l’OPH à définir de quelle manière il peut être un acteur visible d’une Polynésie durable. (Photo : DG)
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Différents ateliers ont été mis en place pour faire “remonter” les idées. (Photo DG)

Comment s’assurer que l’Office polynésien de l’habitat (OPH) s’inscrit bien dans une politique générale de vision à long terme et d’intégration au défi du développement durable. C’est autour de ce grand thème que s’est ouvert, ce jeudi 27 juillet au matin sous la chapiteau de la Présidence, le premier “forum ouvert” de l’OPH, en présence de Minarii Chantal Galenon Taupua, ministre des Solidarités et du Logement, en charge de l’Aménagement.

Plusieurs dizaines de personnes ont joué le jeu de la consultation. Bien davantage en tout cas que la consultation sur les solutions aux problèmes de circulation… (Photos DG)

Le projet consiste à interroger beaucoup de personnes de la société civile, des institutions, les maires, les élus pour aider l’OPH à définir de quelle manière il peut être un acteur visible d’une Polynésie durable.

“En fait, c’est plutôt : comment faire en sorte que les actions menées par l’OPH dans ses métiers puissent avoir un impact le plus faible “admissible” par l’environnement, la biosphère” explique Moana Blanchard, le directeur de l’Office. “Aujourd’hui, nous sommes plus d’une centaine de personnes rassemblées à la présidence. Les idées vont fuser de toutes parts, selon les attentes de chacun. Le but est de s’inscrire dans un triptique qui consiste à dire que l’OPH est un acteur visible d’une Polynésie que l’on souhaite la plus durable et soutenable possible

A travers ses constructions, les matériaux qu’elle utilise… mais aussi par la volonté de rechercher pour les familles un accès à un régime alimentaire autonome, et la possibilité de bénéficier d’un petit faa’apu à proximité de leur logement. L’idée est “d’aboutir à un mieux vivre ensemble en harmonie”.

Les idées émises ce jeudi 27 juillet seront compilées dans des recueils, “librement consultables ensuite” et qui ont pour mission d’éclairer la direction de l’OPH dans sa future feuille de route 2024-2028.

Moana Blanchard, directeur de l’OPH : “L’offre foncière
devient un facteur incontournable”


Faut-il comprendre que les Fare OPH n’étaient pas optimisés par rapport aux questions du dérèglement climatique, de transition énergétique, de développement durable ?

Oui, notamment. En fait, j’avais déjà créé une feuille de route 2019-2023 pour l’OPH, qui était fondée sur les travaux d’un séminaire entre les membres du conseil d’administration et les directeurs, c’était un peu “intra muros”… Nous nous étions attachés aux attentes de nos partenaires : familles, Pays, communes, Etat, banquiers et entreprises. Nous avions réfléchi aux actions à mettre en oeuvre, comme par exemple payer les fournisseurs à 30 jours, avoir une comptabilité analytique, etc. Cette fois-ci, nous avons voulu élargir le champ de la consultation, pour aller au plus près des attentes de nos populations.

Vous avez dirigé l’Office polynésien de l’habitat pendant des années, et vous vous apprêtez à le quitter. Quels sont selon vous les principaux freins au développement de l’habitat en Polynésie française ?

Il y a à mon sens deux principaux freins. D’abord, l’offre foncière, qui constitue un vrai défi. Lorsque je suis né, nous étions moins de 50 000 habitants en Polynésie française et aujourd’hui, nous sommes 280 000 habitants sur la même surface. Aujourd’hui, 60% des demandeurs sont plutôt dans la zone urbaine entre Mahina et Paea, mais les terrains disponibles se trouvent plutôt en zone rurale, après Papara. Dans la zone contrôlée par l’agence de Taravao, nous en sommes à 700 logements construits à Taiarapu ouest, Afaahiti et jusqu’à Papenoo. L’offre foncière devient donc un facteur incontournable.

Même s’il s’agit d’un organisme public, peut-on dire que l’OPH est confronté aux même contraintes que l’ensemble du secteur de l’immobilier ?

Oui, tout à fait. Que l’on soit promoteur immobilier ou simplement intéressé au bâti, nous avons ces problématiques à gérer. Le deuxième frein identifié est lié au fait que l’OPH bâtit ses actions sur des subventions du Pays, à 100% la plupart du temps. A la différence de nos collègues de Nouvelle-Calédonie qui, eux, ont un effet de levier par de l’emprunt auprès de la banque des Territoires. C’est un aspect qui ne nous a pas échappé et sur lequel nous travaillons beaucoup en ce moment, avec la création d’une filiale dédiée à cet effet.

Connaissez-vous le nom de la personne qui va vous succéder ?

Non, pas du tout. C’est une prérogative qui appartient au Président et à la présidence du conseil. Mon départ de l’OPH est une décision personnelle qui n’a aucun lien avec le contexte politique. C’était prévu de longue date, en accord avec Jean-Christophe Bouissou, mon ancien président du Conseil et Minarii Chantal Galenon, la nouvelle présidente.

Que retenez-vous de ces années passées à la direction de l’Office ?

J’ai beaucoup appris à l’OPH. Je suis un ancien directeur de la Société d’équipement de Tahiti et ses îles (Sétil) pendant de longues années. A l’OPH, le facteur humain est prégnant au quotidien, tant en interne qu’en externe. Nous sommes sans cesse dans des arbitrages d’attentes très humaines, de relations parfois exacerbées. L’OPH est un acteur incontournable de la paix sociale en Polynésie française, il faut le dire. Il faut souhaiter que l’élan qui a été donné par la stabilité gouvernementale précédente puisse continuer. Bien sûr, il y a encore des axes de progrès en matière de gestion interne au sein de l’OPH, c’est la raison pour laquelle nous nous remettons en question.

Un Fare OPH. (Photo DG)