
L’homme de 47 ans, sans domicile fixe (SDF), n’a connu que la prison. Incarcéré après le meurtre de son frère, alors qu’il n’avait pas 20 ans, il tente depuis par tous les moyens de rester derrière les barreaux, en commettant des délits parfois le jour même de sa sortie. Il était jugé le 3 août pour avoir fracassé le pare-brise de la voiture d’un magistrat la semaine précédente, 48 heures seulement après sa libération. Après une audience qui s’est conclue par une insulte et un doigt d’honneur au Président du tribunal, il a été condamné à quatre ans de prison ferme.
Le SDF à la longue barbe et chevelure blanche n’a pas voulu d’avocat. Il ne veut pas non plus répondre aux questions ni faire de déclaration, mis à part “c’est écrit devant toi”, invitant le Président du tribunal à se contenter du rapport de police de son audition. Le 26 juillet dernier, il s’en prend à une voiture dans le parking du palais de justice, c’est le véhicule de fonction du président de la cour d’appel.
La scène, durant laquelle il jette une pierre sur le pare-brise de la voiture, est filmée. L’homme est interpellé deux jours plus tard. Objectif atteint, puisque l’unique but de cet homme en rupture totale avec la société est de retourner en cellule.
Quand d’autres sont spécialistes du lever de pierres, lui les jette. Sur des gendarmeries, par deux fois, à Tiarei puis Papeete en 2016. La seconde fois, il était sorti de prison le matin même. Puis il passe aux voitures, avec une préférence pour celles garées aux abords du palais de justice. C’est pour cela qu’il était incarcéré jusqu’au 24 juillet. Hasard ou coïncidences, c’était déjà pour s’en être pris à la même voiture.
Sa première condamnation remonte à 1996. La cour d’assises le condamne alors à 18 ans de prison ferme pour le meurtre de son frère à Raiatea. Après des tentatives infructueuses de soins et des allers-retours entre la prison et l’hôpital psychiatrique, il est libéré en 2010. Depuis, il ne veut qu’une chose, retourner en prison. “Je n’ai rien à dire, je veux juste y retourner” dit-il aux policiers qui l’auditionnent.
Un doigt d’honneur en guise de conclusion
Dans ses réquisitions, le procureur revient sur le parcours du prévenu, notamment l’assassinat de son frère “dans des circonstances épouvantables” mais surtout son inextinguible besoin de retourner en cellule. “C’est pratique d’avoir trois repas par jour et un toit” ajoute le représentant du ministère public, qui concède l’impuissance de la justice à remettre l’homme sur le droit chemin. Il requiert quatre ans de prison ferme. Le tribunal le suit.
Malgré le peu d’envie qu’a le prévenu de s’exprimer depuis le début de l’audience, le président lui laisse tout de même l’opportunité de prendre une dernière fois la parole : “Va te faire foutre” conclut le prévenu, accompagné d’un doigt d’honneur, comme une ultime tentative d’alourdir sa peine. Peut-être faudra-t-il prévoir de renforcer la sécurité du parking du tribunal à sa prochaine sortie…
Compte-rendu d’audience Y.P.