Narii Faugerat raconte 50 ans d’aventure Toyota au fenua

L'homme d'affaires Narii Faugerat retrace 50 ans d'aventure Toyota à Tahiti et dans les îles. (Photos NF/DG)
L'homme d'affaires Narii Faugerat retrace 50 ans d'aventure Toyota à Tahiti et dans les îles. (Photos NF/DG)
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La société Nippon Automoto a été crée il y a 50 ans par Narii Faugerat. (Photo NA)

L’homme d’affaires Narii Faugerat, ancien consul honoraire du Japon qui a transmis le flambeau à sa fille Leïana, est le grand patron de Nippon Automoto, concessionnaire des marques Toyota et Suzuki, qui fête ce week-end ses 50 ans au fenua. La Dépêche a évoqué avec lui l’histoire et le succès de ces deux marques japonaises à Tahiti comme dans les îles.

L’homme d’affaires Narii Faugerat revient, pour La Dépêche, sur 50 années d’aventure Toyota à Tahiti et dans les îles. (Photos NF/DG)


Comment a débuté votre aventure professionnelle dans le monde de l’automobile et des motos ?

Je ne venais pas du tout de l’univers de la mécanique puisque j’ai été formé à la base en électronique aux Etats-Unis, j’avais même ma licence de radio-amateur. En 1970-1971, j’ai commencé en réalisant des casques dans ma chambre à coucher. Après, j’ai conçu un petit magasin à hauteur de l’actuel Vahinerii Tea House à Paofai dans lequel j’ai vendu des motos italiennes : des Moto Guzzi, Malagutti, Ducatti, etc.

Les marques Toyota et Suzuki étaient déjà représentées depuis je crois 1972 par les établissements Martin et fils, dans des petits magasins situés près de l’emplacement de l’actuel restaurant Mc Donalds à Papeete, pas très loin du Fare Tony qui à l’époque n’avait que sa façade du front de mer. Dans un magasin, ils vendaient Datsun et Yamaha, et dans l’autre Toyota et Suzuki.

Les premières Toyota ont été importées par les Etablissements Martin, avant le rachat par Narii Faugerat en 1973. (archives LDT)

A l’époque, les modèles les plus importés étaient les Toyota Land-Cruiser, avec leurs 6 cylindres essence. Lorsque j’ai repris Toyota et Suzuki en juin 1973, j’étais alors âgé de 26 ans et je me suis d’abord installé au Fare Tony où j’ai continué l’activité. Puis en 1974, j’ai commencé l’étude d’un plan avec un architecte, pour édifier un magasin sur le terrain de ma grand-mère à Mamao, là où se situe toujours aujourd’hui le show-room Nippon Automoto.

Le magasin, qui a été inauguré en 1975, a connu diverses améliorations au fil des ans.

Ancien consul honoraire du Japon, Narii Faugerat a passé le relais à sa fille Leïana. (Photo NF)

Comment s’est constituée l’équipe Nippon Automoto ?

Au début, j’étais tout seul ! Puis j’ai pris l’assistance de deux copains, Nelson Lévy et Alain Michel. Pendant longtemps, nous sommes restés à trois. Après, j’ai réussi à embaucher un très bon vendeur de voitures en la personne de Lucien Hoffen. Mais nous étions limités par des quotas, alors sur une année pleine on devait vendre à peu près 150 ou 160 véhicules.

“Nous étions limités à 20 Toyota et 10 Suzuki par mois”

Après, j’ai réussi à augmenter mon quota mais pendant des années, nous étions limités à 20 Toyota et 10 Suzuki par mois, soit 360 voitures par an. Alain Michel a été le directeur de Nippon Automoto pendant quelques temps, puis ça a été Nelson Lévy et enfin Lionel Foissac depuis 1984, soit presque 40 ans…

Lionel Foissac, le “monsieur Toyota”, est le directeur de Nippon Automoto depuis 1984, soit presque 40 ans. (Photo DG)

A compter de 2000, le système des quotas a complètement disparu, mais il avait déjà été assoupli auparavant. (…) J’ai eu à de nombreuse reprises l’occasion de visiter les usines Toyota au Japon, en particulier à Nagoya où l’on trouve trois usine et “Toyota City” avec des immeubles, des écoles, un hôpital… pour les employés. Il y a maintenant des usines Toyota partout dans le monde : Etats-Unis, Afrique du sud, France, Thaïlande, Indonésie, Allemagne…

Quand est arrivé à Tahiti le pick-up Hilux, modèle-phare de la gamme Toyota à Tahiti ?

En fait, dès le début, en 1973 ou 1974. Mais à l’époque, il s’agissait de 4×2 simple cabine et pas de 4×4, de simples pick-up à propulsion. Les Hilux sont devenus le principal concurrent des Peugeot 404 Camionnettes, puis des 504, qui étaient à l’époque les voitures les plus prisées. René Solari avait même contacté le haut-commissaire de l’époque pour tenter de me faire bloquer !

Toyota est sans conteste l’une des marques japonaises les mieux représentées en Polynésie française. (Photos DG)

Lorsque Peugeot a cessé de produire les 504 pick-up, le Toyota Hilux est devenu le modèle le plus vendu à Tahiti. Je m’étais pris pour moi une Land-Cruiser pick-up et en 1974, avec Nelson Lévy nous sommes montés sur des plateaux qui venaient d’être terrassés par son papa Gustave Lévy, et où il a construit ensuite. Nous nous sommes amusés à faire des sauts avec le 4×4 et il existe une photo où les quatre roues du Land-Cruiser sont en l’air ! On avait utilisé ce cliché pour passer une publicité dans La Dépêche !

Une Peugeot 404 camionnette (accidentée). Les “Peuzot” sont longtemps restées leader des ventes, avant que le constructeur français ne cesse de produire des camionnettes, ouvrant ainsi un boulevard aux marques japonaises. (Photo Archives LDT)

Chez Suzuki, c’est le Santana, devenu plus tard Jimny, qui a toujours été le modèle-phare ?

Il a changé de nom mais c’est resté toujours le même concept. Au début, il ne s’agissait pas d’un 4×4. L’auto s’appelait LJ 20 et elle était dotée d’un moteur 360 Cm3 deux temps et deux cylindres. Suzuki a rajouté un cylindre de 180 Cm3 et c’est devenu LJ 30. En fait, il s’agissait de moteurs de motos que Suzuki a adapté à sa gamme automobile.

“Les Toyota Hilux double cabine restent les favoris”

Trois usines de motos du Japon sont situées à Hamamatsu, dans une région vallonée où la population circulait généralement en vélo. Les fondateurs de Honda, Yamaha et Suzuki ont tous les trois eu l’idée de mettre des moteurs sur leurs bicyclettes. Toyota est un peu plus haut en gamme que Suzuki, plus “rustique”. Pour résumer la philosophie de Toyota, on peut dire que jamais le constructeur ne mettra en vente une voiture sans être à 100% sûr de sa fiabilité. Sur les premiers Land-Cruiser, Toyota mettait même une double batterie pour être absolument certain que ça démarre !

Les vieux Land-Cruiser, réputés “increvables”, sont toujours très recherchés par les connaisseurs. Ils se négocient toujours à des prix plutôt élevés. (Photo DG)

Comment évolue Toyota, qui a été le premier constructeur à largement parier sur les motorisations hybrides ?

C’est un pari gagnant. Je ne crois pas, personnellement, à l’avenir de la voiture électrique, car les batteries utilisent des ressources qui viennent du sol, et qui ne sont donc pas inépuisables. Selon moi, l’avenir c’est l’hydrogène. Sur les moteurs thermiques, il est clair que les Toyota Hilux double cabine restent les favoris des Polynésiens.

Hilux, Land-Cruiser, Prado, Fortuner, Rav-4, Yaris… la gamme Toyota couvre tous les segments du marché. Sur le haut-de-gamme, Toyota propose sa marqué dédiée, Lexus. (Photos DG)

En revanche, sur le segment des hybrides, les Toyota Rav-4 sont les plus demandés même s’ils sont parmi les plus chers. Mais comme on ne reçoit pas assez de Rav-4, certains clients se rabattent sur d’autres modèles comme la Yaris par exemple.

Pour revenir sur la promotion, lorsque la nouvelle Hilux a été présentée, j’avais organisé avec Lionel Foissac un terrain de type gymkhana sur le Front de mer : les gens pouvaient essayer le pick-up dans la boue, rouler sur des cailloux, monter sur des buttes, etc.

Quelques années plus tard, on a fait venir des Sumo du Japon, avec des combats organisés à Tahiti ! Pour les nouveaux modèles de Land-Cruiser, Nippon Automoto avait aussi investi l’hôtel Maeva Beach et avait placé un des ces 4×4 dans la piscine, qui flottait avec des bouées ! Vital California avait proposé un show complet ce soir-là.

Une très vieille Toyota photographiée du côté de Fakarava… (Photo DG)

Évènement Toyota Tahiti ce week-end, parc Aorai Tinihau

Miss Tahiti et Toyota, une longue histoire… (Photo NA)

Toyota fête ses 50 ans et propose un rendez vous ce samedi 5 août au parc Aorai tini hau de Pirae, accès gratuit.
Au programme :
Toyota beach soccer cup à partir de 7h
– Toyota va’a race à partir de 9h
– Grand concert gratuit de 16h à 21h00 avec Pepena, Tapuarii Laughlin et Nohorai Temaiana.

Des activités pour les enfants seront proposées toute la journée.
Exposition de voitures anciennes.

Pour les inscriptions va’a : contacter directement la @Fédération Tahitienne de Va’a

Le Land-Cruiser, très réputé, a été choisi par de nombreuses sociétés qui travaillent sur le terrain : EDT, OPT, etc. (Photo DG)