Le 12 juillet dernier, La Dépêche de Tahiti rencontrait Sophie Martinoni-Lapierre, directrice de Météo-France en Polynésie française, qui confirmait que le phénomène El Niño était déjà présent et que le risque qu’il devienne un “super El Niño” était de 50 %.
La directrice de Metéo-France indiquait alors que la présence d’El Niño accentuait le risque de cyclones dans la région mais aussi leur violence. Ce phénomène est susceptible également d’engendrer d’importants cumuls de précipitations en particulier les Marquises et le nord des Tuamotu.
Orama, Veena, Martin, Osea, Pam, Ursula, Veli, Wes et Alan, Oli…des noms qui restent gravés dans la mémoire des Polynésiens. Ces cyclones, en plus de faire payer un lourd tribut humain à la population, n’épargnent pas les habitations avec pour conséquences désastreuses des familles à la rue. Difficile de prévoir quelles peuvent être les conséquences d’un cyclone. Pour autant, il existe une solution pour prévenir des potentiels dégâts matériels qu’il peut causer : l’assurance.
Pas d’assurance “catastrophes naturelles” mais des alternatives
En Polynésie française, tout comme en Nouvelle-Calédonie, mais à la différence de la France et des Dom-Tom, l’assurance “catastrophes naturelles” n’existe pas. Dans l’Hexagone, toute personne souscrivant à un contrat multirisques, qu’il concerne l’habitation ou l’automobile (sauf au tiers) bénéficie automatiquement de la garantie “catastrophes naturelles”, via le paiement d’une prime additionnelle. Un assureur ne peut d’ailleurs pas refuser de couvrir contre ce type d’événements. Pour pouvoir être indemnisé, il faut alors que l’état de catastrophe naturelle soit acté par arrêté interministériel.
En Polynésie française, bien que cette garantie n’existe pas, le comité des sociétés d’assurances (COSODA) informe d’ailleurs que le Pays possède son propre code des assurances depuis 2004 et a délégation de compétences en matière d’assurances. Il existe des garanties afin de parer aux potentiels dégâts qu’un cyclone pourrait causer : les garanties Tempêtes-Cyclones-Ouragans et évènements naturels (inondations, raz-de-marée, éboulement…) via l’assurance multirisques habitation.
Malheureusement, regrette le COSODA, encore trop peu de personnes souscrivent à de telles assurances. Tout d’abord car celles-ci, bien que fortement recommandées, ne sont pas obligatoires, à la différence d’une assurance automobile, mais aussi et surtout pour des raisons de coût.
En fonction des garanties, les prix varient mais le coût moyen est environ de 20 000 F par an pour protéger son habitation de ces risques. Les personnes se croient aussi parfois à l’abri de tels évènements, indique le comité des assureurs. Ce type de souscription concernerait moins de 30 % des contrats d’assurances.
Le dispositif de calamité naturelle en Polynésie française et le fonds de secours pour l’Outre-mer
Il existe, en Polynésie française, un dispositif de calamité naturelle. Celui-ci repose sur les fonds du Pays et sur son intervention. Cette politique d’aide, qui existe depuis quarante ans, vise à accompagner les sinistrés par une aide en nature ou une aide financière. “Il est créé un dispositif d’aides à la reconstruction du logement en faveur des ménages dont la résidence principale est sinistrée, c’est-à-dire endommagée, détruite en tout ou partie, ou rendue impropre à sa destination, par une catastrophe naturelle constatée par arrêté pris en conseil des ministres”.
Enfin, il existe également, au niveau étatique, un fonds destiné à venir en aide aux personnes victimes d’une catastrophe naturelle : le fonds de secours pour l’Outre-mer. Il est destiné aux personnes et aux petites entreprises à caractère artisanal ou familial ayant subi des dommages conséquents sur des biens non-assurés.
Ce fonds vient aussi en aide aux collectivités territoriales dont les équipements publics non-assurables ont subi de gros dégâts. Les sinistrés doivent adresser au maire de leur localité une demande d’indemnisation au titre du Fonds de secours assortie d’une évaluation des dommages.