Violences conjugales : mieux répondre à “une situation alarmante”

Selon les chiffres disponibles, la Polynésie française connaitrait le plus fort taux de violences familiales sur l’ensemble du territoire national, "sans que l’on sache expliquer ce fait statistique". (Photo STS)
Selon les chiffres disponibles, la Polynésie française connaitrait le plus fort taux de violences familiales sur l’ensemble du territoire national, "sans que l’on sache expliquer ce fait statistique". (Photo STS)
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“Les études les plus récentes révèlent des chiffres alarmants et l’existence de spécificités strictement locales qui méritent d’être prises en compte”. La Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DFSE), sous l’égide de son ancienne chef de service Démécia Manuel, a publié un “document référentiel” à l’intention des professionnels (intervenants sociaux, agents de santé, forces de l’ordre…) sur la question des violences intrafamiliales.

Selon les chiffres disponibles, la Polynésie française connaitrait le plus fort taux de violences familiales sur l’ensemble du territoire national, “sans que l’on sache expliquer ce fait statistique”. La Gendarmerie nationale en Polynésie française explique que les chiffres sont en hausse et que selon leurs données, les violences familiales représentaient, en 2015, pas moins de 70% de l’ensemble des violences aux personnes.

“En 2019, les atteintes sexuelles ont augmenté de 50%, en particulier au sein des familles” précise un rapport de février 2022 signé par Loïs Bastide de l’Université de la Polynésie française. L’auteur de l’étude note toutefois que “le travail spécifique entrepris depuis plusieurs années sur le thème des violences au sein du couple semble porter ses fruits, avec des taux de signalement bien plus importants, de 43% contre 18% pour les violences familiales hors contexte conjugal”.

Selon les chiffres rapportés à l’occasion de la Journée internationale du 25 novembre 2022 par la directrice de cabinet du haut-commissaire, Emilia Havez, on dénombre, en proportion de la population “deux fois plus de violences intrafamiliales qu’en Métropole”.

L’alcool a le dos très large…

Ces violences seraient “adossées” à trois grandes causes identifiées : la “consommation massive d’alcool”, la “consommation de stupéfiants” et enfin “les représentations de la violence et de l’éducation au respect”.

C’est, pour les services de l’Etat, “l’occasion de rappeler que les enfants témoins de ces scènes de violence voient leur évolution physique et physiologique fortement mise en péril avec le risque majoré, en parallèle, de reproduire à leur tour ces violences une fois devenus adultes.”

Le guide de 130 pages de la DFSE ne cache pas que “les violences conjugales ont longtemps été un tabou familial et social” , mais la direction de la Famille souhaite éviter les clichés trop faciles. “Tous les milieux sociaux sont concernés. Et les femmes ne sont pas les seules victimes.”

Pour la DSFE, tous ces constats lui confirment une “certitude inchangée” qui vaut presque feuille de route pour sa mission, à savoir : “seul un travail en réseau, mené auprès des victimes de violences, permettra d’en assurer une meilleure prise en charge.” Ceci est clairement un appel du pied aux professionnels de santé, aux forces de police et de gendarmerie, ou encore à la justice et aux intervenants sociaux, afin de les convaincre “de la nécessité de créer un outil de travail commun”.

Violences : les facteurs de risque

• être âgé entre 26 et 35 ans

• avoir un niveau de diplôme inférieur au Bac

• Etre un “actif inoccupé” ou appartenir à la catégorie des ouvriers/employés

• Avoir un ou des enfants