Dj Lauro, 21 ans, déjà un grand de l’électro

DJ Lauro, c'est tout simplement le DJ qui, en moins d'un an, a pris le plus de place sur l'échiquier des nuits électroniques polynésiennes. (Photo : DR)
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Impossible de passer à côté du jeune et explosif Dj Lauro ces six derniers mois. A la fin de ses études à Paris, le jeune homme de 21 ans, originaire de Punaauia, a choisi de revenir à la maison pour partager son amour de la musique électronique. Depuis, il enchaîne les dates, les lieux, les projets. Ce prodige de l’électro a pris le risqué pari de vivre de sa passion, et pour cela veut en maîtriser tous les aspects. Produire ses morceaux et les jouer lors d’événements qu’il organise, avec le matériel de sa société de location. Circuit fermé côté business, esprit ouvert côté musique. Rencontre.

DJ Lauro, c’est tout simplement le DJ qui, en moins d’un an, a pris le plus de place sur l’échiquier des nuits électroniques polynésiennes. En quelques mois seulement, il a rejoint une association organisatrice d’événements, monté sa société de location de matériel, lancé un label avec, déjà en tête l’étape suivante : monter la structure qui organisera ses propres événements. Avec ses amis de “Be Soul Mate”, alors qu’il est encore étudiant, il est très vite repéré par la société Sauvage qui gère notamment toutes les soirées du Baroof à Papeete, mais, à l’inverse du duo qui commence à se faire une belle place sur la scène parisienne, ou encore de DJ Harmelo qui explose dans le sud de la France, Lauro choisit de rentrer au fenua. 

Vibsonar, un collectif de DJs passionnés

“Ça fait quatre ans que j’ai commencé à mixer. Au début, c’était à Tahiti pour le plaisir entre amis. Ensuite je suis parti à Paris pour mes études, un BTS audio/production et “sound design” car il y avait déjà l’envie d’être dans le son. Là- bas, j’ai découvert une autre facette de la musique électronique. Ça m’a beaucoup apporté en tant que DJ mais très vite, je me suis dit que j’avais plus de choses à faire ici plutôt que d’essayer d’aller titiller les grands là-bas. J’ai préféré rentrer pour essayer de développer un peu plus la scène électronique à Tahiti.”
Ce développement, Lauro le réalise notamment en participant à la création d’événements via l’association Vibsonar, qui propose des rendez-vous festifs ou il y a plus d’enceintes que de ukulele, aussi bien sur un motu de Moorea qu’au centre-ville de Papeete. 

“Vibsonar, c’est un collectif de DJs. Des passionnés qui essaient de proposer des événements exclusifs. Depuis quelques mois il y a les soirées “Ébullition”, un rendez-vous mensuel 100% électronique en collaboration avec la brasserie Hoa. Les gens viennent car ils savent qu’ils vont pouvoir se lâcher sur de la musique électro toute la nuit. Ce qui est sympa, c’est qu’on navigue entre tous les courants de cette musique, on n’est pas toujours sur de la techno pure, c’est de l’électronique au sens large.”

Musique électronique et “sapau”


Quand on écoute Lauro, on se dit qu’une chose n’a pas encore complètement changé quand on évoque l’état d’esprit lié à cette musique, électro, house ou techno. Depuis les premières “rave party” des années 90 jusqu’aux dernières soirées branchées du front de mer, ce qui anime le DJ et plus généralement l’artiste, c’est le partage. A l’initiative du précurseur Dj T-Unit, DJ Lauro participe même à la réunion de deux mondes traditionnellement, mais pacifiquement opposés, celui de la musique électronique venu d’Europe qu’il défend, et le très populaire et endémique “sapau” des producteurs polynésiens, les soirées “Deep & Deck”.
Il y a des gens qui kiffent déjà les deux. Mais il y a aussi la partie la plus jeune du public du Deck qui ne connaît pas forcément bien ce genre de musique électronique. Certains sont assez surpris et je t’avoue que c’est encore parfois difficile de marier les deux. C’est un peu un laboratoire”. 

Oser jouer ses sons


L’avantage pour un artiste de proposer ses propres soirées, c’est qu’il peut annoncer la couleur musicale d’entrée. Il faut ajouter à cela différentes manières de voir l’art du “Djing“. Une fois qu’on a fait son choix entre la team avec ou sans micro, on peut avoir comme unique priorité de faire danser, quitte à enchaîner toujours et encore les meilleurs hits de chaque décennies ou le top 10 du moment, sans oublier de prendre en compte les demandes des clients. D’autres ne veulent pas jouer les juke-box et ne proposent que ce qu’ils aiment, parfois trop bornés. L’objectif est de faire découvrir leur univers et partager les morceaux qu’ils estiment être les meilleurs à un instant T. Lauro fait partie de la deuxième catégorie, n’hésitant pas à grimper dans les BPM même lors d’événements habitués à plus de douceur. Il admet tout de même faire sans regrets quelques concessions. 

J’essaye quand même de les capter dès le début, d’évaluer rapidement quels types de sons vont les accrocher. Mais après, il faut oser jouer ses sons et proposer le set qu’on veut vraiment faire. C’est bien d’être polyvalent mais il faut rester fidèle à soi-même“. 

Son propre label



Parmi les autres moyens mis en place par Lauro et ses amis pour développer cette scène électronique polynésienne, il y a désormais un label : “Isolate”. Avoir son label, c’est sortir et promouvoir ses propres morceaux, mais aussi ceux des autres artistes que l’on produit. Cela donne des titres exclusifs à inclure dans des sets qui le deviennent. Proposer en soirée des morceaux que personne d’autre n’a encore en sa possession, ou qui ne peuvent pas être “shazamés” étant une sorte de graal derrière les platines. 

Sur ce label, on a pour projet de sortir nos propres tracks, house, techno, minimal, mais il est ouvert à tout le monde et pas uniquement centré sur la techno. Le principe c’est encore une fois de partager et aussi de proposer aux DJ locaux un moment à eux. C’est-à-dire une captation d’une heure filmée avec des moyens, en bonne qualité, qu’il pourra partager sur toutes les plateformes. Ça permettra aussi de mettre en valeur des personnes que le grand public ne connaît pas encore mais qui font du bon travail, qui mixent et qui composent.
Alors reste une question, comment vivre de tout ça ? A moins d’enchaîner plusieurs prestations par semaine et savoir se contenter de (très) peu, rares sont malheureusement les artistes du fenua qui peuvent dire vivre à 100% de leur art. Idem avec le peu d’argent que rapporte le streaming, pire encore avant de voir le moindre franc récolté par un petit label indépendant. Alors pour y parvenir, Lauro a rapidement monté une société de location de matériel. 

Produire ses évènements

“C’est tout ce qui est matériel pour les DJ, la sonorisation, avec l’envie de proposer de la très bonne qualité sonore mais aussi la lumière. L’objectif, c’est aussi de savoir accueillir les artistes internationaux avec du matériel familier. Avoir à disposition tout ce qu’ils veulent comme ailleurs dans le monde. C’est une société qui va vite grossir, d’ailleurs je cherche un local pour stocker tout ça si je peux passer l’annonce (rire)”. 

Si la trajectoire de Lauro est déjà fulgurante, le jeune homme à des objectifs précis et un avenir qu’il a déjà tracé. Il a les lumières, il a la sono. Pour alimenter ses playlists, il a le label et ses compos. L’étape suivante, c’est une société pour produire ses propres événements qui feront tourner la société de location. Dans le travail comme dans ses mixs, Lauro est radical, précis, et sait où il va. Circuit fermé côté business mais esprit ouvert côté musique, un parcours habile aussi rapide qu’inspirant. 

YP

Où voir Dj Lauro ? 


Vendredi 11 août – Soirée “Ébullition” Brasserie Hoa 
Samedi 12 août à Moorea, Haapiti – “Coastal rythms”
30 septembre Soirée “French Fuse”

Instagram Dj Lauro

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