Ça swingue pour Maggy Dury, monitrice de golf de 21 ans

À Tahiti, Maggy Dury est la seule professeure de golf en tant que femme et polynésienne (Photo : DR).
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Chez les Dury, le golf est une histoire de famille ! Originaire de l’Hexagone, Xavier, le père de Maggy Dury, a été initié par un oncle. Arrivé en Polynésie, il officie à Papara en tant qu’infirmer. Heureux hasard : c’est précisément dans cette commune que se situe le golf de Tahiti, où il va transmettre à son tour sa passion à ses enfants.

Des premiers pas à la compétition

Vers 6 ans, à Atimaono (Photo : DR).

“Tous les après-midis, on venait jouer avec lui”, se souvient Maggy Dury. “J’ai commencé dès que j’ai su marcher, car il nous emmenait sur le green. Vers 5 ans, j’ai eu ma première licence et je suis allée à l’école de golf le mercredi et le samedi. Les autres jours, c’est ma maman, Terava, qui nous amenait après l’école, car ma sœur et mon frère jouent aussi. On prenait notre goûter et on allait sur le parcours”, confie-t-elle au sujet de cette passion qui n’a cessé de grandir grâce au soutien de ses parents.

Très vite, Maggy Dury fait ses premiers pas dans la compétition. À 12 ans, elle part jouer en Nouvelle-Zélande. “J’ai participé aux Jeux du Pacifique 2015 en Papouasie Nouvelle Guinée et 2019 aux Samoa, au South Pacific Junior Open 2019 à Nouméa, où je suis arrivée deuxième en U17 et sixième en overall. Chaque année pendant cinq ans, on partait aux championnats de France. J’ai été à Lille, Bordeaux et Paris, aux golfs de Chantilly, de l’Albatros et de l’Aigle. Grâce au golf, j’ai beaucoup voyagé”, remarque-t-elle, reconnaissante. En 2022, la jeune femme a officié en tant que coach de l’équipe féminine aux Mini-Jeux du Pacifique, aux Îles Mariannes, avec une belle troisième place à la clé.

Transmettre sa passion à tous

Avec son frère, Teiki, sur le practice (Photo : ACL/LDT).

En marge de la compétition, la jeune femme a décidé de franchir un cap en s’orientant vers l’enseignement. “Après mon bac, je savais que je voulais continuer dans le golf, mais pas en tant que joueuse parce que ça demande beaucoup d’entrainement et un budget pour partir faire des compétitions, donc j’ai opté pour un BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport, ndlr). Je suis partie passer le diplôme à Montpellier, d’octobre 2020 à décembre 2021. En mars 2022, j’ai commencé mes premiers cours. Ça fait donc un an et demi que j’enseigne”, se réjouit-elle, à tout juste 21 ans. “À Tahiti, je suis la seule professeure de golf, en tant que femme et polynésienne. Pour moi, c’est un avantage, car je me démarque, surtout que je suis dans ma commune et que j’ai grandi sur ce golf”.

En tant qu’indépendante, Maggy Dury partage son temps professionnel entre le golf de Papara, où elle transmet sa passion à des enfants et des adultes de 3 à 91 ans, et les établissements scolaires. Depuis février, les classes de CP de quatre écoles de Punaauia bénéficient d’une initiation, qu’elle espère reconduire et étendre à d’autres communes. “Ce qui me donne envie de continuer, ce sont les enfants. J’ai beaucoup de retours positifs de leur part ou de leurs parents. Ils me disent qu’ils apprécient ce sport et qu’ils ont envie de continuer, donc si ça peut susciter cette envie, on pourra peut-être en faire des élites !”.

Démocratiser la pratique du golf au Fenua, c’est un enjeu qui lui tient à cœur. “Beaucoup de gens pensent encore que c’est un sport de riche qui n’est pas accessible, alors que non. Par exemple, le trimestre à l’école de golf est entre 10.000 et 20.000 francs selon l’âge de l’enfant et le nombre de cours par semaine. Et les enfants adorent, car ça change !”, remarque-t-elle.

Et chez les enfants, Maggy Dury le confirme : la mixité est au rendez-vous, avec autant de filles que de garçons. Sans oublier les bienfaits de la discipline : “Le golf apporte beaucoup de réflexion, de concentration et de remise en question. Et c’est du sport ! Le parcours dure 4 heures minimum, on marche sous le soleil ou sous la pluie, et le swing demande beaucoup de gainage pour pouvoir bien faire le mouvement. On est aussi en pleine nature, au calme, donc ça fait du bien”.

Un nouveau défi

Une jeune femme humble et inspirante (ACL/LDT).

Tout au long de son parcours, Maggy Dury a été encouragée par le personnel et les membres du golf de Papara. “Teva et Tahia Teihotaata, gérants du Club House, m’ont aidée à créer ma page Facebook pour me faire connaître”, explique-t-elle. Le président de la Fédération Polynésienne de Golf, Rudolph Wohler, décédé récemment, l’a beaucoup soutenue dans son projet professionnel. “C’était quelqu’un de très important pour moi”, confie-t-elle avec émotion.

Elle s’est d’ailleurs lancé un nouveau défi pour lui rendre hommage, en acceptant d’endosser le rôle de cheffe de la délégation tahitienne de golf aux Jeux du Pacifique de novembre prochain, aux îles Salomon. “C’est une grande responsabilité, mais il me pensait capable de le faire. On espère ramener des médailles en son honneur !”. La sélection officielle sera connue le dimanche 20 août 2023, au terme du quatrième tour de qualification, pour un total de huit athlètes, quatre hommes et quatre femmes.

Du green à la scène

Maggy Dury a les pieds bien ancrés sur terre, à plus d’un titre ! La golfeuse est aussi passionnée de ‘ori Tahiti. La culture occupe une place importante dans sa vie et dans son emploi du temps de jeune femme active. “Je fais partie d’une association de Papara, Ia ora na Tahiti, gérée par Eva Grouazel. On fait des shows pour le brunch à l’hôtel Intercontinental, un dimanche sur deux, mais aussi des cérémonies de mariage. Notre objectif, c’est de financer nos déplacements à l’extérieur : en mars 2023, on s’est rendu en Nouvelle-Zélande pour participer au Festival du Pacifique”. C’est ainsi que Maggy s’est retrouvée en tête d’affiche du dernier Heiva Maohi Hui Popo, compétition en tenue locale organisée mi-juillet au golf de Papara.