Tautira : l’heure de la rentrée a sonné au Fenua ‘Aihere

Première rotation de l'année scolaire, lundi 14 août 2023, pour les collégiens (Photos : ACL/LDT).
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Lundi 14 août 2023, 5 heures du matin, à la marina de Tautira. Malgré une nuée d’étoiles et le chant insistant des coqs, il fait encore nuit noire quand le capitaine Alexandre Kavera et son assistant mettent à l’eau Tamarii Te Pari II, la navette maritime de transport scolaire communal.

Quatre rotations quotidiennes

Après quelques péripéties typiques d’un lundi de rentrée, le duo met le cap vers le dernier ponton du Fenua ‘Aihere, situé à vingt minutes du village et inaccessible en voiture. L’expérience, le projecteur du bateau et les balises permettent au capitaine d’avancer dans l’obscurité. “Quelle que soit la météo, vu qu’on reste dans le lagon, il n’y a pas de souci. Les bâches transparentes protègent bien les élèves du vent, du froid et de la pluie, quand la météo n’est pas bonne”, remarque Alexandre Kavera, ancien pompier aux commandes du bateau de transport scolaire depuis trois ans. “Ça doit faire une trentaine d’années qu’il y a une navette. Au début, c’était un bonitier familial, puis la commune a acheté un premier bateau. Celui-ci, c’est le second”, se souvient-il.

L’emploi du temps de l’équipage est millimétré pour s’assurer que les élèves arrivent à l’heure à l’école de Tautira ou dans les collèges et lycées de Taravao, après un transfert en bus depuis la marina. “Chaque rotation dure 45 minutes, deux fois le matin, à 5 heures pour les grands et à 6 heures pour les petits, et deux fois le soir, à 15h15 et à 16h45, pour un retour à quai avant 18 heures. On commence toujours par le dernier ponton pour que les familles nous entendent et viennent sur l’un des douze pontons”, explique le capitaine, qui peut compter sur son matelot, Jean-Claude Marere, pour sécuriser les accostages et assurer l’accueil des élèves à bord.

Trente élèves de la maternelle au lycée

Chaque début d’année, la première adjointe au maire de Taiarapu-Est, Titaua Vivish, est également du voyage sur plusieurs jours pour s’assurer que tout est en ordre, dans le cadre de ce service cofinancé par la commune et le ministère de l’Éducation. “Nous avons une trentaine d’élèves inscrits cette année, de la STP jusqu’au lycée. La DGEE nous fournit une liste mise à jour tous les mois. Une année, nous avons dû ajouter une troisième rotation, car nous ne pouvons transporter que 29 élèves à la fois. C’est indispensable de faire ce ramassage, car c’est un droit pour ces élèves. Toutes les familles n’ont pas un bateau”, souligne l’élue. Titaua Vivish a d’ailleurs prévu de convier des référents de chaque établissement concerné et de la circonscription pédagogique à embarquer pour prendre la mesure de ces enjeux, en plus des amplitudes horaires avec lesquelles les enfants et les adolescents doivent composer au quotidien.

La fatigue est forcément accrue. Heureusement, Lanihei a rechargé ses batteries pendant les grandes vacances. “Les vacances, c’était bien, mais je suis quand même contente de reprendre l’école pour retrouver mes amis. Ça a été dur de me lever ce matin, mais je vais m’habituer, surtout que j’aime vivre au Fenua ‘Aihere”, confie la collégienne de 12 ans, qui a fait sa rentée en classe de 4ème, ce lundi. Il faut dire que Lanihei est rodée : elle emprunte la navette maritime depuis le début de sa scolarité.

Les élèves de primaire ont encore un peu de répit grâce au mardi férié de l’Assomption. Le top départ de la deuxième rotation maritime quotidienne sera donné mercredi 16 août 2023. À noter qu’un système de transport maritime similaire est mis en œuvre dans la commune voisine de Teahupo’o, à destination des élèves de la côte ouest du Fenua ‘Aihere.

Sylvanna, maman d’élève :

“Moi-même, j’ai connu ce système”

“Ma fille se lève à 4h30 pour se préparer à prendre le bateau vers 5 heures. Elle se couche vers 19 heures ou 19h30 maximum pour être en forme le lendemain, car ça fait de longues journées. C’est la rentrée, donc on reprend les bonnes habitudes. Elle fait ce trajet en bateau depuis son entrée en maternelle, donc elle est rodée. S’il n’y avait pas cette navette, elle devrait aller au village à pied, et c’est loin : environ une heure et demie de marche, ou trente minutes de vélo. C’est quand même plus pratique en bateau. Moi-même, j’ai connu ce système pour aller à l’école par la mer”.